Ingénieur dépressif et insomniaque, Ed Okin découvre que sa femme le trompe. La nuit venue, il quitte le domicile conjugal et roule jusqu'à l'aéroport de Los Angeles pour se rendre à Las Vegas où son collègue Herb lui a assuré qu'on trouvait des prostituées capables de satisfaire le moindre de vos désirs pour peu qu'on y mette le prix. Mais alors qu'il se gare dans le parking souterrain, Diana, une belle trafiquante de diamants, atterrit sur le capot de sa voiture dans laquelle elle monte et le supplie de l'emmener loin d'agents iraniens lancés à sa poursuite.
Il la conduit jusqu'aux quais où mouillent des yachts dont l'un appartient à un certain Jack Caper, homme d'affaires riche et influent qui pourrait la sortir de ce mauvais pas. Mais le gardien du bateau lui répond qu'elle est persona non grata à bord. Direction un plateau de tournage à Hollywood où elle trouve une amie actrice, Christie, à qui elle demande de garder un trousseau et qu'elle accepte de cacher dans la doublure de son manteau.
Avant de le laisser tranquille, Diana obtient de Ed qu'il lui rende un dernier service en la déposant à un hôtel où réside Hamid, un notable iranien. Mais avant cela, Ed exige de connaître le fin mot de cette histoire. Diana lui explique avoir fait passer illégalement des émeraudes provenant du trésor du Shah d'Iran aux Etats-Unis, raison pour laquelle elle est poursuivie par tout un tas de gens qui veulent mettre la main dessus. Une fois à l'hôtel, Ed ne peut se résoudre à laisser seule Diana et monte à l'étage de la suite d'Hamid où il tombe sur plusieurs cadavres et leur assassin qui tient la jeune femme...
En 1985, John Landis est au sommet de sa gloire : il a réalisé le cultissime The Blues Brothers (1980), Le Loup-Garou de Londres (1981, qui lui vaudra de diriger le clip Thriller de Michael Jackson en 83), Un Fauteuil pour Deux (1983) et des segments du film La Quatrième Dimension (1984). Le studio Universal accepte donc son nouveau projet avec enthousiasme : Into the Night (en vo).
Le script est écrit par Ron Koslow et promet d'être une comédie policière et d'espionnage dans le cadre de Los Angeles. Mais, en vérité c'est comme si Landis ne l'avait que parcouru et retenu comme prétexte à l'organisation d'une grande fête avec ses meilleurs copains et idoles. Et ça, ni la critique ni le public ne le lui passeront.
En effet, Série Noire pour une Nuit Blanche (en vf) sera un four (à peine 7 M $ de recettes pour 8 M $ de budget). De fait, Landis donne l'impression d'avoir oublié son film au profit d'une réunion d'amis que finalement peu de monde aura identifié puisque ce sont en majorité des cinéastes, scénaristes, musiciens.
Pour ne rien arranger, après trois semaines de tournage (sur 60 jours au total), Landis comparaît devant la justice. Il est accusé d'homicide involontaire pour un accident tragique survenu sur le plateau de La Quatrième Dimension - le crash d'un hélicoptère qui coûtera la vie à deux enfants et au comédien Vic Morrow). Heureusement pour lui, il ne sera pas condamné.
Tout n'est pas à jeter dans Into the Night : le personnage de Ed Okin est un insomniaque qui va vivre la nuit la plus agitée de sa vie au terme de laquelle il retrouvera enfin le sommeil qui le fuit depuis des mois sans explication. En rencontrant Diana, il entame un voyage nocturne qui, au bout du compte, l'illumine sur ses sentiments, sa raison d'être, tandis qu'elle trouve un homme qui l'aime après l'avoir aidée sans lui poser de questions.
Il y avait donc la matière à une screwball comedy prometteuse, mais le rythme fait cruellement défaut à l'histoire. La faute à un montage trop lâche et une durée trop longue (110'). Et donc à la désinvolture du cinéaste envers son propre long métrage, comme s'il avait péché par excès de confiance. Ou tout simplement comme l'énième exemple d'un réalisateur trop choyé.
C'est dommage, mais implacable. L'intrigue est tellement diluée, sinueuse qu'on finit par ne plus trop savoir ce que tout ça raconte. Il y a des diamants volés, des iraniens complètement stupides à la gâchette facile, un tueur à gages dont ignore pour qui il travaille, une femme d'affaires perse, un riche homme d'affaires influent et mourant, une actrice sacrifiée...
N'en jetez plus ! Landis aurait pu exploiter tous ces éléments pour en rire (et nous faire rire avec) dans la Mecque du cinéma, comme pour passer en revue tous les clichés des genres qu'il explore et en pointer les artificialités. Mais il n'en fait rien. Pas de satire, pas non plus de francs éclats de rire. Le film est trop violent pour être marrant, pas assez marrant pour être parodique, etc.
Ce qui est le plus étrange, c'est que ce qui démarre comme une comédie sur un loser et celle qui va dynamiter son existence devient une sorte de polar et de film d'espionnage de plus en plus sombre, avec carrément un type qui préfère se faire sauter le caisson que de se rendre à la fin. Les émeraudes après qui tout le monde court n'intéressent plus personne depuis belle lurette alors.
Je ne vais pour dresser la liste exhaustive des guests que Landis a complaisamment placé ça et là mais il y a ses confrères comme Jonathan Demme, David Cronenberg, Paul Mazursky et Jim Henson (le créateur des Muppets), le guitariste de blues Carl Perkins, et ses idoles Don Siegel et Roger Vadim.
Le casting comprend dans, moins des seconds rôles, de la figuration des gens comme Dan Aykroyd (déjà là dans Un Fauteuil pour deux), Vera Miles, Richard Farnsworth, Irene Papas, et surtout David Bowie, le seul dont on regrette que le temps de présence à l'écran ne soit plus long et surtout mieux éclairé.
Jeff Goldblum et Michelle Pfeiffer (qui, elle, a eu le droit d'inviter sa soeur Dedee dans un caméo) forment le couple vedette du film. On ne peut pas dire que leur alchimie crève l'écran, mais ils sont très bons chacun de leur côté : Goldblum joue très bien le mec désabusé à cause du manque de sommeil, ce qui fournit un quiproquo amusant quand Bowie le prend pour un professionnel impassible, et Michelle Pfeiffer est tellement belle que c'est presque scandaleux que son rôle n'ait pas été plus développé.
Série Noire pour une Nuit Blanche est un film qui aurait pu. Mais que son réalisateur a oublié en cours de route. A moins qu'il ne l'ait jamais envisagé sérieusement, trop occupé à préparer ce qui normalement se déroule à la fin d'un tournage : un gueuleton entre amis. Mais auquel le public, lui, n'a pas été convié...







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