mercredi 3 décembre 2025

JSA #14 (Jeff Lemire / Gavin Guidry)


Tandis que Sandman et Hourman explorent les laboratoires de StarCo et y découvrent des cobayes humains, Jay Garrick arrête des membres de la 5ème colonne à Keystone chargés de livrer des explosifs à des acolytes de Gotham. Là-bas, Alan Scott et Jim Corrigan inspectent les entrailles de la ville pendant, que sur les toits, the Atom et Hippolyta observent un groupuscule de néo-nazis.... 


Avec ce deuxième arc de JSA, on assiste au retour du Jeff Lemire qui roule au diesel. Le rythme n'est donc pas très vif et le résultat, c'est qu'on termine la lecture en ayant l'impression de ne pas avoir beaucoup progressé. C'est souvent ainsi avec ce scénariste sur des séries mainstream où il aime prendre son temps pour poser les enjeux et connecter les personnages.


Si on replace l'intrigue dans le contexte, elle se situe avant la formation de la JSA et Lemire a donc entrepris, comme le dit le titre de l'arc (Year One), de revenir sur la formation de l'équipe, les circonstances qui ont conduit ses membres à se réunir face à une même menace. On a donc affaire à des individus qui ne se connaissent, au mieux, que de réputation et qui se méfient, le plus souvent, des autres.


L'autre point à relever, c'est que l'action se passe en 1940 et historiquement, c'est l'époque où les Etats-Unis ne sont pas encore entrés en guerre (ils le feront en Décembre 41 suite à l'attaque contre la base de Pearl Harbour par l'aviation japonaise). Mais Lemire s'appuie sur des faits concrets, réels : la cinquième colonne, c'est-à-dire la présence d'espions à l'intérieur du pays ou de sympathisants du régime nazi.


Cette partie va lui permettre de relier les investigations menées, depuis Keystone City, par Jay Garrick (le premier Flash) et, à Gotham, par Alan Scott (le premier Green Lantern). Ce dernier est accompagné par un inspecteur de police du nom de Jim Corrigan dont il ignore qu'il est l'hôte de l'esprit de la vengeance, le Spectre.

Pendant que ces trois-là se retrouvent dans les sous-sols de Gotham, sur les toits de la ville, the Atom (Al Pratt) rencontre Hippolyta (la première Wonder Woman, et mère de Diana, la Wonder Woman d'aujourd'hui). Tous deux aussi sont sur la piste de néo-nazis sur le sol américain, mais par contre la reine des amazones n'est pas disposée à collaborer avec le justicier masqué.

Même si, donc, Lemire nous frustre en avançant ses pions très lentement, la façon dont il réunit tout ce beau monde à Gotham avec, sans qu'il le sache, la cinquième colonne au bout de la piste, est habile et fluide. En revanche, il y a une autre partie de son scénario dont on voit pour l'instant avec difficulté comment elle va se raccrocher à ce wagon.

Cette autre partie concerne, d'un côté, l'enquête que mènent ensemble Sandman et Hourman dans les locaux de StarCo ; et surtout, de l'autre côté, l'aventure au Pérou de Hawkman et Hawkgirl. Il semble que StarCo exploite la formule Miraclo qui donne ses pouvoirs à Hourman et la teste sur des sujets humains, mais quel rapport avec des néo-nazis - à moins d'en doter certains de capacités semblables à Hourman ?

Encore plus nébuleuse est la section avec les Hawks : géographiquement déjà, on est très loin des métropoles fictives de l'univers DC, et on ne sait absolument pas ce que trafiquent là-bas Satanna et Sportsmaster ? Encore quelque chose en relation avec la cinquième colonne ? Mais quoi ? Lemire en garde sous le pied. Un peu trop.

Gavin Guidry illustre ça de manière très sage. Comme son scénariste, il peine à nous emballer vraiment et on sent parfois ses limites techniques, notamment sur cette planche où Hourman et Sandman trouvent un homme attaché sur une table d'opération. Le plan, en plongée, est tellement dénué de décors, le traitement des ombres tellement plat, que la scène perd tout ce qui pourrait la rendre attractive.

Le découpage de Guidry est par ailleurs très classique et c'est l'autre problème : on sent que ce garçon a du potentiel mais il est encore un peu trop vert. L'influence de Chris Samnee est évidente, sauf que Samnee aurait emballé ces épisodes avec beaucoup plus de dynamisme, d'élégance, d'intensité. Et on ne peut que constater le chemin que Guidry a encore à accomplir avant d'arriver à ce niveau de maîtrise.

Mais rien de tout ça n'est surprenant : Lemire est un auteur qui s'apprécie mieux quand ses histoires sont collectées en album et Guidry fait ce qu'il peut, il est encore en apprentissage et c'est ingrat de passer du statut de fill-in artist à celui de dessinateur titulaire sur un arc entier en six numéros. Rien d'irréparable donc, même si j'espère que le mois prochain, à mi-parcours de cet arc, ça va swinguer un peu plus.

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