Terre 828, 1964. Le monde célèbre les 4 Fantastiques, un groupe de quatre ex-astronautes formé apr Reed Richards, sa femme Sue, son beau-frère Johnny Storm et son meilleur ami Ben Grimm, qui, lors d'une mission spatiale, ont été exposés à des rayons cosmiques qui leur ont donné des super pouvoirs. Depuis, ils ont affronté des super vilains, oeuvré pour la paix dans le monde par des voies diplomatiques, fait progresser la science et la technologie et sont donc devenus des célébrités. C'est dans ce contexte que Sue apprend à Reed qu'elle attend leur premier enfant.
Mais cette bonne nouvelle est vite éclipsée par l'arrivée sur Terre de la Surfeuse d'Argent qui annonce à la population que leur monde va être détruit par Galactus le dévoreur. L'étude des planètes par Reed confirme les dires de cette messagère et renvoie les quatre héros dans l'espace où ils suivent sa signature énergétique pour aller au-devant de la menace et négocier qu'elle épargne la Terre. Happée par Galactus, leur navette entre dans le vaisseau gigantesque de la créature à laquelle la Surfeuse les mène.
En sondant ses visiteurs, Galactus découvre la grossesse de Sue et propose un marché à l'équipe : l'enfant contre la Terre. Bien entendu, cette offre est refusée et les 4 Fantastiques rejoignent en courant leur navette, poursuivis par la Surfeuse. Ils arrivent à la semer et retournent chez eux. Ils annoncent aux médias les conditions exigées par le dévoreur pour épargner la Terre et la population se retourne contre eux, estimant que le sacrifice d'un bébé vaut bien la survie de tous les humains...
Quand il est sorti en salle en Juillet dernier, j'ai préféré ne pas aller voir Fantastic 4 : First Steps (en vo) parce que j'avais trop peur d'être déçu. J'avais bien aimé Thunderbolts*/New Avengers, sorti en Avril, parce qu'au contraire je n'en attendais rien et que cela avait été une agréable surprise. Mais les FF sont des personnages autrement plus importants.
Les comics qui leur ont été consacrés ont connu de fabuleux runs, comme celui de la paire originale Stan Lee/Jack Kirby, même si, moi, je leur préfère encore celui de John Byrne et de Mark Waid/Mike Wieringo. Alors même si Kevin Feige assurait que c'était aussi ses personnages préférés, je me méfiais car le grand architecte du MCU a tellement caviardé de projets depuis Avengers : Endgame qu'il n'a plus la même aura.
Finalement, Les 4 Fantastiques : Premiers Pas (en vf) s'est bien comporté au box office, et a même reçu des critiques positives, ce qui est toujours bon à prendre au moment d'entamer la Phase VI du MCU. Et donc, en cette fin d'année, j'ai finalement sauté le pas et décidé de vérifier si cela méritait le coup d'oeil ou si, au contraire, c'était un coup d'épée dans l'eau.
Le film réalisé par Matt Shakman, à qui l'on doit l'excellente série WandaVision, débute par une excellente initiative, dont j'ignore à qui en attribuer la paternité (pas moins de huit auteurs sont crédités pour le scénario, entre ceux qui ont conçu l'intrigue et ceux qui l'ont adapté pour le grand écran !). L'action se situe sur une Terre parallèle, dans le passé.
Cela affranchit immédiatement le projet de la continuité encombrante et écrasante du MCU, et explique qu'on n'ait jamais entendu parler des FF avant. L'autre bonne idée, c'est de confronter d'un côté la grossesse de Sue Richards et l'annonce de la fin du monde. D'un côté une naissance, de l'autre une mort. Cette dualité introduit une tension rapide et accrocheuse.
Mais ceci étant posé, il reste à développer et c'est là que le film échoue assez lamentablement. Parce que Fantastic 4 : First Steps arrive simplement avec 20 ans de retard. Il y a 20 ans (21 pour être précis) sortait en salles Les Indestructibles de Brad Bird, génial film d'animation, qui s'inspirait largement des 4F avec sa famille de super-héros retirée des affaires mais obligée d'y retourner.
Bird avait réussi l'exploit de réaliser une histoire captivante, émouvante, drôle, rythmée, sans jamais sombrer dans la parodie. Surtout il opposait à ses héros une menace à la fois simple et palpitante qui n'écrasait pas son intrigue sous des thématiques trop symboliques tout en élevant la situation de ses personnages.
Ici, en confrontant les Fantastiques à Galactus d'entrée de jeu, Marvel à fait le pari du spectaculaire avec l'adversaire le plus grandiose de l'équipe. Le premier épisode des FF les opposait à l'Homme-Taupe, qui fait d'ailleurs deux apparitions (assez minables), c'était moins dantesque mais ça laissait de la place pour de futurs combats plus mythiques.
Je vais me permettre de spoiler parce que ça fait quand même plusieurs mois que le film est disponible et je pense que ceux qui liront cette critique ne seront pas offensés par des révélations qui n'en sont plus. Mais donc, à la fin, Galactus est envoyé à perpète les andouillettes et celui qui suit l'actu du MCU va spéculer comme moi qu'on le retrouvera sûrement dans les prochains films, Avengers : Doomsday ou, plus sûrement, Secret Wars...
... Parce qu'il est impensable que Feige s'en passe définitivement après l'avoir présenté au grand public. Et que les frères Russo, qui réalisent Doomsday et Secret Wars ont déjà dit que leurs films mélangeraient des éléments des comics Secret Wars de 1984 (dans lesquels Galactus avait un rôle décisif) et 2015 (version Hickman donc, où là c'est Dr. Fatalis qui était le grand méchant).
La manière dont les FF se débarrassent donc de Galactus tient plus de la fin ouverte - et du retour programmé - que du dénouement véritable. Avant cela, et malgré donc tous les scénaristes cités, l'histoire manque cruellement d'action, de suspense, d'intensité. Comme si, en vérité, tous ces scribes n'avaient pas su quoi faire de leur intro quasi parfaite.
Tout n'est pas mauvais : la façon dont les 4F interagissent fait vraiment penser à une famille, on a l'impression de les découvrir dans leur intimité, comme s'ils nous ouvraient la porte de leur fondation du futur. Les rôles qu'ils tiennent vont au-delà du super héroïsme basique, avec Sue en diplomate par exemple, Reed en inventeur génial qui a fait profiter le monde entier de ses trouvailles.
Le couple Reed-Sue est d'ailleurs bien mieux caractérisé que le duo Ben-Johnny. Ben Grimm en particulier est trop sommairement dessiné pour qu'on s'y attache autant que dans les comics où il portait sa transformation comme une malédiction terrible, et cette espèce de romance avec le personnage joué par Natasha Lyonne ne ressemble à rien (non, elle ne joue pas Alicia Masters).
Johnny a quelques bons moments, il est même décisif quand il s'agit de retourner la Surfeuse contre Galactus, mais il n'a pas suffisamment ce côté garnement insupportable et immature des comics, ce qui fait que sa complicité turbulente avec Ben est absente. C'est dommage.
Le film a aussi l'avantage de ne pas être trop long (115', générique compris, avec une première scène post-générique de fin très paresseuse et une deuxième totalement dispensable). Visuellement, Shakman a travaillé avec le designer de la série Loki et c'est très réussi : le look rétro, avec l'architecture, le mobilier, les véhicules, c'est chouette.
Bon, les costumes des 4F sont par contre laids au possible, ce ne sont même pas des uniformes alors que Kirby les avaient voulus comme tels pour signifier que c'était une famille, et il s'était d'ailleurs inspirés des Challengers de l'Inconnu de DC pour cela. H.E.R.B.I.E. sort littéralement des pages des comics par contre.
La Surfeuse d'Argent est une drôle d'idée, mais elle fonctionne toutefois bien. Quant à Galactus, je trouve que si la silhouette est cette fois préservée, il manque quand même de couleurs (tout comme je regrette que son vaisseau, une sphère blanche à l'extérieur comme à l'intérieur, soit devenu un machin informe et sombre). Des détails peut-être, mais qui, dans un film aussi coloré, font tâche.
Venons-en au casting. Ralph Ineson prête son visage et sa voix de baryton à Galactus : parfait. Julia Garner interprète avec beaucoup de nuances la Surfeuse. Pedro Pascal fait un Reed trop insipide et il est vraiment déplorable que ses pouvoirs aient l'air aussi limités et peu exploités. Vanessa Kirby est bien meilleure, même si elle manque cruellement d'expressivité (son visage me paraît trop lisse pour être honnête...).
Joseph Quinn est lui aussi assez faible : comme je l'ai déjà dit, Johnny est un garçon immature, impulsif, même si loin d'être idiot. Sur ce dernier point, l'histoire lui rend justice, mais pas pour le reste. Quant à Ebon Moss-Bachrach, difficile de juger sa performance puisque l'aspect de la Chose ne laisse rien reconnaître de l'acteur, encore moins de la finesse de sa composition.
La musique est, comme pour Les Indestructibles, signée Michael Giacchino, mais cet excellent compositeur est loin d'être aussi inspiré qu'il le fut pour Brad Bird.
Vous l'avez compris, j'ai été très déçu. C'est à se demander si les 4 Fantastiques ne sont pas maudits au cinéma, et ni Kevin Feige ni Matt Shakman n'ont réussi à faire mieux que leurs prédécesseurs (pourtant ce n'était pas difficile). Il y a vraiment quelque chose de cassé dans le MCU, et comme ni Avengers : Doomsday ou Secret Wars ne m'attirent, je ne vais de sitôt repayer une place de cinéma pour voir la suite.







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