Il reste à Batman 4 heures avant qu'il ne soit obligé de se mettre en quarantaine, après quoi le poison qui efface la peur le dominera. Il s'emploie avant cela à localiser Jonathan Crane/ l'Epouvantail enlevé par le Lion. Puis il s'assure auprès de Superman que ce dernier saura le stopper s'il perd le contrôle de la situation...
C'est exactement le type d'épisode que Tom Taylor excelle à écrire, celui où ses qualités d'auteur brillent. Taylor, je l'ai déjà dit, n'est pas, selon moi, un grand concepteur d'intrigues, il est efficace, mais guère original et sa manie de créer des vilains que personne ne réutilisera plombe un peu ses efforts en ce sens.
Par contre, là où il est très bon, c'est dans sa manière de traiter les personnages. Je dirai même que ça va plus loin que ça : un peu comme Bendis, il se fiche des vilains, mais il adore ses héros, et donc il s'évertue à nous communiquer cet amour pour eux. Par exemple, Batman dans Detective Comics devient étonnamment attachant.
Parce que Taylor refuse de le traiter comme une sorte de super détective, le bonhomme qui a toujours un (ou même plusieurs) coup(s) d'avance sur les autres, qui pense à tout. Non, son Batman est un homme vulnérable, dans les cordes, et qui dos au mur laisse tomber le masque, au propre comme au figuré, accepte de montrer sa vulnérabilité, ses doutes.
Trois scènes illustrent cela dans cet épisode : il reste à Batman quelques petites heures avant qu'il soit obligé de se mettre en quarantaine à cause du virus conçu par le Lion et qui désinhibe ceux qui sont atteints au point qu'ils perdent toute notion de peur, qu'ils se sentent inarrêtables, courent des risques insensés.
Dans sa Batcave, Batman téléphone à Catwoman mais sans oser lui dire la véritable raison de cet appel. Elle devine que quelque chose cloche, mais leur conversation est abrégée par l'arrivée de Superman. Batman raccroche et il fournit à Superman une clé USB contenant trois plans pour l'arrêter au cas où il deviendrait incontrôlable.
Enfin, et c'est le moment le plus touchant, le plus sentimental aussi car Taylor n'a pas peur de l'être, Bruce est avec son fils Damian alors qu'il achève la construction d'une armure dans laquelle il pourra se mettre en quarantaine tout en restant mobile. Damian avoue qu'il a peur de perdre son père et le serre dans ses bras, "au cas où". Un geste tendre, intime, émouvant.
En trois scènes, Taylor fend l'armure de Batman et nous le montre sous un jour peu courant. Cela le rend non seulement plus fragile, plus sympathique, mais relance aussi habilement le suspense de l'histoire en nous convaincant que Batman pourrait non pas ne pas s'en sortir, mais être durablement atteint par ce qui lui arrive et qu'il n'a pas su anticiper.
Vers la fin de l'épisode, on a droit aussi à un beau, bien que bref, combat, une sorte de quota d'action, qui prouve que le Lion est familier pour Batman - mais sans que Taylor n'en dise plus. Nightwing, Batgirl et Damian resurgissent pour cette bataille - Taylor semble parti pour utiliser la Bat-famille de temps en temps, comme ce fut le cas dans son premier arc et c'est bien fichu.
Actuellement, les deux scénaristes qui écrivent Batman, dans la série éponyme et dans Detective Comics, ont opté pour une approche semblable, visant à le ramener dans la rue et à le montrer plus humain, moins calculateur. Mais là où Matt Fraction tente d'appliquer ce qu'il avait fait sur Hawkeye avec à mes yeux un résultat inégal, Taylor est plus convaincant.
Ce qui est certain en revanche, c'est qu'aussi bien Fraction avec Jorge Jimenez que Taylor avec Mikel Janin, les deux séries gâtent le lecteur visuellement. Janin maîtrise parfaitement son sujet et sa colorisation est impeccable. Sur les 16 premières pages, il reçoit le renfort de l'encreur Wayne Faucher pour le soulager, et leur association est très réussie (plus que celle avec Norman Rapmund).
Janin en prime réussit à servir ces scènes dont j'ai parlées plus haut, trouvant à chaque fois la bonne distance, le bon dosage. J'aimerai tant que lui et Taylor utilisent plus Catwoman, dont le couple avec Batman a été bêtement supprimé après le run de Tom King. Les moments avec Superman et surtout avec Damian sont superbes, avec un découpage serré, qui évite toute effusion inutile.
J'aime beaucoup ce qu'est cette série sous la direction de Taylor et Janin et je sais que DC ne va pas risquer de la gâcher.





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