Parker et Philly commettent un braquage avec leur équipe dans une salle de comptage d'un hippodrome lorsqu'un agent de sécurité tire sur eux quand ils en sortent. Philly est blessé mais Parker court après l'agent, réussit à le rattraper, le tue et récupère le sac d'argent qu'il leur avait pris. Plus tard, dans leur planque alors qu'ils partagent le butin, les complices de Parker sont abattus par Zen, qui leur servait de chauffeur. Elle blesse également Parker qui réussit à s'échapper. Il se remet dans un motel tenu par une amie puis promet à Grace, la veuve de Philly, qu'il vengera ce dernier.
Avec l'aide de son ami Grofield, Parker retrouve Reggie, un partenaire de Zen, qui lui donne son adresse. Alors qu'il lui réclame l'argent qu'elle lui a volé, elle lui explique l'avoir dépensé pour une opération ambitieuse : elle compte dérober un trésor récupéré dans une épave que le général De La Paz, un dictateur, a promis de vendre pour le bien de son peuple mais en vérité pour son compte personnel. La pièce maîtresse de ce trésor est la figure de proue du navire échoué mais pour que De La Paz ne soit pas soupçonné, il a contracté avec l'Organisation pour qu'elle la vole durant son exposition au siège de l'O.N.U. et la revende ensuite à un riche collectionneur.
Parker et Grofield rencontrent le colonel rebelle Ortiz et lui soumet un contre plan : laisser l'Organisation voler la figure de proue pour la lui dérober ensuite. Parker exige 30% de la valeur du trésor et la liberté de recruter son équipe. Il engage donc Ed et Brenda MacKey et Steve Devers puis ciblent Kincaid, le bras droit du chef de l'Organisation à New York, qui détient le plan de l'endroit où sera entreposée la figure de proue...
Play Dirty, nous apprend le générique, est adapté non pas d'un roman de Richard Stark (pseudonyme de l'auteur Donald Westlake) mais "basé sur les personnages de" ce dernier. La nuance a de quoi faire sourire puisque Stark a quand même signé 24 livres ayant pour héros le voleur Parker, mais il n'est apparemment venu à l'idée de personne d'en adapter un.
Qui faut-il blâmer ? Les ayant-droits de Stark/Westlake qui ont dû recevoir un beau chèque d'Amazon MGM, producteur-diffuseur du film ? Ou bien Shane Black, réalisateur et scénariste (avec Charles Mondry et Anthony Bagarozzi), qui, visiblement, n'a jamais dû lire un seul roman de Stark ? En tout cas, si vous aimez Stark, Parker, passez votre chemin, ce n'est pas ici que vous le trouverez.
La bande annonce de Play Dirty nous alertait déjà : ça ressemblait davantage à une aventure de Dortmunder (l'autre voleur créé par Westlake, mais à l'opposé de Parker). Hélas ! le film n'est même aussi drôle et réussi qu'une adaptation de Dortmunder (pour cela, revoyez plutôt Les Quatre Malfrats, de Peter Yates avec Robert Redford, dont j'ai déjà parlé).
Mais d'abord présentons au moins Parker. Parker est un voleur mais aussi un type méchant, froid, violent, implacable, méthodique. Il a été immortalisé au cinéma par Lee Marvin dans Le Point de Non-Retour de John Boorman entre autres, et Darwyn Cooke en fait le héros de quatre adaptations très fidèles et magistrales dans des romans graphiques (en vo chez IDW et en vf chez Delcourt).
Ici, il est incarné par Mark Wahlberg qui, quand il était dirigé par James Gray (dans The Yards ou La Nuit nous appartient), était un acteur intéressant, mais qui, autrement, n'a jamais brillé par la qualité de son jeu. Il a même refusé de jouer dans Ocean's 11 parce qu'à l'époque des tabloïds suggéraient qu'il était l'amant de George Clooney - c'est Brad Pitt qui a hérité de son rôle.
Comparer Wahlberg à Lee Marvin est cruellement injuste pour le premier tant Marvin en imposait là où Wahlberg est absolument incapable de nous faire croire à la dureté de Parker. Toutefois ce n'est pas seulement une question de qualité de jeu, c'est aussi une question de qualité d'écriture et Shane Black et ses scénaristes n'ont donc certainement jamais lu un roman de Richard Stark.
Pourquoi j'ose affirmer cela ? Hé bien, lisez un roman de Stark et vous comprendrez. Lisez un des romans graphiques de Darwyn Cooke et vous verrez. A ce stade-là, c'est plus du sabotage qu'autre chose. Même en précisant que le film est basé sur les personnages de Stark, on vous ment : rien n'est basé sur Stark. Le héros du film s'appelle Parker, sauf que ce n'est pas du tout Parker.
Ensuite donc, Black et Amazon MGM ont dû penser que 24 romans sur ce personnage, ce n'était pas suffisant pour un film, alors autant inventer une histoire originale. Mais c'est un désastre. Les braquages de Parker sont des modèles d'organisation, même quand la situation dégénère, Parker a un plan B. Et il peut compter sur des complices aussi professionnels que lui.
Là, ses complices sont de vrais baltringues, traités comme tels. Shane Black adore les baltringues (cf. Kiss Kiss Bang Bang, The Nice Guys) et il est apprécié pour la coolitude de ses films avec des losers sympathiques. Il a dû penser que faire de Parker et sa bande des losers sympas, ça serait cool. Ce qui prouve sa profonde ignorance du matériel qu'il adapte et son je-m'en-foutisme total.
Tout, absolument tout, et c'est assez prodigieux en un sens, sonne faux là-dedans : par exemple, l'intrigue se déroule dans les Etats de New York et du New Jersey en hiver. Or le tournage a eu lieu en Australie, principalement en studio. Les effets spéciaux son d'une laideur sans nom, avec des scènes spectaculaires et catastrophe qui ne se donnent même pas la peine de ne pas paraître complètement artificielles, entièrement en CGI.
L'histoire est d'une débilité abyssale avec cette histoire de voler des voleurs qui volent pour un dictateur et revendent à un collectionneur milliardaire (attention, satire ! Ce doit être une pique envoyée à Jeff Bezos, le boss de... Amazon MGM). La somme versée par le nabab sert en fait à renflouer les comptes de la pègre en faillite et à remplir les poches du dictateur (grand patron = tyran... Message subversif bis !).
Ah oui, j'oubliai : le prologue de l'histoire montre le gang de Parker se faire dessouder par leur chauffeuse et cette fille vient du pays du dictateur et veut aider les rebelles à le renverser en lui volant donc son trésor. Parker veut tuer la fille parce qu'elle lui a tué ses copains et volé son fric, mais là où dans un roman, il commencerait par se débarrasser d'elle sans cérémonie, là, il accepte d'être son allié pour 30% du montant estimé du trésor. Le vrai Parker, croyez-moi, ne se contenterait pas de 30%...
Oh, et encore ceci : Parker rechigne à venir à new York à cause d'un certain Lozini, chez de la pègre locale. C'est presque drôle quand on a lu Le Chasseur et L'Organisation, adaptés en BD par Darwyn Cooke et qui ont inspiré Le Point de Non-Retour de Boorman, où Parker défie toute la pègre pour récupérer du pognon qu'elle lui doit et y parvient. Alors le voir craindre ce Lozini...
Comment peut-on accoucher d'un aussi mauvais film ? Et pourquoi faire ça à l'oeuvre de Richard Stark (en dehors pour ses ayant-droit de toucher un gros chèque) ? Bon sang, Westlake doit se retourner dans sa tombe ! C'est nul ! Et même la sympathie qu'a pu inspirer Shane Black n'excuse pas ce qu'il a commis ici !
Un mot sur les autres acteurs : Lakeith Stanfield joue Grofield (à ma connaissance, c'est la première fois qu'un acteur black l'incarne), et c'est le seul à s'en sortir convenablement, parce qu'il montre que le personnage est davantage un (mauvais) comédien qu'un voleur (en fait, il participe aux braquages de Parker pour financer son théâtre).
Rosa Salazar a toutes les peines du monde à nous persuader qu'elle est une ancienne des escadrons de la mort, assez dur-à-cuire pour tenir tête à Parker - même si avoir l'air plus dure que Wahlberg n'est pas difficile... Et Tony Shalhoub est pathétique dans la peau de Lozini, incapable de le rendre inquiétant pour justifier que Parker l'évite.
Play Dirty devrait au moins vous convaincre d'une chose : si vous aimez les bons heist movies avec des voleurs flippants, alors fuyez, et cherchez dans le passé, quand les acteurs qui les jouaient étaient meilleurs, plus crédibles, que les cinéastes étaient plus sérieux, et que les studios n'étaient pas dirigés par des fumistes pour qui s'offrir le catalogue d'un romancier revient à le sodomiser post-mortem.







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