vendredi 26 décembre 2025

ABSOLUTE MARTIAN MANHUNTER #7 (of 12) (Deniz Camp / Javier Rodriguez)


3 mois se sont écoulés depuis l'attaque du martien blanc sur Middleton. John Jones s'est installé au Starlight Hotel et vit séparé de sa femme, Bridget, et leur fils, Tyler. Au travail après un congé, il est assigné à de la paperasse. Mais son martien l'avertit : leur ennemi n'est pas vaincu...


C'est la meilleure nouvelle rayon comics de cette fin 2025 : Absolute Martian Manhunter est de retour pour son acte II. Deniz Camp et DC ont laissé à Javier Rodriguez le temps de souffler un peu puis de prendre de l'avance pour les prochains épisodes afin que la suite de l'histoire soit publiée sans retard. C'est ce qu'on appelle du bon travail éditorial (prenez-en de la graine chez Marvel !).


Deniz Camp a choisi, malicieusement, de situer l'action de ce septième épisode trois mois après les événements du n°6, soit quasiment le temps écoulé depuis la parution du dernier chapitre. Rapidement, le scénariste va résumer ce qui s'est passé depuis : John Jones et sa femme se sont séparés, lui vit à l'hôtel et a été mis au repos forcé par sa hiérarchie.
 

Pourtant en retournant au boulot, il ne peut s'empêcher de passer en voiture devant chez lui et imaginer sa femme et son fils prenant leur petit-déjeuner, se demandant s'il leur manque, et surtout comment sa vie a pu déraper. Sur ce dernier point, il a quand même une réponse : il est l'hôte de l'esprit d'un extraterrestre, le martien (même si rien ne dit qu'il vient de Mars).


Au bureau, on lui donne de la paperasse à remplir, en attendant de l'autoriser à retourner sur le terrain. Son comportement erratique n'a pas échappé à un de ses supérieurs qui se méfie de lui et aimerait s'en débarrasser - ce que John devine facilement grâce au martien. Mais tout ça ne le préoccupe guère : sa famille lui manque plus que tout et il ignore si sa vie a encore un sens, si elle redeviendra normale.

C'est d'autant moins sûr que le martien blanc qui a provoqué une folie générale parmi les habitants de Middleton n'est pas mort ni même vaincu : il se cache et attend son heure, sans doute des renforts. Le martien de John le met en garde, mais John a décidément trop la tête ailleurs. Et le contraste est saisissant avec Bridget qui réfléchit au divorce en pensant que son mari est désormais dangereux pour elle et leur fils (qui, par ailleurs, semble très perturbé depuis 3 mois...).

Sur ce dernier point, je me garde de vous spoiler car si vous n'avez pas encore acheté le tome 1, disponible en vf chez Urban Comics (mais qu'attendez-vous donc ?!), vous ignorez la raison pour laquelle Tyler Jones est devenu si bizarre et flippant... Sans parler de ce qu'on découvre à la fin de ce septième numéro...

Deniz Camp joue très adroitement la carte du retour en douce : il ne se passe pas grand-chose, l'ambiance est calme, légèrement déprimée. Mais quelque chose plane dans l'air, quelque chose d'inquiétant, de sombre, qui oriente le récit vers le polar paranoïaque. C'est très subtilement mis en scène, avec un art consommé de l'allusion.

C'est ce qui rend la lecture si captivante : on progresse l'air de rien mais une angoisse sourde nous étreint, d'autant plus que John Jones a la tête ailleurs. Tout cela est comme depuis le début de la série merveilleusement traduit en images par le prodigieux Javier Rodriguez, qui nous fait une nouvelle fois le coup du n°1, avec un trucage qui ne peut s'apprécier qu'avec le comic book physique en main.

Le découpage est d'une inventivité toujours aussi exubérante, et les quelques pages que j'ai adjointes à cette critique pour l'illustrer vous en donnent un bon aperçu. Rodriguez n'est pas un artiste tape-à-l'oeil qui essaie d'épater la galerie : tous ses effets, de composition, de cadrage, d'enchaînement, de flux de lecture, sont d'abord pensés pour servir le récit.

Mais, et c'est le propre des grands dessinateurs, c'est si bien fichu que cela élève le récit en même temps qu'il le sert. Rodriguez et Camp ont conçu un objet unique dans sa narration écrite et graphique, et on sent une émulation jubilatoire entre les deux hommes, comme deux joueurs de tennis qui se renvoient la balle, plus vite, plus haut, plus fort, comme pour se tester et tester l'autre.

Le gagnant de cette partie est pourtant le lecteur qui a affaire à un objet stimulant, qui sollicite toute son attention et lui en donne pour son argent. Alors si vous ne l'avez pas commandé pour Noël, ne tardez pas à dépenser quelques euros (de vos étrennes) pour vous procurer fissa le tome 1 et vous régaler avec une des séries les plus colorées et imaginatives du moment. Croyez-moi, la suite promet d'être largement à la hauteur de l'acte I.

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