mardi 8 avril 2025

VOID RIVALS, VOLUME 2 : HUNTED ACCROSS THE WASTELAND (Robert Kirkman / Lorenzo de Felici)


VOID RIVALS, VOLUME 2 : HUNTED ACCROSS THE WASTELAND
(Void Rivals #7-12)


Livré par Solila aux Zertoniens, torturé, et enfin sauvé par les Unificateurs, des résistants opposés au pouvoir en place sur Zertonia, Darak retrouve Solila. Zalilak, le dirigeant de la planète, l'avait également faite emprisonner en comprenant qu'elle avait compris que la guerre contre Agorra dissimulait un sombre secret.


Darak et Solila acceptent de livrer aux résistants d'Agorra des informations précieuses sur la situation et s'enfuient dans l'Interzone, une sorte de friche balayée par des tempêtes et qui relie les deux planètes. Zalilak envoie à leurs trousses son meilleur chasseur, Proximus, qui ne tarde pas à rejoindre les fugitifs. Un combat violent s'ensuit au terme duquel Proximus est écarté par les vents et Solila est blessée.


Dix ans auparavant, Darak a travaillé dans l'Interzone et il transporte Solila jusqu'à une base désaffectée. Là, il trouve Springer, un Autobot, qui, après avoir à son tour affronté Proximus, va révéler à Solila et Darak quelque secret crucial sur Zerta...


Ce deuxième tome de Void Rivals est le dernier paru à ce jour. Le prochain collectera les épisodes 13 à 18 et sortira fin Mai en vo. Nous atteignons donc ici la fin de la première année d'existence de la série, qui a été un succès critique et commercial, comme le reste de la gamme Energon Universe. Opération réussie pour Robert Kirkman et ses amis auteurs.


Avec son label Skybound, Kirkman est un scénariste star certes, mais surtout puissant, à la tête de séries à succès et qui a su négocier des franchises lucratives. Mais sa fidélité à Image vient aussi du fait qu'il en est devenu un des cadres (il est juste derrière le PDG dans l'organigramme) et un de ses cinq fondateurs encore présents.


En d'autres termes, personne ne lui dicte ce qu'il peut faire : il a son pré carré et de hautes responsabilités, et ses succès le mettent à l'abri. Si on rapporte ça à son Energon Universe, il occupe à la fois une place centrale mais également en marge : centrale parce qu'il est à l'origine de tout ce projet et en marge parce que Void Rivals en fait partie de manière décalée.

En effet, si on lit G.I. Joe, les allusions à l'Energon (qui est une source d'énergie extraterrestre) sont multiples. Si on lit Transformers, c'est encore plus appuyé, m'a-t-on dit (l'Energon est le carburant des Autobots et des Decepticons). Dans Void Rivals, l'Energon est encore, à ce stade de l'histoire, un élément périphérique, un terme mystérieux, peu mentionné.

Mais dans ces six nouveaux épisodes, Kirkman va se charger de rendre ça plus prégnant. Passé une première partie qui voit Darak séparé de Solila puis acter leur réunion dans des circonstances qui rebattent complétement les cartes de leur relation et de leur aventure, à partir du 9ème épisode, les choses vont changer.

On avait aperçu un Autobot, Jetfire, dans le premier épisode de la série, mais là, les deux héros en cavale vont interagir plus conséquemment avec un autre Autobot, Springer. La liaison avec Transformers est alors totale, les robots font désormais partie de la série, même si le couple Darak-Solila en reste le coeur.

Avec Springer, le lecteur et les héros en apprennent davantage sur Zerta, cette espèce de divinité qui a transmis une vision à Darak et en laquelle croit Solila, dont elle fait son agent. On apprend aussi que Solila fait partie d'une espèce de culte, sous l'autorité de la Maîtresse Vill, agissant comme un deuxième pouvoir sur Zertonia, et qui entretient cette croyance en Zerta.

Mais surtout, Springer va révéler que Zerta a été une Autobot partie, lors de la guerre civile entre Cybertrons (Autobots et Decepticons), à la recherche de l'Energon et qu'il se trouve donc dans l'Anneau Sacré que se dispute Zertoniens et Agorriens. Tout est lié, et depuis des années. L'Energon est littéralement le nerf de la (des) guerre(s) (tout comme dans G.I. Joe et Transformers donc).

Kirkman garde encore quelques cartouches (par exemple sur la complicité de Zalilak et Dilun, des ennemis sur le papier, des complices en réalité ; et pourquoi Zalilak accepte d'affamer son peuple). Mais la série a fait un bond de géant dans cet arc. Sans oublier la suite des (més)aventures de Skuxxoid, toujours en train d'accepter des contrats dans des conditions de plus en plus risquées...

Tout ça, c'est désormais certain va finir par aboutir à un grand tout, une histoire globale et on sait déjà que Void Rivals ira au-delà de 24 numéros (puisque le Volume 4, qui sortira en Décembre, englobera les épisodes 19 à 24). La série est partie pour durer davantage que Oblivion Song (36 #), mais sans dépasser The Walking Dead (193#) ou Invincible (144#) - Kirkman ne voulant plus faire d'aussi longs runs.

Lorenzo de Felici est très en forme, il est même plus convaincant ici que sur le premier tome. Il a pris ses marques et le lecteur aussi, qui s'est habitué à son style. Les épisodes lui permettent de briller par son sens du découpage sur de nombreuses scènes d'action, très intenses - je pense au combat Proximus vs Darak et Solila, mais aussi quand Springer entre en scène.

De Felici tire avantage des décors très épurés de ces nouveaux chapitres qu'il compense en rendant magnifiquement compte des conditions climatiques extrêmes qui règnent dans l'Interzone. Ses cases sont de dimensions très généreuses, avec des compositions dramatiques très efficaces. C'est l'école italienne à son meilleur, avec une narration qui va vite, à l'essentiel.

Le langage corporel des acteurs est brillamment représenté et donne une expressivité rare aux scènes. Là encore, le fait que les deux héros aient souvent le visage masqué ne pose pas de problème : on ressent ce qu'ils endurent par la maîtrise de l'artiste à exprimer cela autrement que par les visages. C'est très fort.

Par ailleurs, quand Springer apparaît, la différence de taille entre ce robot géant et les protagonistes permet là encore à de Felici de varier les angles de vue, de travailler sur la profondeur de champ. Autant d'éléments que les couleurs de Patricio Delpeche (qui a succédé à Matheus Lopes) mettent parfaitement en valeur, sobrement mais avec beaucoup de nuances.

On appréciera enfin que Kirkman ne cède pas au cliché de la romance entre Darak et Solila, ce qui entraîne la série sur un terrain moins convenu. Void Rivals est décidément une bonne surprise. sans être jamais géniale ou révolutionnaire, c'est un récit prenant, divertissant, avec pas mal d'épaisseur. De quoi attendre la suite avec confiance et appétit.

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