Spider-Man et Peter Parker sont sujets à des hallucinations d'un réalisme dérangeant. Et quand la situation devient ingérable, Peter s'en remet à Norman Osborn qui confirme ses soupçons : il a été empoisonné. Tout comme l'a sûrement été le Rhino que Spider-Man décide d'aller voir dans l'asile Ravencroft...
Le premier numéro de cette relance de The Amazing Spider-Man était convaincant et prometteur. Joe Kelly a choisi de faire simple pour réconcilier les fans avec la série, alors que ses prédécesseurs voulaient partir en chamboulant tout. Formule payante pour un résultat distrayant. Mais le scénariste transforme-t-il l'essai pour cette fois ?
J'ai envie de dire que oui. Parce que si Kelly reste sur des bases faciles à apprécier, il réussit à semer le trouble chez son héros et le lecteur. Spider-Man est confronté à une menace insaisissable puisqu'il est empoisonné par quelque chose qui le fait littéralement halluciner. Cela affecte sa double vie puisque sous le masque il est perturbé mais en tant que Peter Parker il est aussi désorienté.
Le scénario montre très bien comment et Peter et Spider-Man perdent les pédales grâce à une mise en scène extrêmement intense. Que Joe Kelly puisse s'appuyer sur un artiste du calibre de Pepe Larraz est une plus-value inestimable tant l'espagnol fait feu de tout bois avec un découpage très nerveux et des compositions très audacieuses.
On retiendra notamment cette double page d'entrée (voir plus haut) où le lecteur distingue bien ce qui relève du délire de la réalité autour de Spider-Man qui, croyant affronter tous ses pires ennemis, dévaste une rue en étant filmé par les habitants du coin. Ou encore cette pleine page où Peter croit que le Bouffon lui fonce dessus (voir ci-dessus).
C'est très spectaculaire et on sent que Larraz se lâche complètement. Sa maîtrise technique fait le reste : c'est l'avantage d'avoir un dessinateur non seulement en pleine possession de ses moyens mais surtout arrivé à une maturité exceptionnelle, qui transcende le script pour l'élever à un niveau que le scénariste n'avait sans doute pas lui-même imaginé.
En même temps, on se dit que la seule chose qui manque encore à Larraz, c'est la régularité. Le jour où il arrivera à enchaîner les arcs de cinq-six épisodes, il sera inarrêtable, ce sera le nouveau Immonen, le nouveau Samnee. Peut-être que s'il contenait un peu son énergie, il y parviendrait, mais comme beaucoup de ses pairs aujourd'hui, il a encore trop tendance à tout donner très vite et donc il se fatigue.
Mais on ne va pas chipoter : c'est superbe et jubilatoire. Joe Kelly a été gâté par Marvel. Et Spider-Man n'a pas été si bien servi depuis des lustres (dans la mesure où les très bons artistes que sa série a eus n'ont pas pu ou voulu rester - je pense à Patrick Gleason, Ryan Ottley, Carmen Carnero, tous pour des raisons d'ailleurs différentes).
Bien entendu, il y a de grosses ficelles (quand on parle de poison inhalé et que le collègue de Peter lui montre des champignons sur lesquels il travaille, il y a sûrement un lien...). Mais Kelly, par ailleurs, sait installer des ambiances puissantes et surtout construire un enchaînement de scènes qui font perdre leurs repères aussi bien au héros qu'au lecteur, ce qui n'est pas rien.
Bref, ce deuxième épisode est tout à fait à la hauteur du précédent et ce run démarre mieux que bien. De quoi être confiant pour la suite.
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