Enfant, Lightray assiste à un enterrement et demande à Izaya le Haut-Père de New Genesis où l'on va quand on est mort. Une interrogation qu'il répétera auprès d'autres... Aujourd'hui, Izaya fait face à Karok Ator qu'il défie en combat singulier. Pendant ce temps, sur Terre, Mister Miracle et Big Barda tentent de raisonner Orion...
Il y a quinze jours, Ram V, avec Anand HK, proposait le premier épisode de Resurrection Man : Quantum Karma, revival inspiré d'un héros passablement oublié de DC, mais véhicule puissant d'une réflexion sur la vie sans fin. Cette semaine, le scénariste indien semble prolonger cette réflexion dans ce cinquième épisode de The New Gods. Signe qu'il a de la suite dans les idées.
Evidemment, quand on parle de dieux, s'interroger sur l'immortalité semble curieux. Les dieux ne sont-ils pas depuis toujours et pour toujours, précédant et dépassant toute existence ? A moins que, comme la philosophie nous l'enseigne, l'existence des dieux est conditionnée au fait que nous croyons ou pas en eux ?
Mais ces questions prennent encore un autre relief quand une série porte le nom de The New Gods, littéralement les Nouveaux Dieux (ou les Néo-Dieux). Cela suppose qu'il y a eu d'anciens dieux avant eux, et que, sans doute, il y aura d'autres dieux qui leur succéderont comme eux-mêmes ont succédé à leurs prédécesseurs ?
Cela inscrit donc l'existence des dieux dans une construction cyclique. Les dieux passent, sont remplacés. C'est plutôt la notion de déité qui est permanente, un abîme sans fond et un horizon sans fin. Mais alors qu'est-ce qui déclenche ces cycles successifs sinon, comme l'avance ici Ram V, que de nouveaux dieux s'imposent en commettant des déicides, en tuant les anciens dieux ?
Les premières pages de cet épisode mettent tout cela en perspective de manière étonnamment simple : Lightray assiste aux funérailles d'un néo-dieu de New Genesis. Mais l'enfant qu'il est alors demande au Haut-Père où vont les morts et Izaya lui répond : "à la Source". Dans le jargon de Jack Kirby, cela indique un lieu, le Mur-Source, frontière de l'univers.
Mais chez Ram V, le sens se fait plus métaphorique. La Source, c'est à la fois le point d'origine, la provenance, et le point final, l'arrivée terminale. Michel Jonasz en avait tiré une chanson, Où est la source (sans point d'interrogation) dans son album éponyme, sans doute son meilleur. Les dieux viennent de la Source et y retournent.
L'histoire en est au point où, après la chute d'Apokolips, c'est New Genesis qui est ravagé par Karok Ator. Izaya se dresse devant lui avec son arme la plus puissante pour le repousser, le tuer même. Karok Ator révèle pourquoi il a entrepris sa mission contre le domaine des néo-dieux. Izaya réplique en le tuant. Sauf que Karok Ator a trouvé comment surmonter la mort, en puisant dans une énergie noire. Et en sauvant le fils, qu'on croyait perdu, de Darkseid, Grayven...
Cependant, sur Terre, c'est une autre pièce, aussi dramatique, qui se joue : Orion a rejoint Mister Miracle et Big Barda et compte accomplir la tâche que lui a assigné le Haut-Père, en tuant l'enfant-dieu. Celui-ci se défend d'ailleurs puissamment. Mais il faudrait, comme à Izaya, un miracle pour stopper Orion...
C'est là que je dois calmer tout le monde par rapport à ce que promet la couverture qui annonce la présence de la Justice League Unlimited dans cet épisode. Non seulement il faut attendre la toute dernière page pour en arriver là, mais surtout on ne voit alors qu'un seul des membres de l'équipe. Le reste arrivera certainement le mois prochain.
Mais Ram V avait promis de toute manière que son histoire intégrerait des éléments du DCU, il ne comptait pas raconter ce récit en le circonscrivant aux seuls dieux de New Genesis et Apokolips. C'est l'ambition de l'auteur non seulement de refaire vivre les héros de Kirby, mais surtout de les réintégrer dans le DCU. Ne reste plus qu'à espérer que d'autres scénaristes poursuivent cet effort pour le parachever.
Visuellement, l'épisode propose deux graphismes on ne peut plus aux antipodes. Les premières pages, celles du flashback sur Lightray, sont illustrées par Andrew MacLean, l'auteur de la série Head Lopper chez Image Comics, dans un style volontairement naïf, mais qui correspond parfaitement aux souvenirs d'un enfant.
Puis Evan Cagle prend le relais avec des planches une nouvelle fois prodigieuses de beauté et d'intensité, avec un niveau élevé de détail, et une narration épique en diable. Le côté grandiose, terrible et même horrifique du duel Izaya-Karok est magnifiquement restitué, quand les scènes avec Orion, Mister Miracle, Big Barda, l'enfant-dieu regorgent d'une énergie à la classe confondante.
Honnêtement, entre les annonces et les productions majoritairement navrantes de Marvel et ce qu'offre DC, il y a un fossé qu'on voit mal se combler. C'est, littéralement, comme si "la maison des idées" avait abandonné toute ambition alors que la Distinguée Concurrence misait sur la qualité, la différence, les projets d'envergure.
The New Gods, à cet égard, en est la vibrante démonstration.
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