Il y a quelque temps de ça, Terra libère Deathstroke et lui explique que Amanda Waller va lancer une opération d'envergure contre les super-héros. En cas d'échec, mieux vaut anticiper un plan B. C'est ainsi que Deaethstroke va assembler une équipe... Et que les Titans vont comprendre que leur vieil ennemi est de retour...
Avant de lire cet épisode, j'ai voulu me replonger dans les précédents écrits par John Layman depuis son arrivée (à la suite de Tom Taylor) sur Titans. En effet depuis plusieurs numéros, quelque chose n'allait pas mais je n'arrivai pas à mettre le doigt dessus. Donc, j'en ai déduit que c'était dans la construction de l'histoire, son rythme.
Et puis, donc je me suis plongé dans ce chapitre 22 de Titans. Et tout à coup, la lumière a jailli ! Car cet épisode est très réussi, je peux même affirmer que c'est, et de loin le plus réussi depuis le début du run de Layman. Mais pourquoi est-il réussi ? Hé bien, simplement parce qu'il corrige tous les défauts présents jusque-là.
Le principal défaut de ce run, en vérité, c'est sa narration bien trop décompressée, ce mal moderne qui a fini par ruiner bien des séries. La narration décompressée n'est pas à proprement parler un problème pour moi. Je sais que certains la conspuent, mais je crois que le vrai souci, c'est qu'elle est devenue une sorte de norme et que tous les auteurs ne savent pas la développer correctement.
Moi, quand je suis revenu aux comics de super-héros au début des années 2000, je ne reconnais plus rien. Les auteurs, les artistes avec qui j'avais aimés les comics n'étaient plus là, les personnages avaient changé. Et la manière de raconter les histoires n'étaient plus pareille qu'à la fin des années 80-début des années 90, quand j'avais lâché l'affaire.
C'est là qu'on teste si, vraiment, reprendre les comics après une longue période d'abstinence est aisé ou non. Plutôt que d'essayer de rattraper tout ce que j'avais loupé, je me suis accroché et j'ai quand même trouvé des scénaristes qui m'ont permis de retrouver mes marques. Brian Michael Bendis en particulier, avec spécialement New Avengers.
C'était alors (et pour de nombreuses années) l'archétype de la narration décompressée, des arcs en six épisodes et le début des events/crossovers réguliers. Bendis avait une manière bien à lui de se ficher des traditions : New Avengers étaient une équipe de bric et de broc, qui devait souvent leur salut à une intervention extérieure (une sorte de deus ex machina). Et l'auteur misait davantage sur des seconds couteaux (cf. Luke Cage, Dr. Strange, Iron Fist, Spider-Woman...) que sur des stars (Captain America, Iron Man, Thor...). DE qui, rétrospectivement, s'étonner du succès de la série.
Toutefois, le run de Bendis et sa popularité (car, même s'il avait ses détracteurs, il vendait beaucoup) a érigé la narration décompressée au rang de norme dans l'écriture des comics. Les arcs en six numéros sont devenus le modèle. Bendis lui-même s'est parfois auto-parodié. Et Marvel a imposé ce modèle, tout comme ensuite l'éditeur a cherché à produire des Bendis de rechange, des auteurs capables d'assumer l'écriture de plusieurs titres simultanément, encore aujourd'hui.
Pour en revenir à Titans et John Layman (désolé pour cette digression), je crois qu'il s'agit d'un dommage collatéral de ce qu'a incarné, pour le meilleur et le pire, Bendis. Voilà un auteur qui écrit bien, mais qui décompresse complaisamment, et ce faisant, ne rend pas service à sa série. La preuve en est faite avec cet épisode.
Car, cette fois, au lieu de tirer sur la corde, il se fait plus synthétique, efficace, direct. Et ça fonctionne tellement mieux. Les Titans sont en retrait ici, et ce n'est finalement pas plus mal (surtout eu égard à quelques répliques franchement limites comme quand Starfire s'amuse que Nightwing fait des déductions à la Batman...). Place aux méchants - au méchant : Deathstroke (pas de spoiler : la couverture dévoile tout).
Layman remonte le temps : Deathstroke, à la fin de l'event Dark Crisis, finit dans une sorte de caisson, après avoir été possédé par une force noire maléfique qui l'a sérieusement abimé mentalement et physiquement. Mais une silhouette féminine le privait d'anti-douleurs... Et on découvre donc qu'il s'agit de Terra, qui fut autrefois son amante (mineure) et complice dans la fameuse saga Judas Contract de la série New Teen Titans (par Marv Wolfman et George Pérez).
Elle finissait par mourir, mais rassurez-vous, depuis elle va mieux. Par contre, elle a gardé une dent contre Slade Wilson tout en sachant que lui seul peut l'aider. Car ce flashback se situe avant Absolute Power... Puis Layman fait un bon dans le temps et montre Deathstroke achever la formation de son équipe : après Clock King et Mammoth, il convainc Killer Frost de le rejoindre (mais abandonne Psycho-Pirate).
A la fin de l'épisode, Layman pointe qu'un membre des Titans préférerait nettement, bien que discrètement, que l'inévitable confrontation à venir avec Deathstroke et compagnie se solde par la mort de Slade Wilson qui a fait tant de mal aux Titans...
Daniel Bayliss, surtout connu pour ses prestations chez Boom ! Studios (avec des licences comme Power Rangers, Firefly), remplace ici Pete Woods (qui signe quand même la couverture). Et, là encore, j'en suis ravi car ses planches sont très solides, avec une narration très simple, parfaite par rapport à la structure de l'épisode (tout en flashbacks donc). Il signe également la colorisation, avec un résultat parfait.
A eux deux, ils réussissent donc le meilleur épisode. Celui qui, enfin, raconte quelque chose de consistant rapidement mais sans être bâclé, qui fait avancer l'intrigue franchement, qui met un point final au long défilé des recrues de Deathstroke et aux combats-prétexte des Titans. Bref, tout ce qu'on attendait et qui tardait tant à arriver.
Mon souhait pour la suite : que Layman continue ainsi, qu'il ne perde plus de temps, qu'on ait vite droit à la baston promise, qu'on sache si le Titan en quête de vengeance commettra l'irréparable (et si oui, avec quelles conséquences réelles). Et que Pete Woods revienne en forme pour ne pas qu'on regrette Daniel Bayliss.
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