Duke et le Cobra Commander se font face alors que le scanner du Pr. Monev est activé, prêt à convertir la population environnante en disciples de Cobra. Cependant, poursuivis par Destro, les G.I. Joes font demi-tour pour aider Duke au mépris du danger...
Je vais être totalement transparent dans cette critique (je le suis toujours, mais cette fois de manière encore plus appuyée) : c'est une énorme déception. Ce sixième épisode marque la fin du premier arc de la série et ce sera aussi la dernière fois que j'en parlerai car je ne vais pas poursuivre l'aventure. Mais je vais vous expliquer pourquoi.
Pour commencer, quand un auteur termine un arc narratif, à mes yeux, c'est comme s'il terminait une petite histoire (dans la grande que constitue la série). Il est donc convenu, comme un contrat passé entre le scénariste et le lecteur, que cette fin doit comporter un climax, une sorte d'apothéose, qui donne à la fois le sentiment que tout ce qui a précédé a un sens et que la suite mérite d'être lue.
Et ce n'est absolument pas le cas ici. Le dénouement de cet arc sonne creux, il est cliché, il n'a aucune intensité, et ne donne pas envie d'enchaîner avec le prochain. Le duel tant attendu entre Duke et le Cobra Commander souffre d'une absence totale de tension et le sort des autres personnages laisse indifférent. Même la dernière page ne créé pas de véritable sensation.
Ensuite, la fin d'un arc, c'est l'occasion de dresser un premier bilan de la série. G.I. Joe est une production divertissante mais qui manque cruellement d'aspérités. On lit ça sans réussir à s'y investir, ni non plus à sentir que les auteurs s'engagent dans quelque chose de vraiment ambitieux. C'est une série de série, un truc très industriel, formaté, qui ne décolle jamais.
En comparaison, la mini Duke, qui servait de rampe de lancement (avec d'autres mais que je n'ai pas lues), avait pour elle de rester focus sur un personnage, certes archétypal, d'un bloc, mais le résultat était efficace, divertissant. Là, en changeant de dimension, d'envergure, c'est comme si Joshua Williamson avait perdu de vue ce qui faisait le charme de Duke.
Tout est dilué dans une myriade de seconds rôles sans grand relief, trop manichéens, et Duke lui-même y perd de son attrait. Qu'il s'agisse de la Baronne, de Clutch, de Risk, aucun des G.I. Joe's n'a de vrai charisme, un moment qui le fait briller. Et c'est pareil du côté des méchants : Destro, le Cobra Commander sont fantomatiques, réduits à leur emploi de vilains.
Cette absence d'ambiguïté, de pouvoir de séduction, de distinction aboutit à un récit qui enchaîne certes les scènes d'action, mais au détriment de la caractérisation et de la dynamique de groupe. Sur ce dernier point, jamais on ne sent un esprit d'équipe chez les G.I. Joe's : il y a Duke, et les autres, qui sont davantage des faire-valoir qu'autre chose.
Mais le plus aberrant là-dedans, c'est qu'on partait avec cet espoir d'une série qui aurait pu être ce qu'une série SHIELD chez Marvel ou Checkmate chez DC a été. Seulement voilà, il n'y pas d'équivalent là-dedans : l'intrigue est à la fois trop simpliste, et bizarrement trop éclatée, trop confuse. Il est question de l'Energon, des Transformers, de l'organisation Cobra, des G.I. Joe's...
... Mais aucun de ces éléments n'est creusé. S'il fallait lire les minis consacrés au Cobra Commander et à Destro pour mieux apprécier G.I. Joe, alors c'est surtout un problème éditorial parce que le lecteur qui démarre direct par G.I. Joe a l'impression que tout ça est très désincarné, manque de background. En tout cas, c'est la sensation que j'ai eue.
En fait, cet Energon Universe veut à la fois être le beurre et l'argent du beurre : c'est vendu à la fois comme un univers partagé et des séries qui ne sont pas dépendantes. Sauf qu'à la lecture de G.I. Joe, on a plutôt l'impression que si on n'a pas lu au minimum Transformers, il nous manque quelque chose pour apprécier le contexte.
Et c'est ce qui me fait peur pour la suite de Void Rivals car si Robert Kirkman se met à faire référence aux Transformers, ça va devenir compliqué. Pourtant, c'est une série qui s'en passerait fort bien, alors que Transformers et G.I. Joe sont clairement beaucoup plus connectées. Mais bon, moi en tout cas, je n'ai aucune envie de me taper la lecture de Transformers.
La seule chose à sauver dans cette entreprise, c'est l'aspect visuel. Kirkman a Lorenzo de Felici, Daniel Warren Johnson a dessiné un arc de Transformers avant de passer le relais à Jorge Corona, un de ses fidèles, et Williamson a Tom Reilly. Ce dernier tire visiblement la langue sur ce sixième épisode mais assure quand même et boucle l'arc avec une bonne note.
Néanmoins, il va lui aussi céder sa place sur les prochains épisodes. Le défaut de Reilly est aussi sa principale qualité : il est un émule de Chris Samnee dont il a piqué tous les tics. C'est donc agréable à lire, un découpage vif, un trait sobre, des designs soignés. Mais c'est aussi très impersonnel. Et surtout, il y a un fossé entre Reilly et Samnee, dont la maîtrise est bien supérieure.
Pour terminer, il se trouve qu'en ce moment la série historique G.I. Joe : A Real American Hero publie des épisodes done-in-one "Silent Mission", entièrement muet. J'en ai lu deux (un par Dan Watters et Dani, l'autre par Leonardo Romero), ce sont de vraies merveilles narratives et graphiques. Des exercices de style certes, mais réellement impeccables.
Watters et Dani comme Romero font un vrai travail d'auteur tout en respectant les fondamentaux des personnages. Surtout, jamais on n'a le sentiment de lire un comic-book inspiré de jouets alors que la série de Williamson et Reilly ressemble trop souvent à un récit reproduisant des figurines et des véhicules sans ce supplément de style, d'âme.
Mais peut-être, comme on dit, que je n'étais pas le bon public pour ça, ça arrive, ça n'en fait pas quelque chose de mauvais, même si je serai curieux de savoir si ça se vend bien en France (en tout cas par rapport à Transformers et Void Rivals). Essayez si ça vous tente, mais seulement si vous avez de l'argent en trop à dépenser : il y a tellement d'autres choses meilleures actuellement....
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