VOID RIVALS, VOLUME 1 : MORE THAN MEETS THE EYES
(Void Rivals #1-6)
Darak, le meilleur pilote de chasse de l'armée argonienne, se crashe sur une planète déserte. Il y trouve Solila, une guerrière zertonienne. Les deux peuples dont ils font partie se livrent une guerre de longue date autour de l'Anneau Sacrée au coeur duquel se trouve un trou noir. Mais, échoués à des lieues de la bataille, ils conviennent d'une trêve pour réparer le vaisseau de Darak.
Malheureusement, malgré leurs efforts, l'engin explose. Solila explore les alentours et y découvre un robot immense qui se réveille. Il se demande depuis combien de temps il s'est endormi et repart sans emmener les deux naufragés. Darak et Solila ôtent leurs casques après s'être assurés grâce à la main cybernétique de Darak que l'atmosphère était respirables...
... Et ils se rendent compte que, malgré tout ce qu'on leur a racontés, ils sont semblables. Seule la pierre sur leur front n'a pas la même forme. Darak confie à Solila qu'il a eu la vision de cette scène et elle pense que la déesse Zerta la lui a communiqué. Cela suggère que leurs dirigeants leur ont mentis et que la guerre dissimule une machination sinistre.
Darak et Solila réparent alors le vaisseau de cette dernière mais ils sont abordés par le chasseur de primes Skuxxoid. Il les relâche en leur prêtant un aéronef à condition qu'ils lui laissent le leur. Alors qu'ils atteignent l'Anneau Sacré et qu'ils s'apprêtent à rejoindre leur planète respective à bord de capsule de secours, Solila trahit Darak en l'assommant et en le livrant aux siens...
Flashback : quand le n°1 de Void Rivals paraît en Juin 2023, je l'achète et je suis étonnamment séduit par le début de cette histoire de naufragés sur une planète déserte. Cela me rappelle le film Duel dans le Pacifique de John Boorman (1968). Je décide alors de poursuivre l'aventure, au moins pour un arc. Et ce, alors que je ne suis pas fan de Robert Kirkman.
Les mois passent et mon intérêt s'émousse. J'arrête les frais avant la fin de l'arc, trouvant que l'histoire ne décolle pas, et trop pris par d'autres séries. Presque deux ans plus tard, je me replonge dans ces floppies et, curieusement, cette fois, j'accroche jusqu'à la fin du sixième épisode. Je suis captivé par ce récit. Tant et si bien que je décide d'acheter le trade paperpack et les suivants parus depuis.
J'ai une petite théorie sur le bon moment pour lire une série. Cette théorie, je l'ai éprouvée à maintes reprises en n'aimant pas spécialement certains titres que j'ai relus plus tard en les appréciant vraiment. Il existe des rendez-vous manqués, non pas en raison de la qualité des oeuvres mais parce qu'on n'était pas dans les bonnes dispositions pour les apprécier. Void Rivals en fait partie.
Je ne suis pas client de ce qu'écrit Kirkman : je n'ai jamais lu The Walking Dead (les zombies ? bof.), j'ai pas accroché à Invincible, et je conseille Fire Power uniquement en albums (et surtout pour Chris Samnee). Par contre, j'ai beaucoup aimé Oblivion Song, notamment grâce au dessin de Lorenzo de Felici, qui est aussi l'artiste de Void Rivals.
En vérité, je crois que Kirkman est l'archétype de l'auteur qu'il faut lire en recueil. Ce qui m'avait fait abandonner cette série il y a deux ans, c'est principalement le fait que sa narration était très décompressée et supportait mal le rythme mensuel. Mais quand on lit les arcs d'une traite, ça passe crème.
On savoure alors la caractérisation, les péripéties, les subplots, les questions auxquelles Kirkman met du temps à répondre. Lire Void Rivals en floppies, c'est tout bonnement trop frustrant, trop lent. Ce qui se joue entre Darak, fils d'un ministre de la riche Argorra, et Solila, guerrière de la pauvre Zertonia, devient passionnant quand c'est inscrit dans une perspective.
Kirkman joue beaucoup, parfois trop, sur un certain flou : il met du temps à éclairer les situations, semble plus enclin à précipiter ses héros dans des embrouilles, à créer des coups de théâtre, qu'à construire une intrigue limpide. C'est flagrant avec le personnage de Skuxxoid, ce chasseur de primes, qui cherche à refourguer un prisonnier puis le vaisseau de Solila reparé avec des pièces de celui de Darak.
On retrouve à intervalles réguliers ce mercenaire sans bien savoir où l'auteur veut en venir avec lui, sinon pour en brosser le portrait d'un gredin, un peu stupide. Puis, progressivement, au-delà de ce premier tome, on commence à saisir la raison d'être de ce subplot, en lien avec les Transformers, le secret de l'Anneau Secret, la guerre entre Agorra et Zertonia...
Void Rivals s'inscrit en effet dans l'Energon Universe, une gamme de séries connectées depuis que Kirkman a acquis les droits d'adaptation en comics des jouets Hasbro, avec donc Transformers (qu'écrit Daniel Warren Johnson) et G.I. Joe (qu'écrit Joshua Williamson). Les Transformers sont au centre de ce système d'univers partagé.
Si, pour l'instant, j'ai pu me passer de lire Transformers, c'est parce que leur présence reste secondaire, un peu comme dans G.I. Joe. J'espère que ça va rester ainsi. D'autant que le cadre de Void Rivals est suffisamment riche : j'ai arrêté mon résumé avant d'en dire trop (même si j'en dirai forcément plus par la suite), mais on en apprend de plus en plus, en même temps que les deux héros.
Lorenzo de Felici a adopté un style plus nerveux que pour Oblivion Song et sa mini Kroma (cette dernière, contrairement aux séries Energon disponibles chez Urban Comics, ayant été traduite par Delcourt). D'aucuns ont trouvé le résultat décevant, voire bâclé. Ce n'est pas totalement faux quand on sait ce dont est capable cet artiste.
Mais ça reste injuste et sévère. En fait, de Felici semble surtout avoir voulu un graphisme adapté au genre de cette série : on évolue dans le registre de la science-fiction, du space opera, et l'action est spectaculaire. Ses designs sont à la fois simples, facilement mémorables, et denses, avec des identités visuelles fortes.
Surtout, la majeure partie du temps, Darak et Solila apparaissent casqués. Le dessinateur ne peut donc pas s'appuyer sur leur expressivité faciale et reporte ses efforts sur leur attitude, leur gestuelle, la composition des plans, leur déplacement dans les décors, la variété des compositions, des angles de vue, la valeur des plans.
Cette simplification n'est donc pas de la paresse, mais plutôt un moyen pour Lorenzo de Felici d'aller à l'essentiel. L'imagerie du space opera a été tellement exploitée qu'il est difficile d'être original. De ce point de vue, l'artiste ne cherche pas à innover, préférant se concentrer sur sa narration et servir le récit. Et c'est ce qui fait l'autre réussite de Void Rivals.
Les couleurs de ces six premiers épisodes sont assurés par l'excellent Matheus Lopes, mais il quittera le titre après ce premier volume, cédant sa place à Patricio Delpeche (sans que cela ne nuise à la cohérence du titre).
Je vous parle vite de la suite. So... Stay tuned !
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