jeudi 17 avril 2025

DETECTIVE COMICS #1096 (Tom Taylor / Mikel Janin)


Après avoir sauvé Scarlett Scott de l'explosion de son bureau, Batman porte secours au Dr. Bridget Foster, l'associée de la jeune femme. Celle-ci lui révèle son secret tandis que le reste de la Bat-famille empêche les délinquants juvéniles d'être embarqués...


Tom Taylor conclut son premier arc sur Detective Comics avec cet épisode. Les trois prochains numéros formeront une histoire plus courte, dessinée pour l'occasion par Lee Garbett, avant l'épisode 1 100 que le scénariste a annoncé plein de surprises et d'invités. Mais avant cela, que vaut la conclusion de ce récit ?


Difficile de ne pas trop en dire : alors, faisons simple. On y apprend qui se cache derrière le masque d'Asema et quels sont les mobiles de cette méchante. Mais Taylor ne ferme pas complètement la porte : en effet, il est évident qu'il y aura une suite car Asema, si elle agissait pour des motifs personnels, faisait aussi partie d'un plan plus vaste pour une organisation secrète.


Mine de rien, le scénariste a fait preuve d'une vraie ambition, il s'est approprié la série sans peur, en osant même y intégrer une retcon sur les origines de Batman, ou du moins de l'assassin des parents de Bruce Wayne. Une initiative assez audacieuse, mais vraiment bien exécutée, sans qu'elle suscite la controverse, enrichissant même la mythologie du héros.


On a senti tout au long de ces épisodes une volonté de la part de Taylor de vraiment apporter quelque chose en plus et pas simplement d'écrire une énième histoire de Batman. Il a dosé ses effets et su embarquer le lecteur dans son intrigue en ménageant jusqu'au bout le suspense et la révélation de l'identité d'Asema. Franchement, on est cueilli.

Alors, bien entendu, Taylor joue beaucoup avec ce que les personnages se cachent les uns aux autres, ce qu'ils apprennent les uns sur les autres. Mais je le répète, c'est habilement fait, avec assez de subtilité pour ne pas taxer Taylor de facilité. C'est à mon sens ce qui rend son run prometteur quand, sur Nightwing, il se montrait plus inégal.

Nightwing, même si j'ignore si c'était conscient ou pas, empruntait énormément à des séries comme Hawkeye par Matt Fraction et David Aja (jusqu'au chien handicapé), et le graphisme aérien de Bruno Redondo faisait, lui, penser à ce que Chris Samnee accomplissait sur Daredevil de Mark Waid. Mais sur Detective Comics, Tom Taylor a su éviter ces écueils.

La contribution visuelle de Mikel Janin y est pour beaucoup également : l'espagnol est désormais un artiste expérimenté, familier de l'univers de la chauve-souris, et son style est à la fois suffisamment affirmé et personnel pour qu'on ne soit pas tenté de le comparer avec ceux d'autres artistes. Sa manière découper, ses compositions, son trait même ne trahissent aucune référence encombrante.

Et, sans vouloir déprécier la qualité du personnage de Nightwing et de sa série, Batman est un héros qui exige davantage de ses auteurs et artistes. Il faut à la fois respecter son aspect iconique et se l'approprier, lui donner une identité propre. Janin est capable de ça après l'avoir longtemps animé quand il travaillait avec Tom King.

Pour ce numéro, Janin est encore soutenu à l'encrage, sur la moitié de l'épisode, par Norm Rapmund à l'encrage. J'ai trouvé que sur ce point c'était moins gênant que le mois dernier, même si Rapmund a toujours la main trop lourde et ajoute des fioritures inutiles au trait si élégant et fin de Janin. Par ailleurs ce dernier a repris la main sur la colorisation, ce qui est appréciable.

En conclusion, Detective Comics approche d'une nouvelle numérotation historique avec vigueur. Tom Taylor a de bonnes idées, bien appliquées, et dispose avec Janin d'un partenaire à même de valoriser ses scripts. De quoi attendre avec curiosité la relance en Septembre de Batman, par Matt Fraction et Jorge Jimenez...

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