vendredi 4 avril 2025

MOON KNIGHT : FIST OF KHONSHU #7 (Jed MacKay / Domenico Carbone)


Moon Knight a retenu la leçon de sa défait contre Achilles Fairchild : ce dernier ne peut être vaincu comme un de ses ennemis traditionnels. Il faut le frapper indirectement, donc en attaquant son commerce de stupéfiants. Et en commençant par trouver un antidote à sa drogue. Mais comment faire sortir Hank Pym de sa cachette ? Eightball a une idée. Risquée...


Je risque de me répéter, mais si, comme moi, vous ne comprenez plus grand-chose à ce que fait Marvel, à la médiocrité globale de sa production de comics (mais aussi de films, de séries en streaming), bref si vous cherchez malgré tout ça quelque chose à quoi vous raccrocher pour ne pas déserter, alors : lisez Moon Knight !


C'est, et d'assez loin, ce qu'on trouve de mieux actuellement chez cet éditeur. Ce qu'il y a de plus régulier en termes de qualité. Dans les prochains mois, on pourra miser sur des titres comme le relaunch de Captain America (par Zdarsky-Schiti), l'event Imperial (Hickman/Coello-Vicentini), et peut-être dès la semaine prochaine sur la énième relance d'Amazing Spider-Man (Kelly/Larraz-Romita Jr.).


Mais, en attendant, lisez Moon Knight, en actuellement le volume sous-titré Fist of Khonshu, nouvelle itération des aventures de Marc Spector dans le long run écrit par Jed MacKay. C'est tout bonnement excellent, original, efficace, très bien mis en images, impeccablement édité. Un sans faute qui réjouit. Et qui se confirme encore ce mois-ci avec ce septième épisode.


L'arc en cours est palpitant surtout depuis qu'on sait que le nouvel ennemi, inédit, de Moon Knight est rien moins qu'un renégat asgardien, trafiquant de drogue, et qui a infligé une raclée mémorable au héros. Raclée dont MacKay tire les conséquences et les enseignements dans ce numéro en y introduisant de nouveaux éléments.

L'avantage pour un scénariste que Marvel, par ailleurs, semble vouloir presser comme un citron, faute d'avoir quelqu'un d'autre d'aussi productif sous la main, d'écrire une série comme Moon Knight, c'est qu'on lui fiche la paix. Le personnage n'est pas une star, il évolue dans la marge de l'univers partagé Marvel, possède une fanbase réduite. Marvel ne va pas s'embarrasser à trop surveiller la série, sauf si les ventes sont désastreuses.

Mais justement MacKay a réussi à fidéliser les fans et a donc gagné le droit de faire ce qu'il voulait, dans son coin, avec ce héros dont son éditeur se fiche. Toutes proportions gardées, c'est un peu la situation qu'a connu Bendis quand il écrivait Daredevil (qu'il avait récupéré après la période Marvel Knights, Kevin Smith, Joe Quesada) et qui persuada Marvel de lui confier New Avengers.

MacKay, c'est pareil : la récompense de son travail sur Moon Knight lui a valu d'écrire Avengers et plus récemment X-Men. Mais, comme Bendis en son temps, il n'a pas lâché son bébé, et il a bien fait car il a encore des choses à raconter avec lui. Et contrairement à Black Cat, Moon Knight ne dépend pas d'un autre personnage plus exposé (en l'occurrence Spider-Man).

Donc, Moon Knight s'est fait ratatiner par Fairchild et cela lui a fait comprendre que ce n'était pas un adversaire à prendre à la légère ni à attaquer frontalement. Il faut le taper au porte-monnaie, donc la drogue, le glitter. Pour cela, il faut un scientifique capable de créer un antidote à cette drogue magique. Et Moon Knight en connaît un : Hank Pym.

Soucis (au pluriel) : 1/ Tigra, qui a eu une relation et un enfant avec Pym ignorait qu'il était encore vivant et 2/ Pym ne tient pas/plus à interagir avec d'autres super héros. Solution : Eightball, un comparse de Moon Knight, suggère de s'en prendre à un proche de Pym pour lui forcer la main. Ce sera sa fille, Nadia Van Dyne, la nouvelle Guêpe. Sauf qu'elle a du répondant...

Le script de MacKay fait des va-et-vient entre les préparatifs de l'attaque et sa réalisation, qui, évidemment, ne va pas se dérouler comme prévu, même si l'objectif sera finalement rempli. On peut dire qu'il s'agit d'un épisode de transition, mais en même temps MacKay récupère Pym (que Al Ewing avait un peu fait revenir, dans une mini-série d'abord, puis dans Avengers Inc. avant son annulation).

Pym est un personnage qui reste marqué par les violences conjugales commises contre Janet Van Dyne dans Avengers (#213, en 1981 quand même). Cette infamie aurait pu être purgée depuis, mais Mark Millar l'a reproduite dans Ultimates (#6, en 2002). Depuis, à l'exception donc de Al Ewing, tous les auteurs ayant touché à Pym ont continué à l'accabler.

Loin de moi l'idée qu'il faille pardonner ses actes, mais il serait intéressant d'examiner comment Janet Van Dyne estime tout ça après tout ce temps, par exemple. MacKay, ici, aborde le dossier Pym sous un autre angle, avec Tigra, et le dialogue qu'il leur fait tenir est suffisamment nuancé et intelligent pour montrer que Pym n'est pas un salaud irrécupérable. Je suis curieux de voir si et si oui comment MacKay va développer ça (Pym, sa rédemption, son rôle aux côtés de MK et sa bande, etc.).

En outre, avant le retour de Dev Pramanik le mois prochain, Domenico Carbone assure encore une fois un fill-in de grande qualité. Son style est toujours influencé par celui d'Olivier Coipel mais montre des efforts et des audaces dans le découpage, la composition de certains plans, la construction de certaines scènes vraiment épatants.

Avec Carbone et Pramanik, Moon Knight : Fist of Khonshu ajoute une corde à son arc en ayant deux très bons artistes (même si Pramanik est au-dessus de son suppléant), ce qui, là encore, n'est pas courant pour un comic Marvel.

Pour la dernière fois (cette fois-ci...), lisez Moon Knight. La série qui sauve l'honneur de Marvel.

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