vendredi 2 mai 2025

WE ARE YESTERDAY, PART 3 (of 6) - BATMAN / SUPERMAN : WORLD'S FINEST ANNUAL 2025 (Mark Waid, Christopher Cantwell, Morgan Hampton / Dan McDaid, Clayton Henry)


- BATMAN / SUPERMAN : WORLD'S FINEST ANNUAL 2025 - Dans le passé, Gorilla Grodd a assemblé la Legion of Doom et explique à ses membres son plan pour vaincre la Justice League. Pour cela, ils doivent dérober plusieurs engins leur permettant de voyager dans le futur mais sans que les héros de l'époque ne s'en doutent...


Bon, on ne va pas se le cacher : ce crossover entre World's Finest et Justice League Unlimited ne tient vraiment pas ses promesses. On est arrivé à mi-parcours et l'histoire n'a toujours pas décollé, on est toujours dans la phase d'exposition et d'explication et ça commence franchement à devenir long, laborieux et ennuyeux.


Vous avez déjà dû lire que, depuis son retour chez DC, Mark Waid a retrouvé des couleurs perdus à la fin de son bail chez Marvel (où il était en conflit ouvert avec plusieurs editors). Et c'est vrai qu'il semble plus heureux, ayant renoué avec la confiance de ses employeurs et bénéficiant de collaborateurs qui le stimulent.
 

Mais le bilan n'est pourtant pas, objectivement, si fabuleux. S'il a bien donné le change avec Batman / Superman : World's Finest, celui qui en a le plus profité, c'est bien Dan Mora qui y a gagné ses galons de superstar. A côté de ça, Waid s'est ramassé sur Teen Titans : World's Finest, un spin-off calamiteux, et a aligné des events comme Batman vs Robin, Lazarus Planet et Absolute Power décevants au bas mot.

Waid se montre certes très productif, mais son travail trahit un manque d'inspiration et une nostalgie, voire un passéisme qui deviennent terriblement lourdingues. Quand il partage réellement avec un artiste comme Chris Samnee sur Batman and Robin : Year One, là, oui, c'est jubilatoire, sans doute parce que Samnee sollicite surtout Waid pour l'aider à développer des scénarios, à les mettre en forme, à les dialoguer.

Mais en dehors de ça, il faut bien avouer que Waid ne tient qu'à son savoir-faire, sa connaissance encyclopédique de l'univers des comics (aussi bien chez Marvel que chez DC), sans dépasser cela par des idées audacieuses. En somme, Waid, aujourd'hui, fait un peu son âge, celui de ces seniors qui chez Marvel sont cantonnées à des récits situés dans le passé mais sur lesquels DC s'appuie pour donner une cohérence à leur univers.

C'est particulièrement flagrant quand on lit cet Annual de World's Finest sur lequel Waid est assisté de Christopher Cantwell (sans qu'on sache très bien qui ce qu'il apporte). Comme je le disais plus haut, l'intrigue de We Are Yesterday n'a toujours décollé et les deux auteurs en sont encore à nous expliquer en détail le plan de Grodd pour vaincre la Justice League.

Le souci, c'est que ces explications sont affreusement barbantes, avec les vols d'engins permettant à la Legion of Doom de voyager dans le temps. Les histoires de voyage dans le temps sont souvent accablantes par leur volonté de justifier les motivations de ceux qui les font et pour tenter de nous faire croire que non, ça n'aura aucune conséquence (alors qu'on sait très bien que c'est le contraire).

Rien ne fonctionne ici : la Legion of Doom qu'on suit ici est composé d'individus tellement psychopathes qu'on ne peut croire qu'ils puissent travailler en équipe et quand ils font l'effort de suivre les ordres, leurs actions sont poussives au possible, sans aucun rythme, sans aucun suspense. Réunir des méchants iconiques pour en faire le groupe ultime de vilains n'est pas une bonne idée.

Grodd apparaît donc comme un gorille particulièrement stupide en recrutant le Joker ou Bizarro, et on n'arrive pas admettre que Lex Luthor en particulier ne va pas le trahir. L'Epouvantail ou Black Manta font de la figuration, Sinestro n'est là que pour éclaircir une scène, Cheetah est sacrifiée, Captain Cold ne sert à rien. C'est vraiment n'importe quoi.

En comparaison de la Legion of Doom que Scott Snyder avait assemblée dans son run sur Justice League, celle-ci fait peine à voir et on ne doute pas une seconde que leurs manigances va aboutir à un échec cinglant... Pareil à ceux que Grodd reproche à ses alliés d'avoir trop souvent connus ! C'est risible, mais pas marrant.

Par ailleurs, bien que Dan McDaid soit un dessinateur intéressant, la copie qu'il rend est indigne de lui et de ce projet. On sent clairement que tout ce salmigondis ne l'intéresse pas le moins du monde et sa mise en images est souvent d'une telle laideur, avec des compositions traitées par-dessus la jambe, qu'on se demande s'il n'a pas voulu communiquer son ennui.

C'est bien simple : il n'y a rien à sauver dans ce naufrage. We Are Yesterday est en train de virer à la catastrophe total. Je ne crois absolument pas qu'on va assister dans les trois prochains chapitres à un redressement spectaculaire. Waid en fait trop en écrivant trop de trucs à la fois, à la chaîne, tout en réussissant, un comble, à ne pas en faire assez pour rendre cette lecture ne serait-ce qu'agréable.

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- THAT'S THE WAY OF THE WORLD - Comment et pourquoi John Stewart est devenu un Green Lantern alors que qu'il s'y était d'abord refusé...


Cet Annual est complété par un segment dont je ne m'explique pas la présence. Morgan Hampton écrit les origines soi-disant définitives sur John Stewart, le deuxième Green Lantern terrien après Hal Jordan. Je ne savais pas que c'était nécessaire. Mais je ne sais surtout pas ce que ça vient faire là, quelle est l'utilité de cet appendice. 


A moins que John Stewart soit destiné à jouer un rôle crucial pour la suite de We Are Yesterday et que ses origines comme Green Lantern nous instruise sur l'importance de son rôle, rien ne justifie ces quelques planches. Ce n'est même pas que c'est mal écrit, c'est transparent, ça n'apporte rien au personnage (sinon une épaisse couche de pathos).

Clayton Henry illustre tout ça avec soin, mais c'est le moins qu'on puisse attendre de lui.

C'est réellement une curiosité. Mais c'est surtout complètement dispensable.

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