Jeté dans une arène avec Wysta le sorcière araignée et Augustfall la général de l'armée des fourmis, Slade est certain de mourir. Il se rappelle de son enfance avec son père qui lui apprenait les rudiments de l'entomologie et cela provoque un sursaut... Ainsi que la réactivation de son amulette...
Jason Aaron et Mahmud Asrar ont réussi leur pari : Bug Wars est un gros succès puisque chaque nouvel épisode a droit à un deuxième, voire troisième tirage. Et c'est tout à fait mérité car Bug Wars a ce mélange d'originalité et de référence qui en fait une oeuvre à la fois singulière et efficace, abordable. Ce troisième épisode nous mène à mi-parcours (déjà !) de l'intrigue avec ces qualités.
Il se trouve que, par un hasard du calendrier, ce nouveau numéro sort en même temps que l'omnibus consacré à la série culte Micronautes de Bill Mantlo et Michael Golden auquel Bug Wars fait beaucoup penser avec son univers miniature, véritable monde insoupçonné peuplé de tribus où l'infortuné Slade se trouve pris au coeur d'un conflit entre trois ennemis.
Mais Aaron comme Mantlo en son temps a ce talent de rendre tout ça extrêmement clair : le lecteur n'est jamais à la ramasse, il identifie parfaitement les protagonistes, mesure les enjeux, suit la progression de l'histoire sans peine. Et ce n'est pas une mince affaire, surtout du côté des comics indés qui embarquent souvent leur public dans des aventures prenantes mais au début un peu confuses.
En effet, une bande dessinée indé, c'est tout à construire, à présenter. Il faut aller vite mais sans se précipiter, faire en sorte que toutes les informations que l'auteur communique soient accessibles. Sans quoi, on appréciera l'effort de proposer un produit hors des sentiers battus mais sans saisir exactement ce qu'on est en train de lire.
Jason Aaron a pris le parti, risqué, de plonger son héros et le lecteur dans un cadre très dense, très fourni. Il est donc normal qu'on soit initialement déboussolé. Mais comme tout bon scénariste, il sait nous guider et faire de son personnage principal quelqu'un qui subit puis réagit, démêlant avec nous les fils de l'intrigue.
Dans cet épisode par exemple, on reprend là où on en était resté : Slade, Wysta (la sorcière arachnoïde, et Augustfall (la général des fourmis) sont livrés à eux-mêmes dans une arène où ils doivent se battre pour survivre. La lutte est désespérée et Slade est sur le point de succomber. Mais la providence va lui permettre de s'en tirer et d'aider Wysta et Augustfall.
Le procédé est un peu facile, je vous l'accorde, mais si on accepte de passer outre, alors le meilleur vous attend. Car Augustfall va s'échapper et Wysta jouer sa propre partition. La guerre est aux portes des trois clans (scarabées, fourmis, araignées) et Slade est placé dans un rôle d'arbitre pour qui aura la chance de le compter dans ses rangs.
C'est palpitant à lire, très plaisant, du très bon Jason Aaron, inspiré, direct. Et bien aidée par Mahmud Asrar : l'artiste se fait plaisir, c'est visible, à chaque planche. Et, ayant été moi-même dessinateur dans une autre vie (avec laquelle je renouerai peut-être si j'arrive à être moins dépendant des écrans...), je sais qu'un artiste épanoui livre son meilleur travail.
Ce qui ne signifie pas que ça suffit, mais disons que si vous ajoutez le fait d'être consciencieux au fait de prendre du plaisir, alors vous êtes difficilement arrêtable. Asrar est un excellent dessinateur, avec une technique solide, un sens du storytelling impeccable, qui sait très s'encrer. Mais comme tous ses pairs, c'est quand il raconte quelque chose qui l'intéresse qu'il est au top.
Or, on sait, je vous l'ai déjà dit, que Bug Wars est un projet que Jason Aaron a écrit sur mesure pour Asrar. Et, comme à chaque épisode, en postface, on a droit à de consistants bonus, des coulisses, où le scénariste montrer les détails de chaque tribu et Asrar les designs qu'il a conçus. Autant de témoignages de l'investissement de l'un et de l'autre.
Et tout ce matériel s'anime sur les planches. Bug Wars n'a aucun mal à vous embarquer, à vous transmettre des émotions fortes. Que cet engagement soit salué par un succès critique et public est un juste retour des choses. Il faudra que vous guettiez la vf parce que ça s'annonce comme un immanquable de l'année.
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