Moon Knight est tué par Carver, la garde du corps de Achilles Fairchild, le trafiquant de drogue qui a ruiné sa réputation, détruit sa base et fait de lui un fugitif. Mais l'arme qu'utilise Carver est une épée provenant du royaume de Vanaheim, le prolongement du dragon Ginnar avec lequel, dans les limbes, il va négocier...
Comme vous avez dû le remarquer, je ne dis plus souvent du bien de Marvel dont je ne lis plus beaucoup de séries. La "maison des idées" a rarement aussi mal porté son nom et l'ensemble de sa production est d'une qualité qui laisse vraiment songeur un fan comme moi qui a grandi en suivant tellement de ses séries et auteurs.
C'est bizarre à dire, mais c'en est arrivé au point où souvent je me demande si ça me manquerait de ne plus lire du Marvel. J'ai l'impression d'un tunnel créatif sans fin, quand, en face, chez DC, il y a une offre si variée, une intelligence éditoriale si contrastée... Mais s'il n'en reste qu'un, alors ce sera Moon Knight : Fist of Khonshu pour m'empêcher de quitter le navire.
Et ce huitième épisode du volume en cours a de quoi mettre tout le monde d'accord. Sur les réseaux sociaux, les lecteurs sont unanimes et on sent même que ce numéro en particulier marque une sorte de tournant, comme quand une bonne série devient une grande série, un titre qu'on recommande de ne pas rater, le projet auquel il faut prêter attention.
Je ne peux qu'abonder : cet épisode est formidable. Et ce doit être ma meilleure lecture de la semaine (au moins dans les comics mainstream), l'alliance parfaite d'un excellent script et de dessins phénoménaux. C'est effectivement un numéro que, moi aussi, je vais recommander, et qui me semble être un tournant.
Comment mesurer cela ? Il y a un moyen au moins pour ça : la couverture spoile allégrement la scène pivot de l'épisode, qui se situe au tout début. Moon Knight se bat contre Carver, la garde du corps de Achilles Fairchild, le nouvel adversaire du héros, et elle lui plante son énorme épée dans la cage thoracique. Moon Knight est (encore) mort.
Bon, dit comme ça, ça n'a rien de fameux, de bien prometteur. Mais quand un scénariste réussit l'exploit de se servir d'un artifice aussi grossier pour en faire un numéro pareil, alors, là, on sait qu'on tient quelque chose de peu commun. Parce que, non, Moon Knight n'est, évidemment, pas mort et tout va dépendre de la manière de le ramener.
Marc Spector, à l'origine, c'est déjà un homme mort, ramené à la vie par Khonshu, pour devenir son bras armé, son poing de la vengeance. Donc, qu'il survive à un coup d'épée en pleine poitrine, c'est quasiment la routine. Khonshu va le sauver. Mais au prix d'un twist spectaculaire et d'une manoeuvre malicieuse de Spector.
Je ne vais rien vous en dire, mais on va en apprendre sur Carver, sur son arme (cette fameuse épée), et sur la manière dont Moon Knight va tirer profit de tout ça. Jed MacKay, on peut penser ce qu'on veut de lui par ailleurs et je n'ai pas été le dernier à douter de lui, mais ce qu'il accomplit sur Moon Knight, c'est déjà un classique pour ce personnage.
C'est équivalent à la période où Bendis a repris Daredevil, une approche aussi originale que Nocenti et Miller avant lui sans rien devoir à ces derniers. Et c'est comparable surtout dans la mesure où MacKay s'est vraiment entiché d'un personnage de second rang mais dont plus personne ne savait quoi faire. Bien sûr, il y a eu Warren Ellis, Jeff Lemire, mais ça n'était jamais assez long pour creuser autant le personnage.
Il se trouve que j'écris cette critique alors qu'on a appris le décès de l'immense Peter David. La spécialité de ce dernier, c'était justement la reprise de personnages dont les éditeurs ne savaient plus à qui les confier. David les aimait aussi parce qu'il pouvait les écrire sans être parasité par des events ou des crossovers (et même quand il devait composer avec ça, il savait en tirer le meilleur).
Je souhaite la même carrière à MacKay, mais en attendant, il fait avec Moon Knight ce que David a fait avec Hulk ou Supergirl par exemple : il le rend passionnant comme jamais, il lui donne des histoires mémorables, et en plus il est bien accompagné au dessin.
Parce que, si ce numéro est exceptionnel, il le doit aussi beaucoup à la prestation de Devmalya Pramanik qui livre des planches hallucinantes. On a eu de belles choses à lire cette semaine (et encore je n'ai pas parlé de tout ce que j'ai lu), mais bigre, Pramanik est vraiment impressionnant. Ses compositions, son découpage, ses ambiances (avec les couleurs de Rachelle Rosenberg)...
On ne lit pas un épisode comme ça tous les mois et d'ailleurs Pramanik ne peut pas lui-même enchaîner les numéros (mais la série a la chance d'avoir un excellent fill-in avec Domenico Carbone). En même temps, quand on voit ce qu'il pond, on peut - on doit ! - comprendre ce que ça exige de l'artiste. Et franchement, le premier qui se plaint parce que Pramanik n'est pas là à tous les épisodes, je lui colle une baffe !
Il faudra un jour que je fasse une rétrospective du Moon Knight de Jed MacKay, des deux précédents volumes (Moon Knight adjectiveless et Vengeance of Moon Knight). Je ne sais pas quand je pourrai, mais c'est un run émérite. Et voir que la qualité ne baisse pas, au contraire, ça laisse de l'espoir pour Marvel.





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