vendredi 23 mai 2025

BATMAN AND ROBIN : YEAR ONE #7 (of 12) (Mark Waid / Chris Samnee)


Double-Face a mis sur écoute le général Grimaldi qui reproche à Matthew Hagen/Gueule d'argile de ne pas s'être débarrassé de Batman. Ce dernier convainc Franco Bertinelli de convoquer une réunion entre les chefs des familles mafieuses de Gotham afin de faire cesser la guerre qui les oppose, orchestrée par Grimaldi. Lequel envoie des hommes de main liquider tous les hommes susceptibles d'être le dark knight...


Hier, je vous parlai de Mark Waid en termes peu flatteurs avec la quatrième partie de We are Yesterday. Aujourd'hui, je vais vous parler de Mark Waid avec beaucoup plus d'amabilité pour le retour, après un mois d'interruption, de Batman and Robin : Year One. Il y retrouve Chris Samnee, son meilleur partenaire.


Waid, comme souvent avec les scénaristes qui arrivent à un certain âge, a un côté nostalgique. On sait qu'il est, entre autres, un grand collectionneur de tout ce qui touche à Superman et à l'âge d'or des comics, sans parler de sa connaissance encyclopédique de l'histoire des comics DC et Marvel. Ce qui explique la justesse de ce qu'il écrit avec Batman and Robin : Year One.


En effet, en se replongeant au tout début du dynamic duo, Waid se place dans la situation d'un auteur qui revisite une époque qui lui est naturellement chère. Contrairement à World's Finest où il doit imaginer des histoires qui ne remettent pas en cause la continuité, ici il investit une zone dans laquelle il peut inventer des éléments en profitant d'un certain flou artistique.


On parle de choses qui se sont passées, qui ont été imaginées il y a plus de 80 ans et que plus personne ne (re)lit. En tout cas certainement pas les lecteurs actuels qui réclament d'abord un récit accessible sans avoir besoin de réviser les classiques. Et dans les intervalles, entre les lignes, on peut toujours trouver de l'espace pour intégrer des histoires sans trop de conséquences.

J'ai déjà eu l'occasion de le dire mais ce qui fait le sel de cette mini-série, ce n'est pas le méchant qu'affrontent Batman et Robin, mais bien la relation naissante entre Batman et Robin. Le général Grimaldi n'est d'ailleurs pas un méchant bien génial et donc on peut accepter que s'il n'avait pas été une création pour cette occasion, il aurait été de tout façon oublié depuis belle lurette.

Cela ne signifie pas que l'intrigue est sans intérêt, elle prend même un tour intéressant depuis le cliffhanger de l'épisode 6 puisque Double-Face a remis à Grimaldi ce qu'il avait volé au commissaire Jim Gordon : une liste de noms d'hommes susceptibles d'être Batman (je ne spoile rien, la couverture dit tout). On assiste donc à une traque pour éliminer les uns après les autres ces suspects.

Et pendant ce temps, Batman, qui ignore tout de cette liste, s'emploie à calmer les différents chefs de la mafia gothamite que Grimaldi a montés les uns contre les autres avec l'aide de Gueule d'argile. A noter que ce Clayface-là n'est pas Basil Karlo mais Matthew Hagen, le premier à avoir acquis les pouvoirs de Gueule d'argile.

Il est donc acquis que le second acte de la mini va davantage mettre en avant ces deux pistes narratives (qui est Batman ? Batman va-t-il pouvoir éviter une guerre des gangs ?). Waid se montre nettement plus inspiré ici que dans We are Yesterday, évoluant dans un contexte rétro mais sans compliquer les choses à l'envi, avec beaucoup de rythme, une dose d'humour, et pas mal de suspense.

Mais l'essentiel, ce qui donne à la série tout son (vrai) charme, reste intact : les interactions entre Bruce Wayne/Batman et Dick Grayson/Robin. Ce dernier gagne, selon son mentor, en maturité, en sens des responsabilités, tout en se départant pas d'une malice savoureuse, comme lorsqu'il réussit à duper Ms. Lyn, l'assistante sociale qui aimerait savoir pourquoi il a des bleus partout.

On devine que c'est cette partie qui a motivé Chris Samnee et à demander l'aide de Waid pour écrire le script sur une idée commune. L'artiste, père de deux filles (auxquelles il a rendu hommage dans Jonna and the umpossible monsters et qui a exploré le thème de la parentalité dans Fire Power avec Robert Kirkman), est lui aussi très en verve dans ces scènes.

Le génie de Samnee s'exprime bien au-delà évidemment. C'est sans doute, en l'absence de Stuart Immonen, le meilleur narrateur graphique actuellement. Ses découpages sont un modèle de fluidité et d'énergie, avec un soin apporté aux ambiances, par le biais des jeux d'ombres et de lumières, mis en valeur par les couleurs de Matheus Lopes.

On voit la différence entre ce que Samnee peut apporter à un scénario de Waid et ce que ce dernier écrit pour un Dan Mora par exemple. Ici, tout est plus subtil, élégant, équilibré. Samnee ne se laisse jamais débordé, et il inspire à Waid ce qu'il y a de mieux, en termes de caractérisation. C'est si bien fait que le lecteur ne remarque même plus l'effort que cela nécessite au dessinateur.

Impossible dès lors de ne pas être conquis. Mais surtout quel régal, quel plaisir de retrouver cette série après un mois sans. Batman and Robin : Year One est de ces comics qui vous rappellent pourquoi on aime tant lire ce genre de littérature. Et pourquoi on espère que Waid et Samnee n'en resteront pas là tant ces deux-là se complètent si bien.

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