VOID RIVALS, VOL. 3 : THE KEY TO VECTOR THETA
(Void Rivals #13-18)
Solila et Darak ont donc décidé de se séparer pour mener leurs missions chacun de leur côté. Darak doit entrer en contact avec la résistance sur Agorra et leur transmettre les infos de la réistance de Zertonia. Solila, elle, doit explorer l'Anneau Sacré qui sépare les deux planètes pour entrer en contact avec Zerta Trion puisqu'elle a la certitude qu'elle doit être sa messagère dans l'unification des deux planètes.
La maîtresse Vill, sur Zertonia, reçoit Zalilak qui est désormais acquis à sa cause et veut, lui aussi, cesser de comploter avec Dulin, son homologue sur Agorra, et unifier leurs peuples. Darak retrouve son père qui évoque une vieille prophétie assurant que sur Agorra et Zertonia font la paix, cela provoquera une catastrophe en réveillant le Goliant. Mais ils sont interrompus par un vaisseau qui s'approche de la planète.
Cet engin est un Cybertronien, comme Springer, nommé Hot Rod, à la recherche d'une source d'Energon. Solila, à l'intérieur de l'Anneau Sacré, rencontre le Vector Theta qui la guide jusqu'au coeur du dispositif où se trouve Zerta Trion qui s'avère être une Cybertronienne blessée et immobilisée là depuis des années. Elle lui raconte son histoire débuté sur la planète Cybertron conquise par les Quintessons qui, pour neutraliser les rebelles, ont dégainé leur arme ultime : le Goliant. Zerta s'est sacrifiée en l'attirant dans le trou noir de l'Anneau Sacrée...
Ce quatrième tome de Void Rivals sortira le 28 Mai prochain en vo (et sans doute dans quelques mois en vf chez Urban Comics) et il marque, à plusieurs niveaux, un tournant dans la série co-créée par Robert Kirkman et Lorenzo de Felici. On va d'ailleurs commencer par évoquer l'artiste puisque ce sont les derniers épisodes qu'il dessine.
En effet, il semble que de Felici ne s'était engagé sur la série que pour un nombre limité de numéros car il préparait un nouveau projet qu'il écrira et dessinera, son deuxième après l'excellent et superbe Kroma (disponible chez Delcourt) et que je vous recommande vivement. C'est tout de même une surprise car rien n'avait fuité jusque-là et c'est tout de même un coup dur pour Void Rivals.
Mais, soyons honnête, de Felici ne semblait pas tellement s'éclater sur cette série, qui mettait trop peu en valeur ses extraordinaires talents. Avec ses héros casqués, son univers hard S.-F.., sa narration hyper décompressée, l'italien semblait démotivé et d'ailleurs les critiques reprochaient à la série d'être tout simplement moins bien dessinée que Oblivion Song et surtout Kroma.
Il sera donc remplacé par Conor Hughes au #19. Je ne connais pas son travail, j'ai cherché à voir à quoi il ressemblait et il me paraît un crain en-dessous de de Felici, mais sans que son style ne dépareille avec ce qu'on a vu jusque-là..
Quant à la dernière prestation de de Felici sur Void Rivals, elle est dans la droite ligne de ce qu'il a proposé auparavant : son trait est très tonique, léger sur les détails (et c'est là qu'on voit bien que ça n'a pas l'air de le passionner de dessiner tout ça). J'aime beaucoup cet artiste, donc je n'ai pas envie de l'accabler. Je crois surtout que cette série n'était pas faite pour lui, pour mettre en valeur son dessin.
Il y a des planches magnifiques néanmoins, mais trop rares, et la colorisation de Patricio Delpeche n'y peut rien. En fait, le vrai problème est ailleurs : l'aspect graphique ne fait que souligner les défauts de cet arc - et peut-être même de la série en soi, donc des qualités d'écriture de Kirkman.
J'imagine mal comment on peut écrire en effet une critique mensuelle de Void Rivals tant sa construction repose sur une narration décompressée au possible et qui ne peut s'apprécier qu'en recueils. L'exemple le plus frappant sur ces six épisodes, c'est ce à quoi on assiste avec le personnage de Solila pourtant engagée dans une quête qui promettait d'être palpitante.
Elle passe cinq épisodes sur six à errer dans l'Anneau Sacré et c'est trèèèèèèès long. Surtout que le décor est totalement vide. La plupart du temps, on la voit errer dans un espace noir ou en tout très obscur et les péripéties qu'elle rencontre relèvent souvent du gadget (oh ! une trappe ! Oh ! un mur à grimper !). Tout ce qui pourrait évoquer une construction complexe, périlleuse est totalement supprimée et le suspense que c'est censé engendrer est donc absent.
Le Vector Theta qui donne son titre à l'album apparaît très peu (deux scènes !) et son design est décevant (une grosse sphère lumineuse). Il faut vraiment attendre la rencontre entre Solila et Zerta Trion (au n° 16 et surtout au n°17) pour enfin que tout ça s'éclaire et aboutisse à quelque chose de spectaculaire.
C'est donc après quatre épisodes très laborieux, où Kirkman tire sur la corde autant qu'il peut pour arriver péniblement à la fin de son arc, qu'on a enfin droit à un chapitre consistant, avec une vraie progression dramatique, des révélations sur les origines de l'Anneau Sacré mais aussi du conflit entre Agorra et Zertonia, le rôle des Cybertroniens (les Transformers quoi)...
Et le pire, c'est que, après nous avoir fait poireauter aussi longtemps, Kirkman nous sort des explications inégales. Certes, les origines de toute l'intrigue sont pas mal, elles offrent une perspective intéressante sur le magouilles de Dulin (le père de Darak), les croyances de maîtresse Vill (l'enseignante de Solila), et l'intégration des Transformers à Void Rivals...
... Mais, du même coup, on a alors le sentiment que Kirkman veut surtout justifier la place centrale des Transformers dans toutes les séries, de G.I. Joe et Void Rivals. On a alors la sensation que tous les personnages de G.I. Joe comme de Void Rivals ne sont en vérité que des spectateurs rencontrant de manière assez artificielle les robots géants.
C'est, comme toujours, la limite des univers partagés au moment où veut justifier que toutes les séries qui le peuplent sont connectées. Quand il s'agit d'un espace et d'une temporalité commune, ça passe parce que le lecteur n'est pas obligé de tout lire, et les auteurs de tenir compte de ce qui se passe dans les autres titres. En revanche, quand les séries sont organiquement liées, c'est une autre affaire...
Et j'aurai tendance à dire que ça musèle un peu tous les créatifs. Voyez l'ère de Krakoa des séries mutantes Marvel : quand les titres étaient trop liés, c'était chiant. Et c'est pourquoi, au départ, Hickman ne voulait pas qu'il y a trop de titres. Mais ça lui a échappé (notamment avec New Mutants donc il voulait faire quelque chose de totalement différent et qu'il remodèle aujourd'hui en vue de l'event Imperial).
Chez DC, actuellement, se pose un cas un peu similaire, mais mieux géré, avec Justice League Unlimited. Mark Waid n'est pas un architecte à la Hickman et donc les autres scénaristes ne sont pas tenus par la série JLU. Parfois ça pose question (sur l'existence d'autres équipes qui en pratique ne devraient plus exister puisque la JLU englobe tous les héros disponibles et volontaires), mais DC est plus souple que Marvel et le lecteur peut lire plusieurs séries sans se sentir contraints de suivre JLU.
Là, avec son Energon Universe, axé autour des Transformers, Kirkman ne laisse pas à Joshua Williamson ni à lui-même d'autre choix que d'intégrer les robots géants à G.I. Joe et Void Rivals. Et le moins qu'on puisse dire, c'est que dans G.I. Joe, c'est très secondaire (l'Energon occupe plus de place) alors que dans Void Rivals, les Transformers font maintenant partie intégrante du récit (avec Zerta Trion, Hot Rod, Springer).
Je suis donc très partagé. D'un côté, je trouve ça envahissant. De l'autre, je reconnais que Kirkman incorpore ça de manière assez ingénieuse pour expliquer un tas d'éléments (la guerre Agorra-Zertonia, l'Anneau Sacré, les Quintessons).
Par contre, ce que je n'aime vraiment pas et qui m'apparaît de plus en plus comme une addition inutile, et agaçante, ce sont les intermèdes avec le mercenaire Skuxxoid (qui sera au premier plan dans le #19) et l'arrivée de ces espèces de reptiliens à partir du #13, dont je vois pas l'intérêt, si ce n'est d'ajouter de nouveaux personnages dans une série déjà bien fournie niveau casting et enjeux. C'est lourdingue.
Le bilan est donc très contrasté : le dessinateur s'en va, l'intrigue progresse mais au terme d'un arc particulièrement poussif, de nouveaux personnages arrivent. La série est clairement à un tournant : il semble que tout soit là pour que ça accélère franchement (mais rien n'est sûr avec Kirkman). On en reparlera en Décembre, quand sera disponible le prochain volume. En croisant les doigts.
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