samedi 24 mai 2025

DETECTIVE COMICS #1097 (Tom Taylor / Lee Garbett)


L'arrestation d'Asema ne suffit pas à Harvey Bullock ni à Batman qui cherche à en savoir plus sur l'organisation Elixir qui employait la mère de Scarlett Scott. Mais pour enquêter discrètement à leur sujet, Bullock, devenu détective privé depuis son renvoi du GCPD, accepte de travailler pour Batman...


Il ne vous aura pas échapper qu'on approche de l'épisode 1100 de Detective Comics et évidemment, en Août prochain, DC et Tom Taylor nous préparent un numéro king-size pour fêter ça, avec notamment le retour au dessin de Mikel Janin et plein d'autres invités. Avant cela, le scénariste va nous faire patienter avec un arc en trois actes, mais qui prend la suite directe du précédent.
 

Asema est derrière les barreaux mais l'organisation qui l'employait, Elixir, fait disparaître tous ceux susceptibles de permettre à Batman de remonter jusqu'à elle. Le gardien Slaterry qui s'occupait de la maison de correction où échouaient les adolescents victimes de la tueuse est rapidement liquidé. Mais les victimes d'Asema continuent de hanter Harvey Bullock et Batman.


Or Bullock, qui a été renvoyé du Gotham Central Police Department par le nouveau commissaire Vandal Savage (qui a pris ce poste dans la série Batman quand elle était encore récemment écrite par Chip Zdarsky), se souvient, comme il le confie à Batman, d'une affaire qu'il a eue à traiter à ses tout débuts et qui expliquerait les origines d'Elixir.


Tom Taylor aurait-il inventé son équivalent à la Cour des Hiboux de Scott Snyder ? L'avenir nous le dira, mais il est vrai que ce n'est pas la partie la plus originale de son intrigue tant on a désormais l'habitude d'inventer des sociétés secrètes à Gotham dont Batman ignorait tout (alors que peu de choses échappent au meilleur détective de DC).

Mais ce sera bien la seule réserve que j'aurai concernant cet épisode, en tout point remarquable par ailleurs. Ce qui m'épate avec Tom Taylor sur cette série, c'est que, comme Joshua Williamson sur Superman, il n'est pas du tout intimidé par l'aura de son personnage. Il ne choisit ni de le déifier, de le sacraliser, ni de le rabaisser. Il le rend abordable.

Je crois qu'on assiste d'une certaine manière à la fin de l'über-Batman de Grant Morrison (tout comme à la fin du messie Superman comme l'envisageait Zack Snyder) et je trouve ça très bien. Les auteurs ne cassent pas ce qui a été fait avant eux, avec un succès certain (voire toxique dans le cas du cinéma), mais ils se réapproprient ces personnages iconiques avec la volonté de nous les rendre à nouveau proches.

Dans son arc inaugural sur Detective Comics, Taylor a pu paraître quelque peu invasif en retconnant une partie des origines de Batman, plus précisément la mort de ses parents et la responsabilité de Joe Chill. Mais en vérité, je pense que cette manoeuvre visait davantage à donner une note plus personnelle aux aventures de Batman.

Et qu'à partir de ce numéro il poursuive dans cette voie, en montrant bien que l'histoire avec Asema n'est pas close, c'est la preuve qu'il souhaite continuer dans cette voie-là. Tandis que la série Batman revient sur l'arc culte Hush en ce moment (avant son relaunch en Septembre) et joue à fond la carte nostalgique avec le duo Jeph Loeb-Jim Lee, Detective Comics prend le problème autrement.

Ici, donc, il s'agit de revenir aussi aux sources, mais celles du détective Batman. En ce sens, Taylor se plie complètement aux fondamentaux de ce titre. Et dans cet épisode, il va même plus loi, en reléguant Batman au second plan pour donner le premier rôle à Harvey Bullock, justement devenu un détecte privé après avoir été renvoyé de la police.

La manière dont Taylor amène cela est très simple et logique : Batman veut enquêter sur Elixir mais sans se dévoiler. Bullock sera son enquêteur sur le terrain, exploitant ses propres réseaux. Et cela va évidemment mal tourner tout en aboutissant à un twist final impossible à prévoir. Et qui donne très envie, donc, de connaître la suite.

Pour ce nouvel arc, Mikel Janin prend un peu de repos donc et passe le flambeau à Lee Garbett. C'est un artiste que j'apprécie, même si parfois je trouve qu'il pourrait peaufiner sa copie et passer à un niveau supérieur. A ma connaissance, il n'a jamais eu l''occasion d'exercer son talent sur Batman et c'est donc une véritable épreuve du feu.

Le résultat est très concluant. Il donne à Bullock une vraie épaisseur et sa narration est limpide, avec un découpage très sobre mais efficace. Garbett retrouve aussi à cette occasion Lee Loughridge, le coloriste qui l'accompagnait récemment sur The Big Burn (publié par DSTLRY et dont j'ai parlé sur ce blog). Loughridge est parfait avec sa palette à la fois nuancée et dominée par des tons sombres.

Plus tôt aujourd'hui, je parlais avec dépit de Spider-Man en déplorant la maladresse avec laquelle il était traité. DC avec Tom Taylor sur Batman explique presque comment s'y prendre pour animer un héros iconique sans, au bout du compte, en faire des caisses, mais en misant sur une bonne histoire, une bonne caractérisation, et des dessins ad hoc. Toutes choses que semble avoir oublié Marvel.

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