Spider-Man doit affronter le Super-Bouffon alors qu'il est à nouveau sujet à des hallucinations le renvoyant à son passé. Mais quand Itsy-Bitsy informe le Super-Bouffon que Brian Nehring a averti le FBI au sujet de la drogue dans les canettes de soda, il part l'éliminer et laisse sa tueuse en finir avec le tisseur...
Bon... Comment dire ? Ce n'est pas bon. Le mois prochain, ce premier arc de The Amazing Spider-Man version 2025 s'achèvera et je crois qu'il faut être lucide : la série n'est pas mieux embarqué que lors des précédents runs de Nick Spencer et Zeb Wells. Joe Kelly ne sera pas le sauveur du titre et je ne pense pas poursuivre l'aventure au-delà du #5.
Car, au fond, que nous raconte-t-on depuis quatre numéros ? Une intrigue inutilement alambiquée de sodas drogués qui ont fait perdre la boule au Rhino puis Spider-Man. On a connu entame plus palpitante et la manière dont Joe Kelly développe tout ça est loin d'être génial. Il a voulu sans doute démarrer tranquillement pour mieux monter en régime mais...
... Je ne suis pas sûr que cette stratégie convainque grand-monde. Nick Spencer comme Zeb Wells voulaient déconstruire la série avec des amorces explosives puis se sont effondrés progressivement. Joe Kelly, lui, a préféré rassurer les lecteurs échaudés mais son histoire s'est écrasée encore plus vite, faute d'enjeux à la hauteur.
Spider-Man est à Marvel ce que Batman et/ou Superman est à la Distinguée Concurrence : le vaisseau amiral, la tête de pont, la vedette de l'éditeur. Mais force est d'avouer que, depuis le départ de Dan Slott, malgré des passages discutables, les aventures du tisseur ne ressemble plus à grand-chose, comme si les auteurs qui ont passé après n'étaient pas fichus de concilier leur envie de bousculer le personnage et de gagner l'adhésion des fans.
Si vous comparez ce qui a été fait de Spider-Man avec ce que DC a produit pour Batman et Superman ces dernières années, la différence de qualité devient carrément abyssale. Joshua Williamson a su s'emparer de Superman sans complexes mais sans vouloir choquer à tout prix et après deux ans sur sa série, le bilan est très positif.
Quant à Batman, Chip Zdarsky a su lui aussi mener sa barque avec efficacité, sans rougir par rapport à ce qu'avaient conçu Tom King ou James Tynion IV. Pendant ce temps, trouvez-moi des fans heureux de leur lecture des runs de Spencer et Wells. A part les plus compulsifs, pour qui zapper revient à abandonner, je ne crois pas que beaucoup soient satisfaits, encore moins comblés.
Avant de relancer la série (pour la énième fois), Kelly avait écrit un arc déjà critiqué, (8 Deaths of Spider-Man), où sa suppléante, Justina Ireland, avait plus convaincu que lui. Le pitch (Dr. Fatalis chargeait Spider-Man d'affronter Cyttorak à sa place de sorcier suprême) n'était déjà pas fameuse, mais c'était surtout affreusement lourdingue.
Là, avec le relaunch, Joe Kelly a dû s'adapter à ce que Pepe Larraz était en mesure de produire, c'est-à-dire un arc narratif de cinq épisodes maximum. Mais alors qu'il disposait d'un artiste exceptionnel, facilement un des meilleurs sur le marché actuellement, il lui a livré un récit inepte, indigne de son talent.
D'ailleurs, là encore, faisons preuve d'honnêteté, qui aurait lu ces épisodes avec espoir si Larraz ne les avait pas dessinés ? L'artiste espagnol est la vraie locomotive de cette relance, celui pour lequel on a dépensé notre argent, celui sur qui on comptait pour prendre à nouveau du plaisir à lire Spider-Man. Et c'est heureux : il a été à la hauteur des attentes.
Mais un dessinateur, si fameux, si doué, soit-il, ne sauvera jamais un scénario médiocre. Le lecteur aura plutôt le sentiment qu'il perd son temps et que l'éditeur lui a refilé un cadeau empoisonné. Larraz voulait dessiner Spider-Man, mais je ne suis pas certain qu'il pensait dessiner une histoire pareille. Et je suis absolument sûr que les lecteurs voulaient le voir dessiner une meilleure histoire que celle-ci.
Rien ne fonctionne comme ça devrait : cette intrigue de sodas, la présence de Itsy-Bitsy (une obscure vilaine créée par Kelly dans les pages de Spider-Man/Deadpool #8), la création de Brian Nehring, ces flashbacks sans queue ni tête sur un Peter Parker ado rebelle... Tout ça ne vaut rien. Et la révélation que le Super-Bouffon est le méchant nous renvoie à un problème plus ancien : l'absence de renouvellement dans la rogue gallery du tisseur.
Ce qu'il faudrait à Spider-Man, ce n'est pas un traitement de choc, mais simplement quelque chose d'un peu plus inattendu, dépaysant, comme ce à quoi Daredevil est habitué. L'opposer à des adversaires nouveaux, inhabituels, dans un cadre où il n'aurait pas ses repères. Avec un auteur qui aurait, si c'est encore possible, un editor prêt à ces changements.
Mais qui, actuellement, chez Marvel pourrait faire ça ? Peut-être un Gerry Duggan au scénario et un Javier Garron au dessin. En tout cas, autre chose qu'un scénariste qui n'a visiblement rien de neuf à proposer. Et une star du dessin qui mérite mieux. J'y ai cru, à cette relance, mais ça n'a pas pris sur moi. Ce n'est pas encore pour cette fois que je vais relire sur Spider-Man sur le long terme.
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