Qui est vraiment Gwen Stacy ? L'épouse de Harry Osborn a elle aussi ses secrets. Et leur révélation va changer son mariage mais aussi la lutte entreprise par son mari contre Wilson Fisk et le Créateur...
He did it again ! On peut dire ce qu'on veut de Ultimate Spider-Man et de Jonathan Hickman : que c'est moins bien que la première version (par Bendis/Bagley), que le scénariste traîne un peu trop en route, que les absences de Marco Checchetto au dessin aboutissent aux épisodes moins réussis de la série, etc. Mais...
Quand Hickman et Checchetto sont réunis et qu'il s'agit de livrer un épisode qui vous retourne le cerveau, alors, là, c'est impossible de ne pas constater à quel point la série peut être géniale. De quoi regretter qu'elle ne soit pas bimestrielle en vérité parce qu'ainsi, c'est sûr Checchetto aurait le temps pour dessiner chaque numéro et Hickman de nous faire saliver avec ce qu'il a imaginé.
N'empêche aussi que cet épisode (comme le #14) est super compliqué à critiquer parce que, si j'en dis trop, ça vous gâche toute les surprises et ce serait vraiment criminel de ma part. Bon, je vais tâcher de m'en sortir quand même mais ce diable d'Hickman donne du fil à retordre à ceux qui veulent parler de ce titre sans spoiler.
Le mois dernier, on a vu que la famille Parker (Peter, MJ, leur fils Richard, leur fille May) avait quitté New York car l'identité secrète de Peter est désormais connu des Sinister six (et donc de leur chef, Fisk). Ils sont donc en cavale (officiellement) et en vacances improvisées (pour leurs enfants - même si Richard semble avoir compris que ses parents, sa soeur et lui sont en danger).
Quid de Gwen Stacy ? La dernière fois qu'on l'a vue, c'était lors du #12, quand les Parker et les Watson fêtaient Noël et qu'elle tentait de joindre par téléphone MJ et Peter car Harry avait disparu depuis plusieurs jours. MJ se rendait compte alors que Peter aussi n'était plus avec elle. Et pour cause : les deux hommes étaient prisonniers de Kraven le chasseur.
L'épisode de ce mois-ci revient sur les événements qui ont suivi (particulièrement dans les n°13 et 14), mais explore surtout le passé de Gwen, depuis sa rencontre avec Harry, leur mariage, la disparition mystérieuse de Harry. Et même avant tout ça, bien avant, quand elle n'était encore qu'une fillette qui venait de perdre sa mère et qui allait être élevé par son père, un homme secret...
Ce que réussit le mieux Hickman sur Ultimate Spider-Man, c'est trouver à la fois les petites différences entre ces versions de personnages très connus, familiers et les versions de l'univers classique (le 616), mais aussi surprendre complètement le lecteur en imaginant des variations folles, imprévisibles, insoupçonnables.
Et la vérité sur Gwen Stacy est sans doute le sommet du genre. Sa version classique est restée dans l'Histoire comme le symbole de la fin de l'âge de l'innocence pour Spider-Man quand le Bouffon Vert l'a tuée. Un moment traumatisant, autant que la mort de l'oncle Ben. De fait Gwen Stacy est devenue immortelle en mourant, comme Captain Mar-Vell.
En l'introduisant comme l'épouse de Harry Osborn, Hickman avait déjà fortement détourné ce moment marquant. Ce faisant, il jouait avec les nerfs des fans en faisant référence à l'arc narratif le plus controversé du run de J. Michael Straczynski (Sins Past, 2004) où était raconté que Gwen avait eu une liaison avec Norman Osborn et était même tombée enceinte de lui.
Hickman n'est pas allé aussi loin, mais en la mariant au fils plutôt qu'au père, il a su titiller les fans avec une histoire fameuse mais polémique. Ensuite, il n'a pas exploité ce qui semblait le plus prévisible : un triangle amoureux avec elle, Harry et Peter, dans la mesure où ce dernier est heureux en couple avec MJ, tout comme Gwen est très heureuse avec Harry.
Néanmoins, c'était un personnage encore peu consistant, et Hickman se charge ici de l'étoffer considérablement : par exemple, elle sait que Harry est le Bouffon Vert, on voit pourquoi elle a tenu à aider Ben Parker et J.J. Jameson pour fonder leur journal (et ce n'est pas de la philanthropie). Et surtout, surtout, on comprend qu'elle a des connections avec un des Sinister Six, mais sans trahir ni Harry ni Peter, tout en veillant à ce que Fisk et ses autres agents n'en sachent rien.
On assiste donc, médusé, à ce flashback magistral, et superbement dessiné par un Checchetto des grands jours qui, désormais, n'officie pas que sur les épisodes contenant le plus de baston. La maitrise de l'artiste italien s'exprime aussi dans ce genre d'exercice où il faut mettre en scène un personnage dans des situations calmes mais intenses, sans que tout soit réglé par un échange de coups de poings.
Checchetto, en outre, montre à quel point il est un fantastique character's designer : sa Gwen Stacy est tout bonnement sublime, pas seulement physiquement très belle, mais pleine d'un charme trouble, insaisissable, dissimulant des aspects qu'on n'attendait pas. Il faudrait, pour équilibrer la série, que, dans le futur, Hickman et Checchetto fassent le même cadeau à MJ (sans forcément aller aussi loin).
Je suis désolé d'être aussi allusif, mais, honnêtement, si j'en dis plus, ce serait indigne. Critiquer un comic-book comme celui-ci impose un minimum d'analyse, de ressenti, mais oblige aussi à préserver l'énorme surprise qu'il réserve au lecteur. Ce qu'on peut affirmer sans crainte par contre, c'est que cette "saison 2" d'Ultimate Spider-Man confirme une montée en régime prodigieuse par rapport à la première.
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