La Question a été propulsée dans le vide sidéral suite aux dommages causées à la Tour de Garde par le Cyborg Superman. Celui-ci la rattrape et la renvoie à l'intérieur, certain qu'elle est morte. Mais Renee Montoya est une dure-à-cuire et n'entend pas laisser son adversaire, qui a pris le contrôle mental de tous les membres de la Justice League, accomplir son funeste projet...
Ainsi se termine cette mini-série que j'ai beaucoup appréciée. Est-ce que Urban Comics prendra la peine de la traduire ? Rien n'est moins sûr et c'est dommage. Si l'éditeur n'avait pas abandonné ses parutions en kiosque, cela aurait fait un beau petit hors série tout en étant un complément de programme à Justice League Unlimited.
Sans vous dévoiler le dénouement, ce qu'a écrit Alex Segura aura eu bien des mérites : d'abord, jamais on ne s'est ennuyé tout du long de ces six épisodes. Le choix de faire porter l'intrigue sur Renee Montoya a créé un vrai suspense puisqu'elle n'a aucun super pouvoir, qu'elle a accepté un poste de chef de la sécurité sans choisir ses collègues et en évoluant dans un décor qui ne lui était pas familier.
Si Segura avait disposé de plus d'épisodes, on peut sans mal imaginer qu'il aurait creusé davantage cette ambiance spéciale où le personnage principal est en total décalage avec le reste des membres de la Justice League, travaillant dans un climat de méfiance, essayant de pointer les faiblesses de leur quartier général sans forcément être écoutée.
Segura, plutôt que d'essayer de tout développer, a su faire preuve de sagesse, et même de pragmatisme, en se concentrant sur la Question et sa relation avec Batwoman ou Vic Sage, son prédécesseur (toujours en activité : c'est mon seul bémol car je n'aime pas quand deux personnages partagent le même alias). Et au final, le scénariste s'en tire très bien.
Il tire le portrait d'une Renee Montoya qui admet avoir besoin des autres, de leur faire davantage confiance, qui reconnaît être trop sur la défensive et créé de la tension avec ceux qui pourtant louent ses qualités, son intégrité, son intransigeance aussi. C'est une femme hantée par ses échecs, par ses mentors aussi, qui veut être digne d'eux sans pour autant s'ouvrir aux autres suffisamment.
Le choix du vilain, le Cyborg Superman, vaut ce qu'il vaut. Segura en fait une menace sérieuse parce qu'il est aussi puissant et résolu, même si complétement tordu, que Montoya est humaine, donc vulnérable. Mais au fond, ce sont deux forts caractères qui s'affrontent, deux survivants, et chacun ne supporte pas d'être dépassé par la situation. C'est bien vu.
En cours de route, Segura sans doute trop sacrifié ses seconds rôles pour ne pas perdre de vue son héroïne. Mais in fine ça donne à sa mini série un côté Alien (le premier film) quand Ripley (Sigourney Weaver) finissait seule (avec son chat) contre le xénomorphe. Et ici, aussi, personne ne vous entendra crier dans l'espace...
Au dessin, Cian Tormey a fait preuve d'une régularité impeccable. C'est un artiste solide, classique dans son style certes, mais efficace. Aucun épisode, jusqu'au bout, n'a été bâclé. On sent que l'édition de la série a profité d'assez de temps pour que le dessinateur ne soit pas à la bourre - c'est encore un autre bon point de DC par rapport à Marvel où les productions sont souvent moins bien gérées.
Par ailleurs, Tormey sait à l'occasion sortir des planches inventives, sans effets tape-à-l'oeil, mais soignées, comme celle où Renee est encerclée par les apparitions de ses mentors (voir plus haut) qui expriment à la fois leur déception quand elle pense à abandonner et la remotivent justement parce qu'elle est vexée par leurs réflexions.
Sans aller trop loin, trop vite, c'est surtout le rythme et le dosage excellent des péripéties qui m'ont séduit. Et de ce strict point de vue, il est assez accablant de constater que The Question : All Along the Watchtower est (au moins pour l'instant) bien plus emballant que le crossover We Are Yesterday. Mais on en reparlera très vite...
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