Daredevil se lance à la recherche de Tyra, l'adolescente sauvée par Steve Rogers mais en cavale depuis. Elle est capturée par les sbires du Tireur après que ses pouvoirs se soient manifestés. Afin d'en savoir plus sur ce que Steve Rogers lui a dit, Daredevil se tourne du côté de Foggy nelson, puis il repart en chasse. C'est là qu'une autre vieille connaissance fait son retour...
Dernière nouveauté de la semaine, Daredevil : Cold Day in Hell #2 allait-il confirmer tout le bien que j'avais pensé du premier épisode ? Ne faisons pas durer le plaisir : c'est un grand "oui". Et ça fait du bien de relire du bon Daredevil, loin du run merdique de Saladin Ahmed en ce moment. Peut-être que cette mini série de prestige permettra à certains de réévaluer à la hausse ce qu'en fit Charles Soule...
Daredevil est doublement de retour puisque, dès les premières pages, on a la confirmation de ce que suggérait la fin du numéro précédent, à savoir que Matt Murdock enfilait à nouveau son costume rouge. Comme lui, il a pris cher : Steve McNiven le représente plein de coutures, rapiécé de toutes parts, visiblement il était remisé depuis longtemps, après de vilaines batailles.
En fait, c'est, mine de rien, le premier vrai mérite de cette histoire. Généralement, quand on s'amuse à imaginer la vieillesse d'un super-héros, il reste tout de même assez fringant, et son costume a l'air bien conservé. Là, ce n'est pas le cas : Matt fait vraiment son âge et sa tenue de Daredevil témoigne des stigmates du temps passé. Ce sont vraiment deux éléments qui ont vécu.
Malgré tous les mérites qu'on peut trouver à The Dark Knight Returns de Frank Miller, j'ai toujours trouvé que son vieux Bruce Wayne/Batman avait plutôt bien vieilli. Les cheveux avaient blanchi, la silhouette un peu épaissie, mais visiblement le héros avait dû continuer à faire de l'exercice et à prendre soin de ses affaires.
Là, Soule et McNiven n'hésitent pas à montrer une vraie décrépitude. Au début de l'histoire, Matt a carrément perdu ses pouvoirs et même s'il les a récupérés, on se rend compte que ce n'est que pour un temps limité. Et même dans cette intervalle, il y a des moments où ça s'en va et ça revient, il manque de s'évanouir, il a conscience que chaque effort va se payer plus tard (s'il survit à cette aventure...).
McNiven avait déjà prouvé son génie à dessiner un vieux héros dans Old Man Logan (la mini originelle, pas les suites affreuses que Marvel s'est cru bon de publier). Mais Logan, par définition, est quasiment immortel et comme dans The Dark Knight returns, il restait bien conservé. Dr plus Mark Millar l'entraînait dans une intrigue où il était question de réveiller la bête, le griffu.
Avec Daredevil, dont j'avais longtemps espéré que quelqu'un écrive une version Old Man (comme ce fut la cas ensuite avec Hawkeye, ou Peter Quill), Charles Soule n'a pas peur de pointer la fragilité, la vulnérabilité de son personnage et d'en faire même un des enjeux crucial du récit. Daredevil est vieux, il n'est pas au top de sa forme, et il y a un vrai suspense concernant sa capacité à aller jusqu'au bout.
Je n'étais pas tout à fait sûr de l'identité du vilain à la fin du premier épisode parce que McNiven là aussi n'y est pas allé avec le dos de la cuiller, mais c'est bien évidemment le Tireur qui resurgit lui aussi. Le degré de détails avec lequel il est portraituré évoque Frank Quitely, c'est dire. Il y a un côté ravagé, salement crépusculaire dans ce projet, qui le rend incroyablement puissant, intense.
J'insiste beaucoup là-dessus, mais ça m'a frappé. Le cadre limite post-apo, l'âge avancé des personnages, tout ça est d'une grande cohérence, mais avec sa propre singularité. Evidemment que l'ombre de The Dark Knight Returns plane sur un projet comme ça, mais ce n'est pas du tout un copier-coller, ça a une vraie personnalité.
De toue façon, Soule n'est pas Miller (même si je sais que cette remarque fera ricaner ceux qui n'apprécient pas Soule), entendez qu'il n'a pas la radicalité de Miller. Il sait qu'il vient bien après son classique sur Batman et d'autres comics similaires. Mais c'est justement parce qu'il ne cherche pas à se confronter avec cette mini-série mythique qu'il gagne son pari.
L'autre élément immanquable de cet épisode, c'est l'apparition d'Elektra. Pas de Daredevil et de Bullseye sans Elektra, c'est une sorte de trinité. Mais Soule la fait surgir de manière ingénieuse et intrigante puisque, elle, n'a pas vieilli. Il joue sur le fait qu'elle a souvent été ramenée à la vie (par Miller là aussi - cf. Elektra Lives again) mais aussi en misant sur un aspect quasi-faustien.
Dans la scène où elle intervient, Daredevil s'interroge jusqu'où elle a été prête à aller pour conserver sa jeunesse. Et en même temps il mesure le fossé définitif entre eux désormais parce que non seulement elle n'a pas vieilli, mais elle a renoué avec ses méthodes les plus expéditives. Il est aussi fortement suggéré qu'elle en sait long sur ce qui s'est passé récemment, avec l'explosion d'une bombe sale et ce qu'avait appris Steve Rogers.
Steve McNiven dessine Elektra dans toute sa fougue et sa froide détermination. La scène est magnifique et terrible. En copiant le fameux "gaufrier" de 16 cases de Miller, le découpage est virtuose, sans être un simple pastiche. C'est tout le brio de l'artiste de s'être approprié cette grille de lecture, à la fois pour lui rendre hommage mais surtout pour magnifier le script.
On peut voir à quel point McNiven et Soule ont étroitement collaboré sur le projet, son fond, sa forme (une fois encore, à la fin de l'épisode, on trouve des bonus sur la réalisation de la série, avec des croquis, des layouts, agrémentés de commentaires des auteurs et de l'éditeur Nick Lowe). Si vous vous intéressez, comme moi, aux coulisses, c'est un document jubilatoire.
Je n'ai vraiment que du bien à dire de Daredevil : Cold Day in Hell. Vraiment, ce serait extra que Marvel ose davantage de projets de ce genre (pas forcément des histoires sur la vieillesse des héros) et développe même un label dédié. Quant à la vf, je ne me fais pas de souci (je parie que Panini en fera un bel album, pour Noël par exemple. Et ça fera un super cadeau à (s')offrir). Rendez-vous en Août pour la suite et fin.
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