samedi 17 mai 2025

CAPTAIN AMERICA : BRAVE NEW WORLD (Julius Onah, 2025)


Thaddeus Ross est devenu le nouveau Président des Etats-Unis et il espère, malgré leurs relations tendues dans le passé, que Sam Wilson/Captain America va l'aider à reformer les Avengers afin de protéger le pays. Cela intervient dans un climat politique bouleversé par le Céleste trouvé dans l'océan indien et dont la ressource principale, l'adamantium, attire toutes les convoitises mais que les USA souhaitent voir partagées équitablement.
 

Pour ce faire, Ross veut faire signer un traité international et convie plusieurs chefs d'Etats à la Maison-Blanche. Mais un attentat les vise dans lequel est impliqué Isaiah Bradley, un ami de Sam et ancien super-soldat qui est appréhendé avec plusieurs autres. Sam et Joaquin Torres/le Faucon enquêtent pour disculper leur ami et découvre qu'il a été conditionné mentalement avec les autres suspects grâce à son téléphone portable.
 

En remontant la piste du dernier appel reçu par Isaiah, Sam et Joaquin découvrent une base secrète dans laquelle est enfermé le savant Samuel Sterns, exposé aux rayons gamma, et qui souhaite se venger de Ross, responsable de sa condition. Sterns parvient à s'échapper alors même qu'à proximité du Céleste le Japon et les Etats-Unis sont au bord du conflit armé depuis que le premier ministre Ozaki accuse Ross de vouloir s'accaparer l'adamantium.


Captain America et le Faucon s'emploient à désamorcer cette crise mais Joaquin est gravement blessé durant l'opération. Sam doute d'être à la hauteur du rôle dont il a hérité mais un médecin militaire, à qui il demandé d'analyser des pilules trouvées dans le labo de Sterns et identiques à celles que prend Ross, lui révèle le résultat qui va provoquer un nouvel incident terrible...
 

Pifouboy, cette critique est pour toi (même si ce film ne l'est peut-être pas...) puisque tu m'as fait part de ton regret de ne plus lire mes articles sur des films. Sache seulement que je n'ai pas tout à fait changé d'avis : je ne compte pas repartir sur des critiques de films régulières, je me contenterai certainement de parler d'adaptations de comics.


Quand Captain America : Brave New World est sorti en Février dernier, j'ai été le voir mais je n'avais donc pas voulu lui consacrer un article. Manque de motivation, d'énergie, d'inspiration. Mais donc, après Thunderbolts*, je me suis dit qu'il serait temps, même si, je le dis tout de suite, le plaisir que j'en ai retiré n'a rien de comparable.

Sans se ramasser au box office, le 35ème long métrage du MCU a été éreinté par la critique. On peut le comprendre au vu de sa qualité très moyenne, pour ne pas dire médiocre. Mais il s'agit en même temps d'une sorte de document synthétisant ce qu'a été la Phase V du MCU, un produit dont visiblement le studio n'a su que faire mais qu'il a quand même fallu sortir tout en étant certain que ça ne fonctionnerait pas.

Vous pouvez bien mettre l'équipe publicitaire qui avait encadré la sortie de Captain America : The Winter Soldier, tout ce qui s'en dégagera, c'est le gouffre qui sépare ces deux films dont l'ambition est de mêler espionnage et super-héroïsme mais qui, dans le premier cas, a abouti à un excellent opus et, dans le second, à un objet informe.

Pour peu que vous vous intéressiez aux coulisses des productions Marvel, vous savez que Brave New World a connu un tournage difficile qui a nécessité d'importants reshoots, si considérables qu'un personnage a été ajouté à l'intrigue, elle-même retricotée entre temps. Ce n'est jamais bon signe, même si les blockbusters connaissent souvent le tournage de scènes additionnelles ou corrigées in extremis.

Il n'empêche, le résultat est un film malade. Qui ne trouve jamais son équilibre. Et pour lequel le spectateur ne trouve jamais le divertissement qu'il espérait. Au bout du compte, tout ça ressemble à une tentative désespérée de recoller des morceaux non seulement dans le script dudit film mais aussi avec d'autres films plus anciens.

Par exemple, l'histoire démarre par l'élection à la présidence de la république du général Thaddeus Ross, bien qu'il reste connu comme un officier militaire colérique et impliqué dans le désastre de l'arrestation ratée de Hulk lors de son affrontement avec l'Abomination. Si, rappelez-vous : c'était dans le film The Incredible Hulk de Louis Leterrier... En 2008 !

Plus personne ne se souciait de cet opus mais Kevin Feige avait visiblement envie d'y revenir et de boucler ce dossier. Entre temps, l'interprète de Ross, William Hurt, est mort (en 2022) et Feige a convaincu, avec un gros chèque, Harrison Ford de le remplacer. La star d'Indiana Jones ne se cache pas d'ailleurs que c'est l'argent qui l'a motivé et qu'il ne compte pas rempiler.

Bon, ça, c'est fait, et ce n'est déjà pas glorieux. Mais Feige s'est aussi subitement souvenu que durant cette Phase V du MCU, il avait produit Les Eternels en 2021 et qu'à l'issue de ce film, un Céleste flottait dans l'océan indien sans que personne ne l'a évoqué depuis. Alors, tiens, si on casait ça dans ce scénario, histoire de montrer aux fans qu'on n'a pas oublié.

Hé bien, ne vous attendez pas à ce que cet élément soit bien traité ni même développé. Les scénaristes (pas moins de cinq dont je vous épargnerai l'énumération) ne s'en servent qu'a minima pour titiller ceux qui espèrent toujours voir un film sur les X-Men dans le MCU avant de partir à la retraite : le Céleste est une source d'adamantium, c'est-à-dire le métal du squelette et des griffes de Wolverine.

Vendu dans l'intrigue comme une ressource supérieure au vibranium wakandais, c'est en fait un gadget scénaristique qui n'est cité que pour aguicher le fan. Ôtez l'adamantium au script et remplacez-le par de la poudre de perlimpinpin et ce sera pareil. Le Céleste, lui, est devenu une espèce d'île où manque de se déclencher une guerre entre le Japon et les Etats-Unis et puis... Et puis c'est tout !

Les reshoots précités ont servi à introduire le personnage de Seth Volker alias Sidewinder de la Société des Serpents. Giancarlo Esposito a lui aussi cédé à un bon chèque pour participer à l'affaire puisque ce n'est pas son rôle, inutile et creux, qui a pu le motiver. Arrivé là, on se demande quand même s'il y a jamais eu un pilote dans cet avion...

L'intrigue proprement dite est cousue de fil blanc, mais Julius Onah a le mérite de ne pas faire traîner les choses (le film dure à peine plus de deux heures). Le vrai méchant du film est censé être un savant fou du Samuel Sterns mais son plan est d'une débilité effarante, fondé sur une vengeance très basique et que le héros découvre aussi vite que le spectateur.

Marvel a de toute façon spoilé, comme il ne peut s'empêcher de le faire, la véritable attraction du projet : le Hulk rouge, création crétine de Jeph Loeb dans les comics. Il apparaît très tard dans l'histoire et en disparaît aussi vite, l'issue de son combat contre Captain America étant d'une nullité rarement vue (ah, les cerisiers en fleur, que c'est joli...).

Comme je le disais plus haut, c'est un véritable concentré de ce qui n'a pas fonctionné dans la Phase V du MCU : des personnages issus d'une série déjà raté (Falcon et le Soldat de l'Hiver, censé imposer Sam Wilson comme nouveau Captain America et Joaquin Torres comme nouveau Faucon), trois méchants aussi mal écrits les uns que les autres, un récit d'une imbécilité à la limite de la parodie...

Mais là où, donc, Thunderbolts* a su transformer le plomb en or en ne cherchant pas à raccrocher les wagons et en osant s'aventurer dans des territoires inédits, Captain America : Brave New World s'épuise à expliquer, justifier, divertir, sans jamais réussir quoi que ce soit, comme si le film courait après ce qu'il pourrait bien le définir.

Harrison Ford et Giancarlo Esposito hors jeu, on s'accroche à Anthony Mackie qui est un très bon acteur mais qui doit se dépatouiller avec un rôle impossible, celui du successeur mais que les auteurs coincent dans la peau d'un type atteint du syndrome de l'imposteur. C'est dommage. Danny Ramirez joue son sidekick casse-couilles, là aussi un gâchis total.

Le pire cependant est à venir avec Shira Haas : elle campe Ruth Bat-Seraph, alias Sabra dans les comics, une héroïne israélienne, mais devenue embarrassante dans le contexte actuel de la guerre contre le Hamas. Résultat : ce n'est plus ici qu'une garde du corps grotesque qu'on veut faire passer pour une redoutable guerrière (car reliée aux Widows, comme Yelena Belova ou Natasha Romanoff).

Et puis il y a Tim Blake Nelson qui revient donc 17 ans après The Incredible Hulk pour jouer Samuel Sterns. Affublé d'un maquillage effarant tout droit sorti d'une série Z, chacune de ses apparitions génère une vraie gêne tellement c'est raté. Je ne sais pas si, lui, a été bien payé pour revenir, mais pour le coup, je l'espère parce que c'est vraiment terrible.

On croyait avoir touché le fond avec Thor : Love and Thunder et Ant-Man et la Guêpe : Quantumania. Mais Captain America : Brave New World a prouvé que non. Au moins, après ça, on est certain que ça ne peut pas être pire. Thunderbolts* l'a prouvé. Et souhaitons que Fantastic Four : First Steps le confirme.

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