Zatanna comprend que la meilleure manière d'affronter Brother Night et Lady White est de consulter ses cauchemars. Elle rencontre donc Fuseli, un démon qui a autrefois servi Brother Night pour en savoir plus sur ses faiblesses. Puis elle interrompt la nuit des désirs qu'il a organisée avec Lady White. Mais Blue Devil leur sert à la fois d'appât et d'arme...
Depuis le début de cette mini-série, plusieurs éléments m'échappaient et, pourtant, par paresse, je n'avais pas entrepris de recherches pour me faciliter la tâche. Mais arrivé à cet antépénultième épisode, j'ai compris que si je persévérai, j'allais être franchement largué et il me fallait en savoir plus sur ce que convoquait Jamal Campbell dans cette histoire.
Un personnage en particulier me filait comme du sable en les doigts et c'était Brother Night. Le nom me parlait sans que je réussisse à le situer. Et puis je me suis souvenu, en consultant le site comicvine., où je l'avais déjà vu : c'était dans le run de Paul Dini sur Zatanna en 2010, où l'auteur revenait en détail sur les origines de ce marchand d'âmes.
De son vrai nom Eldon Peck, Brother Night a d'abord croisé le fer avec le père de Zatanna et il s'était servi pour le manipuler du démon Fuseli qu'on retrouve dans ce quatrième épisode de la mini de Jamal Campbell. On comprend alors mieux la faveur qu'il lui doit quand elle fait appel à lui pour découvrir le point faible de Brother Night puisque Zatanna avait libéré Fuseli de l'emprise de Peck.
Mais donc, ce qu'il faut retenir et qui explique pourquoi Peck a torturé Blue Devil et va s'en servir contre Zatanna ici, c'est donc que Brother Night fait le commerce des âmes et les contrôle à son désir. Pour défaire Zatanna, il a procédé de la même manière en pervertissant ses sortilèges de telle manière qu'à chaque fois qu'elle en prononçait un, elle était en proie à des douleurs croissantes.
Quant à Blue Devil, petit rappel :Dan Cassidy était acteur lorsque, sur un tournage, le démon Nebiros a surgi et l'a pris pour un autre démon à cause du costume qu'il portait pour le film. Au terme de leur affrontement, bombardé par l'énergie mystique de Nebiros, le costume est devenu la nouvelle peau de Dan Cassidy qui a alors embrassé la carrière de justicier mystique.
Un point que j'ai dissimulé jusque-là, c'est que chaque épisode s'ouvre à la manière d'un conte raconté à Zatanna enfant par sa mère Sidella. Et justement, cette fois, elle lui explique ce qui est arrivé à Dan Cassidy avec Nebiros qui fuyait en réalité Etrigan le démon avant d'apparaître sur le tournage du film.
Jamal Campbell a donc bien révisé ses classiques et ce qui ressemblait à une sympathique petite histoire avec Zatanna convoque en vérité plein d'éléments rattachés à des récits antérieurs la concernant elle, mais aussi Blue Devil, Brother Night, la mère de Zatanna. Et probablement doit-on s'attendre à ce que le père de celle-ci fasse reparler de lui avant la fin.
D'un côté, c'est du travail sérieux, prouvant que Campbell a des choses à dire, à exploiter avec son héroïne. Mais de l'autre, ça exige du lecteur d'être quand même bien au fait du passé de la magicienne, des ennemis de la famille Zatara, de leurs alliés occasionnels. Je pensais pouvoir m'en dispenser et j'avais tort car je passais à côté d'éléments importants pour l'intrigue.
Et je pense que le format de la mini-série dessert quelque peu cette ambition. En effet, Campbell a assez de matière pour développer plus qu'une intrigue. En l'état, on a quelque chose de dense qui passe par un contenu parfois très verbeux pour que le lecteur saisisse ce qu'on lui raconte, ou au moins sente que les racines de l'histoire sont plus anciennes qu'il n'y paraît.
Je crois donc qu'en disposant de plus d'épisodes, voire même en envisageant une série régulière, le résultat aura été plus digeste, plus fluide. Et personne ne s'en serait plaint car, en prime, on aurait eu le plaisir de lire plus de planches magnifiquement dessinées par Campbell, qui, une fois encore, fait l'étalage de tout son talent pour les mises en scène colorées.
Il est indéniable que parfois, chez cet artiste, les explosions de couleurs peuvent un peu nuire à la lisibilité de sa narration graphique. Campbell semble grisé par les possibilités techniques de l'infographie tout en les maîtrisant tout de même formidablement. Peut-être ce léger souci serait réglé avec un "encrage" plus cerné.
Mais en même temps son inventivité dans l'enchaînement des cases, la puissance visuelle dont il fait preuve est incontestable et fait de Zatanna une des plus belles productions actuelles. Campbell a pour lui ce qui distingue les grands : on reconnaît ses planches immédiatement par leur découpage, le charisme de ses personnages, l'intensité de leur dispositif.
S'il devait persévérer comme auteur complet, on peut affirmer sans se tromper que Campbell en a sous le pied. Et il se lâche franchement pour nous le prouver, maîtrisant son sujet, déployant ses capacités visuelles, divertissant sans mal. Toutefois, on peut juste lui demander de faire un peu plus attention en écrivant des intrigues plus abordables et un chouia moins bavardes.
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