lundi 28 octobre 2024

X-FACTOR #3 (Mark Russell / Bob Quinn)


Havok a demandé à Rodger Broderick de retrouver Polaris après leur dernière séparation houleuse. Mais en contrepartie, il doit diriger une nouvelle mission avec X-Factor. Direction : la lune où un milliardaire sans scrupules a fait construire une base dont le système de sécurité est hors de contrôle...
 

Si vous suivez l'actualité US et donc la campagne électorale pour l'élection présidentielle, vous avez pu voir qu'Elon Musk soutient activement Donald Trump pour qu'il redevienne le locataire de la Maison-Blanche. Et si certains voient en Musk un visionnaire de la conquête spatiale, d'autres ont sans doute davantage remarqué que le type était en vérité complètement timbré.


Hier encore, alors que l'agent orange faisait un meeting au Madison Square Garden qui ressemblait beaucoup à celui des pro-nazis de 1939, le "dark MAGA" comme il s'est lui-même qualifié s'est encore une fois surpassé dans le grotesque et le sinistre. Hé bien, Marvel, ou plus exactement Mark Russell a créé son propre Elon Musk.


Ce triste sire s'appelle Ethan Farthing et comme son modèle dans la vraie vie il ne jure que par la conquête spatiale. Il a même déjà une base sur la lune et un programme scientifique avec des savants sur place. L'endroit est sécurisé mais menacé par des factieux mutants. A moins que ce ne soit du flan pour envoyer X-Factor dans une nouvelle mission-suicide...


On a peu l'occasion de se marrer en lisant des comics super-héroïques, ou alors c'est involontaire de la part des éditeurs et des auteurs (tenez, au hasard, avec Amazing Spider-Man de Zeb Wells, qui vous rappelle que la nullité est sans fond). Alors quand on a droit à une série qui fait rire en le faisant exprès et qui le fait bien, on apprécie.

Plus ça va, plus la nature farcesque de X-Factor se révèle, se confirme. Je ne sais pas comment Mark Russell a fait croire à Tom Brevoort qu'il allait lui livrer un énième X-title, mais c'est un coup pendable qui a dû faire réfléchir l'editor depuis. Parce qu'il va quand même très loin.

Bien sûr, la caricature de Musk est presque facile mais tout de même, quand on connaît la frilosité de Marvel à attaquer les puissants de ce monde, c'est assez osé. Quand bien même vous ne goûtez pas spécialement à la satire politique, X-Factor est irrésistible par la franche déconnade que la série incarne, une sorte de comic-book de contrebande qui se serait glissé dans la gamme des titres mutants.

Le parti-pris de Russell semble de s'être dit : puisqu'on a des mutants qui ont été tellement mal écrits ou sous exploités depuis des lustres (au premier rang desquels Havok), alors autant les briser en mille morceaux, carrément, en faire de parfaits crétins, qu'on envoie au casse-pipe. Et de ce strict point de vue, la série n'épargne personne : après avoir carrément mis en pièces une première formation dès le premier épisode, les remplaçants sont aussi maltraités (si ce n'est plus).

Pyro ? Il ne sait même pas que ses pouvoirs sont inefficaces dans l'espace. Cecilia Reyes ? Elle est juste là pour soigner les blessés et en attendant elle textote avec un mec. Frenzy ? Elle semble être la seule à constater le désastre. Xyber ? Il a tout le temps la trouille. Havok ? Il sait qu'on lui raconte n'importe quoi mais accepte le job pour retrouver Polaris. Et puis il y a Granny Smite, qui va devenir votre mutante préférée même si vous ignoriez son existence - et pour cause elle a été créée pour cette série - mais dont le pouvoir, le tempérament sont tordants.

Russell aurait pu être puni de son irrévérence en héritant d'un artiste de seconde main. Mais la chance sourit aux audacieux car on lui a donné Bob Quinn et ce dernier affiche une forme tellement insolente sur ce titre qu'on se dit que les planètes étaient alignées : ces deux-là étaient faits pour travailler ensemble, sur cette série précisément.

Le trait très expressif, le découpage énergique, le bon plan au bon moment, tout chez Bob Quinn est parfait pour cette version de X-Factor. Même si c'est différent, esthétiquement et narrativement, on pense à Justice League International de Giffen, DeMatteis et Maguire parce que Russell et Quinn prennent leur projet de la même manière que leurs trois vénérables confrères revisitèrent la Justice League : en s'autorisant tout puisqu'ils n'ont rien à perdre.

Le résultat est indéniablement ce qui se fait de mieux dans la relance de la gamme mutante : X-Factor est le titre le plus original, le plus décapant, le plus acide. Et c'est bien pour ça qu'il faut en profiter tant que ça dure.

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