jeudi 12 septembre 2024

THE UNCANNY X-MEN #2 (Gail Simone / David Marquez)


Alors étudiant en Angleterre, Charles Xavier fait la connaissance de la séduisante Sarah... Aujourd'hui, Malicia, Gambit et Wolverine rencontrent quatre adolescents venus leur demander de l'aide... Le Dr. Ellis découvre la salle des dangers dans l'ancien institut Xavier et propose à Cyrène d'être son alliée...


Comment dire les choses plus simplement que cette série ne fonctionne pas sur moi ? Soyons clair : The Uncanny X-Men version 2024 n'est pad du tout une mauvaise série. Mais je n'arrive pas à y entrer, à m'y attacher, à l'aimer. Sans doute parce qu'elle veut être trop aimable, elle n'offre aucune aspérité, aucune prise...


Gail Simone est revenue aux comics après une longue éclipse. Si on consulte sa bibliographie, on se rend compte en effet que depuis 2015, elle s'était plus ou moins retirée, après avoir écrit la série Tomb Raider pour Dark Horse. En 2020, elle signait un roman graphique, Seven Days, chez Oni Press, qui devait initier un nouvel univers super-héroïque, resté sans suite. Depuis, plus rien.


On comprend son enthousiasme depuis que Marvel lui a confiée The Uncanny X-Men, dont elle est la première femme à écrire la série depuis sa création, et qui a rencontré un succès énorme avec son premier numéro (un troisième tirage est en cours). Tom Brevoort a eu le nez creux. Mais y avait-il un risque que ça ne fonctionne pas ?


Quand vous lancez une série qui comptera 18 n° par an, avec comme héros Wolverine, Malicia, Gambit, Diablo et Jubilé, tous très populaires, vous êtes tranquille, sauf si le scénariste et a fortiori le dessinateur sont des manches. Qui plus est, on sort de la période Krakoa, qui n'a pas fait que des heureux parmi les fans, et qui s'est quand même terminée un peu en eau de boudin (ce n'était clairement plus la même qualité depuis le départ de l'architecte Hickman).

Sans vouloir jouer le chieur de service, The Uncanny X-Men, tel que l'écrit Gail Simone, a quelque chose d'un brin putassier : ça ressemble à une de ces chanteuses pop ou r'n'b comme on en voit beaucoup aujourd'hui qui misent moins sur leurs talents vocaux ou l'intelligence de leurs chansons, malgré des mélodies aussi aguicheuses que leur garde-robe. C'est un peu l'équivalent, si vous voulez, de Sabrina Carpenter.

Je le dis sans méchanceté car il n'y a pas de quoi être méchant avec Sabrina Carpenter ni avec The Uncanny X-Men. Mais l'intention est transparente : il faut à tout prix séduire, et c'est tout de suite contre-productif. C'est même limite embarrassant parce que ça n'a aucune aspérité, presqu'aucune personnalité. 

Par exemple, si vous voulez lire quelque chose qui traite vraiment de la perte que représente l'utopie krakoane pour les mutants, lisez plutôt Exceptional X-Men. Si vous avez envie d'action, lisez X-Force. Si vous voulez du décalé, il y a X-Factor. Je suppose que X-Men est fait pour ceux qui suivent Cyclope à tout prix (ou les masos qui adorent Jed MacKay). Mais The Uncanny X-Men... Hé bien, je ne vois pas pour qui c'est. Ou plutôt si : c'est pour tous ceux qui veulent renouer avec les mutants de la période Jim Lee, des cartoons X-Men'92 et '97, soit un produit très formaté, d'où rien ne dépasse.

Dans ce deuxième épisode, on fait la connaissance de quatre nouveaux jeunes mutants (ou plutôt trois, car la quatrième avoue qu'elle n'est pas une mutante mais s'est liée aux autres parce qu'elle est traquée par la même personne qu'eux). Mais Jitter, Calico, Darthdream, et Ransom sont complètement transparents eux aussi, peut-être gagneront-ils en épaisseur et donc en intérêt par la suite, mais là, ce sont juste quatre personnages interchangeables et lisses au possible, aux pouvoirs mal définis, et auxquels nos Uncanny X-Men s'attachent sans enthousiasme. Comme le lecteur.

Alors, oui, dans Exceptional X-Men, on a aussi de nouveaux jeunes mutants, mais Eve L. Ewing a pris le parti de les introduire plus progressivement, de bien nous les présenter, et en les encadrant avec Kitty Pryde et Emma Frost (et, scoop, Bobby Drake, comme Marvel l'a révélé récemment). D'ailleurs, c'est tout le projet de la série, alors que The Uncanny X-Men part plutôt sur des bases de revanche puisque l'institut Xavier a été récupéré et qu'il s'y passe des choses louches.

Là, Gail Simone consacre un nombre exagéré de pages à une baston stérile et artificielle entre Malicia, Gambit et Wolverine et les quatre jeunes avant, évidemment, que tout le monde recouvre la raison, et que débarque Jubilé (et que Malicia appelle Diablo en renfort). David Marquez est très à son aise dans ces scènes d'action pure, comme c'était déjà le cas dans le précédent épisode, et ça lui permet d'aller vite puisqu'il zappe les décors pour privilégier le mouvement. 

Et à part ça ? On sent, de manière pas très subtile, que Simone développe des tensions croissantes entre Malicia et Cyclope (vous pariez combien que Brevoort prépare un futur crossover conflictuel entre The Uncanny X-Men et X-Men avec baston à la clé pour 2025 ?). On a droit à des flashbacks avec Charles Xavier et une superbe blonde, Sarah, qu'il a rencontrée avant Moira McTaggert et Lilandra (déjà une retcon au bout de deux épisodes, ce doit être un record) alors que le Dr. Ellis continue de découvrir le secrets du manoir de Westchester où on lui livre des mutants (si vous êtes malin ou simplement perspicace, vous devinerez que le passé et le présent ont un lien évident...).

Tout est comme ça dans The Uncanny X-Men 2024 : ça se veut subtil, intrigant, sexy, percutant, mais ça tombe pathétiquement à plat... C'est raté. Comme à chaque fois en fait qu'un auteur et son editor veulent ressusciter la patte Claremont, avec une dose de soap opera, une dose d'action, une dose de subplot, etc. Pourquoi Marvel persiste-t-il ainsi alors que ça ne marche jamais ? Ce qui manque à Uncanny X-Men, c'est une idée, un concept : en l'état, ce n'est qu'une marque qu'on brandit comme un fétiche en espérant que ça trompera le monde. 

Visiblement, ça marche, vu les chiffres de vente. Mais, moi, ça me laisse froid, je vois les grosses ficelles de ce machin sans âme, sans caractère. Je ne sais même pas si j'ai envie d'écrire la critique du n°3, puis du 4 et du 5 (qui marquera la fin de ce premier arc) parce que c'est pas motivant ni à rédiger ni à lire (pour vous).

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