Oracle intercepte un message l'informant que la Ligue des Assassins projette de récupérer Sin. Une fois informée, Black Canary décide qu'elle et Cynthia vont aller se mettre au vert dans l'espoir d'attirer les assassins et de les piéger. Peu après John Constantine demande du renfort et Big Barda et Batgirl vont l'aider à transférer un démon...
Le mois dernier, complétement écoeuré par la série, je décidais de cesser d'acheter de nouveaux numéros de Birds of Prey. Il faut dire que, quasiment depuis le début, et donc après un an et demi de parution, je n'espérai plus rien de Kelly Thompson, encore moins parce que DC a été infoutu de trouver un dessinateur régulier décent - un des rares échecs éditoriaux de leur part.
Puis j'ai découvert que Juann Cabal arrivait sur le titre pour deux épisodes et je me suis laissé attendrir par cette perspective, tout en jurant que, ensuite, ce serait bien fini. Je vais donc faire mes adieux à Birds of Prey en compagnie d'un artiste que j'ai beaucoup apprécié et qui est à la recherche d'un second souffle dans sa carrière.
Car Cabal ne paraît plus entrer dans les plans de Marvel. Depuis sa prestation de haut vol lors du run de Al Ewing sur Guardians of the Galaxy (j'en avais parlé en détail il y a quelque temps), l'espagnol a été ballotté de projet foireux en projet foireux et il a complètement perdu son mojo dans l'affaire, alors qu'il s'était imposé comme une star en devenir, un narrateur très inventif.
Le voici donc chez DC, visiblement à l'essai (et en fin d'exclusivité contractuelle avec Marvel). Un transfert complètement passé sous les radars, ce qui prouve bien à quel point Cabal n'intéresse plus grand-monde. De manière générale, il faut bien dire que le temps des auteurs et artistes débauchés avec fracas appartient au passé : les stars, quand elles ont fait leur temps chez les Big Two, préfèrent désormais tenter l'aventure indé, grâce aux labels fondés par des amis qui y sont bien établis.
Kelly Thompson va donc signer un arc en deux parties qui, sait-on jamais, lui permettra peut-être de me convaincre qu'elle peut encore faire preuve de maîtrise et ne pas s'égarer dans des délires puériles au résultat catastrophique. Ici, l'argument est très basique : l'équipe des Birds of Prey est réduite à son maximum (cinq membres) et Sin est rattrapée par la Ligue des Assassins qui l'a longtemps formée.
Plutôt que de la protéger massivement, Black Canary opte pour une stratégie plus discrète (et espère-t-elle plus payante) en s'isolant avec elle pour mieux surprendre l'ennemi. Comme d'habitude Oracle fait le joint entre donc Dinah et Cynthia et le reste de la bande, ici constitué de Big Barda et Batgirl. Ces deux-là vont aller aider John Constantine dans une dimension magique.
Le titre de ce diptyque est Divide and Conquer (diviser pour mieux régner) et quand on lit le texte de sollicitation du numéro 20, à paraître en Avril prochain, il est indiqué que les Birds of Prey vont faire face à une nouvelle menace d'ampleur qui va changer le cours de la série. Il est donc fort possible que les épisodes 18 et 19 amorcent cette révolution en montrant le groupe séparé en deux binômes.
Thompson se montre habile pour créer de la tension à partir de pas grand-chose : Black Canary et Sin dans une maison à l'écart de tout mais cernée par des ninjas d'un côté ; Barda et Batgirl exfiltrant Constantine et se battant contre des golems de l'autre. C'est inhabituellement sobre de la part d'une scénariste en roue libre depuis 18 mois, mais très agréable.
Mais évidemment, l'attraction principale ici est ce qu'en tire Juann Cabal. Et ce qu'on voit, c'est que le dessinateur ibérique propose ses meilleures planches depuis un bail. Son découpage est d'abord très sobre, avec un usage du gaufrier pour bien montrer la rigueur à laquelle il se tient. C'est pour la partie Black Canary-Sin, avec des astuces visuelles pour traduire notamment le recours à la langue des singes par Dinah et Cynthia, qui communiquent ainsi pour ne pas éveiller les soupçons des ninjas.
Puis Cabal se lâche et renoue avec l'inventivité de ses planches sur Guardians of the Galaxy dans la partie avec Barda, Batgirl et Constantine. Les bandes qui encadrent les cases prennent des formes correspondant à la réalité tordue de la dimension magique et l'espace entre les vignettes deviennent carrément des supports appuyant les mouvements de Barda quand elle se bat.
Ajoutez à cela des personnages expressifs, un autre point fort de Cabal, qui, de ce côté-là, s'inspire directement du grand Kevin Maguire. Le trait est fin, précis, élégant, et Jordie Bellaire partie pour d'autres aventures a laissé sa place de coloriste à Adriano Lucas (partenaire habituel de Bruno Redondo), dont la palette lui convient à merveille.
En fait, cet épisode entretient des regrets : si la série, depuis le départ, avait été plus sobre dans son narratif et aussi élégante dans son visuel, alors Birds of Prey aurait été une réussite. Mais Kelly Thompson a fait n'importe quoi, et Juann Cabal arrive trop tard (et pour pas assez longtemps) pour renverser la vapeur. Mais au moins je quitterai le titre sur une bonne note dans un mois...
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