dimanche 16 février 2025

BUG WARS #1 (of 6) (Jason Aaron / Mahmud Asrar)


West Bottom. La famille Slaymaker (Janice et ses deux fils, Sydney l'aîné et Slade le benjamin) revient s'installer dans la maison où elle vivait 12 ans auparavant. Depuis, le père de famille, Jim, est mort dans des circonstances atroces et sa veuve doit cumuler les boulots. Slade a hérité de son père la passion des insectes, sans de douter que sous ses pieds s'est jouée une étrange guerre miniature...


Jason Aaron est un scénariste renommé qui a fait les belles heures de Marvel (Wolverine, Ghost Rider, Avengers...) et qui fait actuellement le bonheur de DC (avec Absolute Superman). N'étant plus lié par un contrat d'exclusivité à un des Big Two, il peut se permettre d'être le plume de Teenage Mutant Ninja Turtles et de produire des creator-owned, comme ce Bug Wars chez Image, co-créé avec Mahmud Asrar.


Le dessinateur et le scénariste ont déjà collaboré ensemble sur des aventures de Conan quand Marvel en avait récupéré la licence et pour Asrar, ce fut une révélation : c'est désormais vers ce type de récit, plutôt que les super-héros, qu'allait sa préférence. Aussi quand Aaron lui a soumis son idée pour Bug Wars, l'artiste turc n'a pas hésité à s'y investir.


A la fin de ce très consistant premier épisode d'une cinquantaine de pages (bonus compris), on peut lire la postface rédigée par Aaron qui explique d'où lui est venue l'inspiration : il a grandi dans un coin paumé de l'Alabama et, adolescent, était fasciné par la série Sword of the Atom de Jan Strnad et Gil Kane débutée en 1983, où Ray Palmer était plongé dans un microvers digne des classiques de l'heroic fantasy.


Il se trouve que j'ai aussi lu, il y a longtemps, quelques épisodes de cette série, qui est un chef d'oeuvre méconnu (qu'attend DC pour la rééditer ?!). Et l'histoire commence effectivement par plusieurs pages (dont certaines doubles, splendides) où on assiste à une bataille entre scarabées et fourmis montées par des guerriers miniatures, bientôt balayés par une tempête dévastatrice.

Puis on monte à la surface pour faire connaissance avec les Slaymaker : Janice est la veuve de Jim, un brillant entomologiste mort dans des circonstances affreuses, dont le corps a été découvert par son fils ainé Sydney qui, depuis, nourrit une aversion extrême pour les insectes, tandis que son frère Slade est au contraire fasciné par eux.

Revenue à West Bottom après douze ans d'absence, Janice emménage dans la maison de feu son mari, infestée par des nuisibles qu'elle veut faire nettoyer. Mais Sydney ne veut pas entendre et va provoquer une série d'événements dont Slade va être la victime...

Jason Aaron mène son affaire magistralement et entraîne le lecteur dans une aventure fantastique et dépaysante où toute sa verve peut se déployer. Il parvient à caractériser les protagonistes rapidement, à situer le cadre de manière évocatrice, à établir une atmosphère palpitante. C'est absolument jubilatoire et, effectivement, c'est un bel hommage à Sword of the Atom.

A l'exception de deux pleines pages visuellement très graphiques dans l'horrifique, Bug Wars est défini d'abord par son souffle épique en même temps que par sa sensibilité. Ces deux registres permettent à Mahmud Asrar de prouver quel grand dessinateur il est, surtout quand le sujet le passionne, alors qu'on le sentait nettement moins motivé par les super-héros avant cela (il a bien donné, faut-il dire, au genre).

Servi royalement par les couleurs de Matt Wilson, ses planches sont puissantes, intenses, avec des décors fournis, des personnages immédiatement mémorables. Asrar n'est pas un artiste qui donne dans des effets de découpage renversants, sa narration est classique, sobre, mais en revanche il remplit bien chaque vignette et fait de chaque page un outil au service de l'histoire.

Le soin qu'il met à représenter les insectes, les guerriers qui les chevauchent, leurs armes, donnent chair à cet univers extraordinaire que Jason Aaron résume comme la rencontre entre Chérie, j'ai rétréci les gosses ! et Game of Thrones : un mix improbable et détonant mais parfaitement maîtrisé, avec la volonté affirmée de distraire en en donnant pour son argent au lecteur curieux.

On peut être sûr que les six épisodes que comptera Bug Wars vont être captivants et superbes, faisant souffler le vent de l'aventure sur ce qui ressemble à un projet de rêve pour ses auteurs.

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