samedi 15 février 2025

THE MOON IS FOLLOWING US #6 (of 10) (Daniel Warren Johnson / Daniel Warren Johnson & Riley Rossmo)


Duncan et Samantha ont été secourus par le chef des cauchemars de Penny, Jebediah Swano. Celui-ci leur explique manoeuvrer en secret pour vaincre la Cascade qui retient la fillette et surtout comment espérer, avec les armes appropriées réussir. Cependant, Pigface et celui qui a trahi Duncan et Samantha s'emploient à les débusquer...


Comme je le pressentais à l'issue du précédent numéro, The Moon is following us est entré dans son second acte, presque un nouvel arc narratif. Et si ce mouvement ne sauve pas réellement tous les meubles, il a le mérite de donner un second souffle au récit en l'entraînant vers quelque chose de plus... Offensif ?


En effet, jusqu'à présent, que lisait-on ? Une histoire de parents désemparés et prêts à tout pour sauver leur fille d'un sommeil qui ne semblait plus vouloir la relâcher. La narration de Daniel Warren Johnson allait et venait d'une dimension à une autre sans jamais montrer d'issue à ce drame. C'était touchant, émouvant au début, et puis, lentement mais sûrement, tout ça s'est enlisé.


J'avais pointé dans la critique de l'épisode 5 le fait qu'avec dix épisodes, la série risquait de stagner, de manquer de munitions, sauf si le scénario générait un rebondissement à même de ne pas décourager le lecteur. La trahison d'un personnage clé a été une sorte de déclic, mais restait à transformer l'essai et à tenir encore cinq chapitres.


Je continue de penser que Johnson a vu trop gros, trop grand et que, même une fois fini, The Moon is following us souffrira d'un manque d'équilibre, ou plutôt de substance. En découpant son récit en deux parties, de toute façon, la première aura été trop longue, son twist trop laborieux à se mettre en place. Et je pense que la direction qui est prise ne pourra pas compenser cette erreur.

Cette direction, c'est celle d'une histoire beaucoup plus tournée vers l'action pure. Cet épisode en témoigne avec de nombreuses scènes dans ce registre, donc une longue séquence qui occupe quasiment les deux tiers du chapitre. Désormais, Duncan et Samantha savent qu'ils ont été trahis, par qui, comment, pourquoi, et ils ne peuvent plus compter que sur eux-mêmes et un allié inattendu.

En introduisant Jebediah Swano, le chef des cauchemars de Penny, Johnson se montre habile et Riley Rossmo est inspiré dans ses designs. Avec son corps mi-humanoïde, mi-arachnéen, il frappe d'emblée les esprits et face à monstres de la Cascade, il s'affiche comme un adversaire redoutable, qui, d'ailleurs, en profite pour montrer au couple quelles armes utiliser pour faire la différence.

Jusque-là, on avait droit à tout l'arsenal des jouets et c'était d'ailleurs assez amusant de comparer ça avec la série G.I. Joe dont elle pouvait s'inspirer. A présent, on est dans le domaine de la fantasy, les épées ont remplacé les fusils, les pistolets, les canons. C'est nettement plus saignant. En fait, la série trouve un autre parallèle, plus imprévisible.

Car, si on examine bien Duncan et Samantha, ils font penser énormément à Scott Free/Mister Miracle et Big Barda de New Gods, qu'on vient de retrouver récemment dans la série écrite par Ram V et dessinée par Evan Cagle. Je ne prétends pas que c'est du copier-coller, mais disons que la ressemblance est évidente et elle sied mieux à Riley Rossmo.

Car le dessin de Rossmo excelle dans la bizarrerie, avec les tronches si spéciales qu'il donne à tous ses personnages, leur physionomie, et autant il me semble que les cinq premiers épisodes appartenaient à l'univers visuel familier de Johnson, autant là Rossmo prend les commandes et paraît beaucoup plus s'amuser.

La bataille qui oppose Jebediah, Duncan et Samantha à la Cascade rappelle celle des Néo-Dieux contre les Paradémons de Darkseid, et plus troublant encore, comme dans la série de Ram V et Cagle, tout tourne autour d'un enfant à sauver... On a vraiment changé de monde, de tonalité. L'esprit de Kirby n'a décidément pas fini d'infuser les comics modernes.

Surtout, ce que je veux retenir, c'est le plaisir de la lecture. Je m'ennuyai sur les derniers numéros après un démarrage intriguant, et je doutais fortement que la série m'accroche jusqu'au bout. Toutes mes incertitudes ne sont donc pas levées, pour les raisons que j'ai citées plus haut, mais disons que je suis plus confiant, avec le regain d'énergie affichée ici.

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