lundi 24 février 2025

G.I. JOE #4 (Joshua Williamson / Tom Reilly)


Duke, la Baronne, et Risk sont capturés par les jumeaux Crimson en tentant d'exfiltrer le professeur Menov dont le scanner est convoité par Destro et le Cobra Commander. Cet appareil non testé permettrait de manipuler psychiquement n'importe qui. Mais Clutch est, lui, infiltré parmi les troupes de Cobra...


Le mois dernier, je disais que le souci avec G.I. Joe résidait dans le fait que c'était une série dominée par l'action et que ses protagonistes étaient caractérisés de manière sommaire, les bons d'un côté, les méchants de l'autre. Ce qui, à l'arrivée, frustrait le critique alors que le lecteur, lui, se régalait devant ce divertissement lancé à pleine allure.


Comme cela peut arriver à n'importe qui, je m'étais sans doute emballé car, en vérité, ce qui me manquait, c'était de découvrir, avec un peu plus de profondeur, l'autre côté, celui des vilains. Jusqu'alors, l'organisation Cobra ressemblait à n'importe quelle bande de terroristes de comics, avec ses objectifs, ses cadres, très manichéens.


Mais Joshua Williamson est décidément un scénariste qui sait anticiper car il consacre la quasi-intégralité de l'épisode à Cobra, son commandeur, Destro son fournisseur d'armes et de soldats. Et vous savez quoi ? C'est jouissif. Parce que ces affreux jojos sont savoureux, toujours aussi archétypaux, mais plus cantonnés à être au second plan tandis que les gentils occupaient le devant de la scène.
 

Vous connaissez la célèbre formule de Alfred Hitchcock selon laquelle "meilleur est le méchant, meilleur est le film". Et c'est aussi valable en bande dessinée, surtout quand, comme dans G.I. Joe, les héros sont des soldats dévoués à la paix dans le monde. N'ayant pas lu les mini-séries consacrées à Destro et Cobra Commander (sur la foi de mauvais retours), j'ai apprécié de les voir davantage ici.

J'ignore si c'était le cas dans les comics originaux, mais ici le Cobra Commandeur est un alien et Destro vient de le découvrir, mais décide de garder l'information secrète auprès ses troupes. Néanmoins, cette révélation déclenche une sorte de bascule discrète dans le rapport entre les deux partenaires (même si le commandeur ne sait pas que Destro connait son secret).

Ce simple élément, pourtant placé de manière allusive dans l'épisode, modifie la perspective de la série et, on s'en doute, quand sera venu le moment où Destro dira au Cobra Commander qu'il sait qui il est, cela influera sur leurs relations. Cette bascule est palpitante mais nul doute que Williamson saura en tirer le meilleur.

Cela a en tout cas suffi à me rassurer sur l'ambition de la série et à la poursuivre en singles. C'est sans doute plus efficace encore en recueil mais il y a quelque chose d'assez irrésistible à lire ça mois après mois, comme un vrai feuilleton. Il est certain que c'est plus ou moins consistant et que commenter l'écriture (et le dessin) est donc plus ou moins aisé, mais la série est prenante, on a trop envie de connaître la suite.

D'autant qu'u dessin, Tom Reilly, après un léger coup de moins bien le mois dernier, s'est ressaisi. Sa capacité à assumer un tel projet, avec tous ces personnages, ces décors nombreux, ces véhicules, ces armes, est tout de même assez bluffante. Franchement, je ne l'attendais pas à un tel niveau et il est inexplicable que ni DC ni Marvel n'aient voulu le signer en exclusivité.

Le fait qu'il soit, comme je l'ai déjà signalé, influencé par Samnee est certes un peu sa limite, tant on a l'impression parfois de lire des planches réalisées en jetant un oeil sur des comics de son confrère. Mais j'aime ce style de dessin, très dynamique et épuré à la fois, donc ce n'est pas une gêne en réalité. La lisibilité et la qualité des compositions au coeur d'un découpage direct fait le reste. Et très bien.

Bref, je suis quand même bien accro à ce G.I. Joe qui s'impose comme la série que je n'attendais pas et qui m'a conquis par sa simplicité et son savoir-faire.

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