Après ses déconvenues récentes (les médias l'accusent d'être un gourou vendeur de drogue), Moon Knight est tourmenté par ses personnalités multiples (Steven Grant et Jack Lockley) qui le poussent à réagir. Mais il refuse de mettre davantage en danger ses amis...
Alors, là, je vais acte de contrition. Non pas que je vais tout excuser à Marvel, qui ne donne pas beaucoup de raisons d'être satisfait de leurs productions, mais s'il y a bien une série que vous devez lire (ou dont vous devez guetter la traduction), c'est ce Moon Knight : Fist of Khonshu - et par extension tout le run de Jed MacKay sur le personnage.
Ne cherchez pas : vous ne trouverez pas mieux chez Marvel en ce moment. C'est fantastiquement bien écrit par un auteur qui maîtrise le personnage sur le bout des doigts, c'est superbement dessiné (par l'artiste principal ou ses fill-in), c'est accessible sans prérequis. Bref, c'est un sans faute imparable. Et s'il fallait le prouver, ce quatrième épisode serait parfait pour ça.
Par où commencer ? Peut-être par le dessin. Alessandro Cappuccio qui dessinait la série régulièrement depuis le début du run de Jed MacKay, a été retiré de la série pour s'occuper des pages de Ultimate Wolverine - une sorte de promotion, puisque, évidemment, Wolverine est un héros plus populaire que Moon Knight. Mais un sacré croche-pied pour Moon Knight.
Sauf que Marvel a rappelé Devmalya Pramanik pour le remplacer : ce dernier avait largement contribué à la mini-série précédant Fist of Khonshu, Vengeance of Moon Knight, et sa prestation a visiblement dissipé tous les doutes sur ca capacité à assumer le rôle de titulaire (même si Domenico Carbone, qui a fait la transition entre Cappuccio et lui, reviendra jouer les doublures).
Et bon sang, quelle trouvaille ! Pramanik sort d'entrée le grand jeu : les planches qu'il produit sont tout bonnement géniales, avec un découpage fabuleux, une mise en scène avec des compositions dynamiques, une énergie grisante. Ajoutez-y les couleurs de Rachelle Rosenberg, et vous avez un grand épisode, qui tourne la page Cappuccio avec une sacrée allure.
Ensuite, il y a le scénario : pour ce troisième volume sous sa direction, MacKay a décidé d'en faire voir de toutes les couleurs à Moon Knight, n'hésitant pas à raser ce que lui-même, comme auteur, avait établi. Adieu la Midnight Mission (ce bâtiment vivant repaire de MK et sa bande). Les alliés de MK ? Menacés de mort ! Et MK lui-même ?
Hé bien, au tout début de cet épisode, on le trouve prostré, totalement effrayé par ce qui se passe. Achilles Fairchild, un dealer et patron de night club, a réussi le coup parfait : il a soudoyé une inspectrice de police qui a un mandat d'arrêt contre Moon Knight et ses partenaires, il a avec lui une garde du corps qui a neutralisé la Midnight Mission, les médias pensent que le héros est en réalité un gourou et un trafiquant de drogue !
Moon Knight n'a pas peur pour lui, mais pour ses amis, qui sont devenus des cibles vivantes par sa faute et celle de Fairchild. Tigra ? Il lui a avoué que Hank Pym, son ex-amant et père de sa fille, était toujours en vie après le lui avoir longtemps caché : elle lui en veut donc suffisamment pour ne plus savoir si elle doit rester à ses côtés. Et sa nouvelle planque, une ancienne du SHIELD, est envahie par le super-vilain Vermine et sa horde !
On pourra arguer que l'épisode en soi n'est pas d'une folle densité, monopolisant plusieurs planches pour un affrontement épique, et dégageant tous les seconds rôles (à l'exception de l'inspectrice Frazier dans une scène à couper au couteau). Mais entre le retour des personnalités multiples de Moon Knight (un gimmick peu utilisé par MacKay jusque-là) et le contexte, il y a quand même de quoi faire.
On aimerait que MacKay soit aussi inspiré ailleurs (même si on me dit qu'il y a vraiment du mieux sur Avengers, avec un dessinateur bien meilleur et régulier - faudra que j'essaie de vérifier ça). On aimerait surtout que Marvel soit aussi en verve, dans une période dramatiquement faible en bonnes histoires.
Il y a des talents encore chez Marvel, mais on a le sentiment qu'ils sont mal utilisés (quand ils sont utilisés !), et surtout un manque total de vision d'ensemble. C'est la grande différence avec DC actuellement et un fossé abyssal s'est creusé entre les les Big Two. On ne peut pas considérer Moon Knight comme le signe d'un sursaut, mais on peut au moins compter sur sa série pour trouver une lecture de grande qualité chez son éditeur.
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