jeudi 6 février 2025

JSA #4 (Jeff Lemire / Joey Vasquez)


Doctor Mid-Nite (Beth Chappell) reprend connaissance dans le repaire de la Société d'Injustice où Solomon Grundy la surveille. Elle réussit à lui échapper et apprend les plans de ses ravisseurs... Cependant, Obsidian découvre qu'il est aussi détenu mais il trouve Jakeem Thunder sans que celui-ci ne réussisse à invoquer son génie...


Depuis la parution du précédent numéro de JSA, Jeff Lemire s'est confié sur ses plans pour la série et le moins qu'on puisse dire, c'est que le scénariste a de grands plans, à commencer par ce premier arc narratif qui durera pas moins de... 12 épisodes ! Ce qui nous conduit jusqu'en Octobre prochain. Une vraie saga donc, d'une ampleur peu commune.


Mais cela prouve au moins une chose : Jeff Lemire n'a pas l'intention que JSA vive dans l'ombre du retour de Justice League Unlimited. Il veut rendre sa grandeur à la première équipe de DC, sans rien sacrifier de ce qu'y a apporté Geoff Johns tout en y apportant sa propre touche. Cette ambition fait plaisir, surtout que Lemire est suffisamment expérimenté pour ne pas donner dans l'effet de manche.


Cela signifie aussi, surtout, que l'histoire qui a démarré il y a quatre mois va connaître moults rebondissements et qu'on en est juste au tiers de l'intrigue prévue. Autant dire qu'on n'a encore (presque) rien vu. D'où le recours à un casting très riche, aussi bien dans les rangs des héros que de leurs ennemis. Pourtant, ce quatrième chapitre se concentre surtout sur deux personnages.


D'un côté, il y a donc la dernière Doctor Mid-Nite, Beth Chappell, qui présente la particularité de ne pas être aveugle comme ses prédécesseurs, mais use des mêmes armes et possède les mêmes talents (à savoir que son titre de docteur est à prendre au sens littéral, elle est le médecin de la JSA). De l'autre, il y a Todd Rice alias Obsidian, dont on sait que l'identité a été usurpée par un des membres de la Société d'Injustice... Qui a capturé Beth Chappell.

Normal donc que le parcours de ces deux héros soient ici non pas liés mais mis en parallèle. Comme le résumé ci-dessus l'indique, Beth Chappell va découvrir, à ses risques et périls, le plan de la Société d'Injustice, qui veut mettre la main sur divers artefacts détenus par la JSA (la lance de la destinée, le heaume de Doctor Fate...) - à quelles fins ? On l'ignore encore, mais Jeff Lemire va faire durer le plaisir.

De son côté, Obsidian se réveille dans une chambre d'hôpital dont on ne veut pas le laisser sortir. Quand il y parvient quand même, il réussit à retrouver Jakeem Thunder mais celui-ci est incapable d'invoquer le Thunderbolt, son génie qui exauce ses ordres. Quel est cet endroit ? On l'apprend à la fin de l'épisode mais je ne vais rien spoiler.

Pour l'instant, Lemire garde en retrait les méchants, même si Scandal Savage est montrée comme celle qui donne les ordres. Toutefois, on peut se demander dans quelle mesure elle se le permet quand on voit à ses côtés un leader comme Johnny Sorrow, ennemi historique de la JSA. Wotan explique aussi que Hawkman, qui était son prisonnier dans l'épisode précédent, lui a échappé...

Lemire fait preuve de classicisme dans son écriture, on n'est pas dans une expérience narrative comme Black Hammer et sa relecture des codes super-héroïques (notamment dans la liaison entre Bien et Mal). Cela en décevra certainement quelques-uns. Mais pour ma part je me réjouis de le voir revenir à plus de mesure - en espérant quand même qu'il sera plus audacieux pour Absolute Flash.

Au dessin, on le sait (et si on ne le sait pas, on se le met en tête), un team book, a fortiori aussi peuplé que JSA, est un travail exigeant pour un dessinateur. Que Diego Olortegui ait besoin de souffler au bout de "seulement" trois mois peut étonner, mais si admet qu'une telle production est éreintante, alors l'indulgence est de mise.

Et puis on n'est vraiment pas en reste avec son remplaçant : Joey Vasquez s'illustre dans un registre voisin, peut-être même plus dynamique, en tout cas aussi expressif et clair. Il semble que DC ne veuille pas se contenter d'un seul fill-in puisque Gavin Guidry (qui a oeuvré sur Birds of Prey) est déjà au travail sur un prochain épisode.

Dommage pour Vasquez qui mérite, à mon avis, plus de considération, même si Guidry, avec son inspiration très Chris Samnee, est également un remplaçant de choix.

JSA a plusieurs mérites donc : son histoire généreuse et palpitante, son écriture efficace, son dessin impeccable, et le fait de se distinguer de Justice League Unlimited avec ambition. Tout ça sent très bon.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire