vendredi 6 juin 2025

JSA #8 (Jeff Lemire / Gavin Guidry)


1945. Wildcat et Hourman s'entretiennent avec le Sgt. Rock sur la position de la Lance de la Destinée, une arme qui pourrait décider du sort de la guerre. Grâce au Soldat Inconnu, elle est localisée à Berlin et pendant que les deux héros vont la récupérer, les autres membres de la JSA affrontent Captain Blitzkrieg et sa bande...


Tout d'abord, j'aimerai évoquer la superbe couverture de cet épisode, signée Michael Cho. Un artiste parfait pour l'occasion, lui dont le style rappelle celui du regretté Darwyn Cooke, et qui a eu pour mission de planter le décor de ce numéro quasiment entièrement situé dans le passé, durant l'âge d'or de la JSA.


Car, effectivement, Jeff Lemire consacre pratiquement tout cet épisode à un flashback où on suit Wildcat, Hourman, Hawkman, Liberty Belle,  Jay Garrick et Dr. Fate à la recherche de la Lance de la Destinée, cette arme magique en possession des nazis et qui pourrait décider de leur victoire. Et si vous vous demandez : quel rapport avec ce qui a précédé ? Ne vous inquiétez pas !


Jeff Lemire a, je le rappelle, conçu ce premier arc de sa JSA comme une saga en douze chapitres, donc un an de publication, et on entre donc ici dans le dernier quart. Pour justifier une histoire d'une telle longueur, il faut de la matière et le scénariste a convoqué à la fois beaucoup de personnages mais aussi une intrigue sur plusieurs niveaux.


Ce qu'on saisit ici, c'est que ce qui affecte la JSA de nos jours a en vérité débuté il y a 80 ans lorsque l'équipe originale était donc en Europe, combattant auprès des alliés. Pourquoi aujourd'hui, la Société d'Injustice a-t-elle frappé si durement la JSA pour dérober le casque du Dr. Fate et la technologie de Ted Knight (le premier Starman) ? Les réponses sont dans cet épisode.

Je ne vais pas en dévoiler davantage mais il faut reconnaître à Lemire que, si parfois il m'a donné l'impression d'en faire trop, il sait aussi fort bien retomber sur ses pattes. Cela n'efface pas quelques dossiers en suspens (comme ce qu'a commis Wildcat II) ou n'excuse pas que certains personnages semblent négligés depuis quelques numéros (Obsidian et Jakeem Thunder)...

... Mais ce n'est pas terminé et c'est à la fin de cette histoire qu'on verra comment l'auteur se débrouille avec ces éléments. En attendant, cet épisode fonctionne presque comme un standalone, renouant avec l'âge d'or des héros de la JSA. C'est diablement bien fait, très divertissant, rétro sans être vieillot, spectaculaire et palpitant. Et les dernières pages sont un modèle de synthèse.

Pour illustrer ce chapitre, il a été fait appel à Gavin Guidry et c'est un excellent choix. Emule de Chris Samnee, et donc de l'école des Toth, Caniff, son style convient on ne peut mieux à l'ambiance et au look convoqués pour l'occasion. Surtout Guidry s'y montre vraiment très à l'aise, affichant à la fois un amour visible pour cette période, ces héros, et affichant un storytelling parfait.

Jusqu'à présent, les pages de Guidry me semblaient manquer de cette fluidité qui fait les bons découpages. Mais, là, il semble s'être complètement lâché parce que, précisément, le cadre lui convenait idéalement. Tout comme Michael Cho, il a cette vibe particulière que le lecteur associe à ce genre d'épisode dans le passé.

Et puis, je dois bien l'avouer, j'adore cette incarnation de la JSA, avec les vétérans (même s'ils sont ici saisis dans leur jeunesse). Par exemple, je suis fan de Dr. Fate (Kent Nelson) et bien sûr de Wildcat (Ted Grant) et de les revoir, ça me comble. Je doute qu'une série entièrement dans le passé connaîtrait un grand succès mais j'adorerai une mini sur ce monde dans le Black Label de DC.

Bref, j'ai passé un moment excellent. Et j'ai hâte de lire la suite de cette série qui, malgré quelques points épineux, est certainement le meilleur team-book de DC (et en général) actuellement. J'espère vraiment que Urban la traduira et communiquera à ce sujet bientôt (là encore, comme Ram V, Jeff Lemire est une valeur sûre de leur catalogue).

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