Kate Garrett travaille comme dresseuse équestre dans son ranch, Echo Valley. Depuis le décès de sa femme, suite à une chute à cheval, elle a du mal à joindre les deux bouts et demande à son ex-mari, un riche avocat, de lui avancer de l'argent. Il accepte à contrecoeur, estimant que son affaire est un gouffre financier. Puis il révèle avoir reçu récemment la visite de leur fille, Claire, une toxicomane.
Une nuit, Claire frappe à la porte du ranch de sa mère et peu après son petit ami, Ryan, les interrompt, lui reprochant d'avoir jeté ses affaires dans lesquelles se trouvait de la drogue appartenant à un dealer du nom de Jackie Lawson. Kate le met à la porte mais le lendemain Claire est repartie sans la prévenir. Elle reçoit alors la visite de Lawson qui réclame soit la restitution de sa drogue, soit d'être remboursée.
Claire revient au bercail, ses habits ensanglantées. Elle explique, paniquée, à sa mère avoir tué Ryan lors d'une dispute. Le corps est dans sa voiture. Katie s'occupe de le faire disparaître au fond d'un lac voisin. Et Claire s'éclipse à nouveau. Mais Lawson revient à la charge, au courant de ce qu'a fait Katie pour sa fille et réclamant encore plus d'argent en menaçant de dénoncer la mère et la fille...
Echo Valley est actuellement disponible sur Apple TV+. Ce long métrage est co-produit par Ridley Scott et possède un casting assez remarquable pour qu'on puisse, comme pour The Gorge (dont j'ai parlé il y a peu), s'étonner qu'il n'ait pas droit à une exploitation en salles. Même si c'est typiquement le genre de long métrage qui n'est plus conçu que pour les plateformes de streaming.
L'intrigue démarre de manière très accrocheuse : jusqu'où une mère est-elle prêt à aller pour sauver sa fille ? Et quand cette fille est une toxico qui avoue le meurtre de son petit ami junkie et qui est traquée par un dealer violent, on devine sans mal que l'affaire ne va pas être simple à résoudre. C'est effectivement le cas, mais sans doute pas pour le gain du film lui-même.
En effet, si, comme je l'ai dit, tout commence de façon efficace, Echo Valley a ensuite une fâcheuse tendance à piquer sérieusement du nez. Le rythme de la mise en scène de Michael Pearce et les circonvolutions excessives du scénario de Brad Ingelsby plombent le film qui se transforme en une sorte de Julianne Moore show au détriment de tous les autres personnages que le sien.
L'actrice est certes impeccable : elle passe de la femme endeuillée et inconsolable à la mère prête à tout pour sa fille tout en étant la victime d'un abominable maître-chanteur et finalement à une survivante vengeresse implacable avec ce qu'il faut de surjeu et de nuances pour qu'on la suive tout au long des 105' que dure Echo Valley.
C'est dommage parce que si le récit s'était davantage attardé sur la mère et la fille, on aurait sûrement quelque chose de plus équilibré et de tout aussi tendu. Mais c'est comme si le scénario était pressé d'écarter Claire de l'équation, la rendant encore plus pathétique et ingrate, pour ne plus s'occuper que de Katie et Lawson.
Lawson est un méchant formidable, on le hait sans réserve, c'est un vrai salaud, manipulateur, arrogant. Mais sa vanité va le perdre. Et pour justifier ça, l'histoire devient incohérente : par exemple, comment expliquer que Katie, endettée jusqu'au coup, refusant de continuer à donner des cours d'équitation, puisse vivre et entretenir ses chevaux et son ranch, que son mari qualifie comme un gouffre financier ?
Comment, autre exemple, alors que Lawson est seul avec Katie et qu'il la surveille comme le lait sur le feu, peut-elle réussir à le piéger comme elle le fait ? Lawson est peut-être arrogant mais il n'est pas idiot. Pourtant, il accumule les erreurs dans le dernier tiers du film, en étant certes trop gourmand, mais surtout en ne remarquant aucun des signes que Katie va l'entuber ?
Le pompon se produit quand Katie finit au poste en se rappelant comment elle s'est y prise pour retourner la situation à son avantage. Et là, franchement, entre la plongée nocturne dans le lac, le repêchage du cadavre, la complicité de l'amie lesbienne, tout y passe. (Oui, je spoile, mais de toute façon, ça m'étonnerait qu'arrivé à ce paragraphe, vous ayez encore envie de voir le film.)
Julianne Moore est une grande actrice, bien qu'un peu en perte de vitesse, et elle interprète sa partition avec ce qu'on la sait capable de faire : frémissante, elle réussit, dans ses meilleurs moments à donner chair à Katie, dépassée par ce qui lui tombe dessus mais puisant dans des ressources insoupçonnées. On peut même se demander si toutes ces galères n'étaient pas ce qui lui fallait pour qu'elle rebondisse enfin.
Face à elle Domhnall Gleeson est parfait en crapule ne reculant devant rien pour avoir ce qu'il estime mériter et plus encore. Il est infect, odieux, dangereux. Avant que le scénario ne gâche son personnage complètement. Kyle McLachlan a une scène, ce qui est frustrant. Fiona Shaw joue les utilités, encore plus frustrant.
Mais le vrai gâchis, c'est le sort réservé à Sydney Sweeney. Elle a le rôle moteur de l'intrigue, elle le joue avec une intensité incroyable, prouvant encore une fois sa qualité de comédienne. Mais Claire sort du film bien trop vite, de façon bien trop expédiée. Et avec elle, une bonne partie de ce qui alimentait notre intérêt, surtout que son duo avec Moore promettait beaucoup.
Une occasion manquée. Mais surtout le signe que ces films dits "du milieu" (budget modeste, sujet dramatique, performances d'acteurs à la clé) sont en train de disparaître dans la masse des contenus des plateformes de streaming. Et quand les auteurs ne sont pas motivés, ça donne ce genre de résultat, ni fait, ni vraiment à faire.
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