samedi 28 juin 2025

WE ARE YESTERDAY, PART 6 (of 6) - JUSTICE LEAGUE UNLIMITED #8 (Mark Waid / Dan Mora)


Air Wave a extirpé du multivers plusieurs héros pour empêcher la Legion of Doom de s'emparer de la Tour de Guet, mais ça ne suffit pas. Red Tornado l'autorise alors à siphonner son énergie pour rapatrier tous les membres de la Justice League perdus dans l'espace-temps...


Ainsi de termine We are Yesterday, crossover entre World's Finest et Justice League Unlimited, qui ne restera pas, loin s'en faut, comme une franche réussite. Ce dénouement le confirme, toujours aussi brouillon et expéditif, teasant déjà des complications à venir. Quelle déception ! Mais y avait-il seulement moyen de faire mieux ?


Le postulat de We are yesterday tendait déjà le bâton pour se faire battre : les intrigues à base de voyages dans le temps sont les plus périlleuses à mener à bien, impliquant plusieurs versions de personnages issues d'époques différentes et créant inévitablement de la confusion chez le lecteur. Pour le critique, c'est un casse-tête à résumer.


Mais là Mark Waid s'est pris le mur en pleine face avec ce crossover de deux séries qu'il écrit pourtant. Il aurait dû maitriser son sujet, il n'a fait que mélanger deux titres dont l'un est plus impacté que l'autre (d'ailleurs le nouveau numéro de World's Finest est déjà paru dans l'intervalle, déconnecté des événements de We are yesterday, comme si l'auteur avait hâte de passer à autre chose).


J'ai beau chercher, je ne vois pas du tout ce que Waid a voulu mettre en place, même si son intrigue se termine avec des répercussions qui s'annoncent compliquées à gérer, puisque, sans trop spoiler, un nombre consistant de personnages sont désormais contraints de rester à notre époque, dans cette dimension, après avoir été extraits des leurs.

Il y a toujours eu chez DC cette propension à compliquer les choses simples : d'abord avec les terres parallèles apparues lors du Silver Age, puis la révision radicale opérée lors de Crisis on infinite earths (retour à une seule Terre), puis l'annulation de ce statu quo (Infinite Crisis), puis Final Crisis, les New 52, DC Rebirth, Dark Crisis...

Cela s'est longtemps expliqué par des courants contraires au sein même de la maison d'édition entre ceux qui voulaient préserver ces mondes parallèles et ceux qui voulaient simplifier cette situation, quitte à sacrifier des pans entiers de la continuité, supprimant des personnages dans la foulée. Fallait-il vraiment revenir à ça, surtout pour un résultat si piteux ?

Surtout que le sentiment qui domine à la fin de We are yesterday, c'est qu'il existe deux DC (trois en comptant la ligne Absolute, même si elle n'est pas citée ici) : celui de Waid, attaché à la continuité, voulant embrasser toutes ses facettes, et celui des autres auteurs phares de la maison, qui désirent visiblement et simplement développer leurs histoires ponctués d'events (prochain sur la liste, celui avec Superman).

Que Waid soit une encyclopédie vivante des comics (DC comme Marvel), c'est évident. Pourtant il n'a pas le statut d'architecte de DC, comme Marvel voulut en établir à une période (avec Hickman, Bendis, Brubaker, Fraction, Remender, Aaron). Ce n'est pas Waid qui donne le la. Et d'ailleurs en a-t-il l'envergure ? Ce n'est pas franchement un world-builder à la Hickman.

Comme pour sauver les meubles (ou ce qu'il en reste dans ce bazar), ce sixième et dernier chapitre est dessiné par Dan Mora. L'artiste, toujours aussi généreux (on vient d'apprendre qu'il ajoutait à son agenda déjà surchargé le dessin de la série Transformers, mais il a juré qu'en 2026 il ne garderait qu'une seule série, chez DC), se donne à fond.

Toutefois, à mon humble avis, tout son talent n'est pas bien exploité dans ces épisodes abondant en personnages qui se mettent sur la tronche. Mora a beaucoup d'énergie, mais son sens de la composition des plans laisse toujours à désirer et on sait que le passage obligé de ces crossovers consiste à enchaîner les planches de baston avec un maximum de figuration.

Et ça ne manque pas : c'est brouillon au possible. Mais surtout comment croire une seule seconde que cette Legion of Doom faite de bric et de broc va pouvoir résister à cette armada de super-héros ? Donc aucun suspense. Aucune intensité. Juste du tape-à-l'oeil et l'impression gênante que Mora est utilisé à toutes les sauces, y compris pour tenter de sauver les meubles dans ce naufrage. A force, ça va finir par se voir.

Tout ce que j'espère, c'est que la série sur laquelle il concentrera ses efforts en 2026 sera Superman et pas Justice Legue Unlimited même si DC et Waid feront certainement tout pour le garder sur JLU puisqu'il est quasiment le seul dessinateur à pouvoir produire un team book dans les délais actuellement, tout éditeur confondu.

J'ignore si je vais continuer Justice League Unlimited, qui va certainement devoir composer avec les conséquences de We are yesterday. A moins que Waid ne se ressaisisse franchement et n'écrive des histoires dignes de ce nom pour cette équipe. Mais je n'y crois guère. A part JSA, les team books sont un chantier en devenir chez DC.

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