Autrefois victime de violences conjugales, Violet Gates a quitté son mari pour s'installer à Chicago où elle exerce le métier de psychothérapeute et élève seule son fils Toby. Elle en confie la garde à sa soeur, Jen, pour une soirée après avoir accepté de dîner avec un homme rencontré sur une application de rencontres.
Une fois sur place, arrivée la première, elle reçoit des digi-drops intempestifs de plus en plus menaçants sur son téléphone portable. Quand son rendez-vous se présente enfin, elle voit grâce à la caméra de surveillance chez elle à laquelle elle est connectée qu'un homme cagoulé s'est introduit dans sa maison.
Henry Campbell, l'homme avec qui va dîner Violet, ignore tout de la situation mais comprend que quelque chose cloche. Toutefois, elle ne doit rien lui dire si elle ne veut pas que l'homme cagoulé reçoive l'ordre de tuer Toby et Jen. Pour les sauver, Violet va devoir : voler la carte SD de l'appareil photo de Henry puis empoisonner ce dernier...
Ces derniers temps, malgré des sorties comics parfois abondantes, je me suis rendu compte que j'avais besoin d'exprimer mon sens critique sur d'autres sujets que la BD. Mais comment caser d'autres articles dans le temps qui me reste ? J'ai décidé, après avoir fait des tests sur Thunderbolts* et Captain America : Brave New World, de me remettre à parler de films.
Je ne sais pas dans quelle mesure je vais faire ça, certainement de manière moins régulière et fournie que pour les comics, mais surtout en m'attachant à des longs métrages qui m'inspireront. Je ne m'attends pas à ce que ça rencontre un vif succès, mais disons que, pour moi, c'est surtout un autre exercice, différent.
Pour (re)commencer donc, j'ai choisi Drop, un petit thriller que j'ai bien aimé. Il s'agit d'une production Blumhouse, maison spécialisée dans les films de genre à petit budget dont la réputation s'est établie sur leur capacité à vite se rembourser et même à dégager de très bons profits. En gros, des séries B efficaces.
C'est exactement le cas de Drop. Je ne prétendrai pas que c'est le film de l'année, mais il me semble qu'il possède une véritable identité au sens où le projet est clair pour tout le monde, des auteurs au public : Christopher Landon et ses scénaristes, Jillian Jacobs et Chris Roach, ne trompent personne sur leur marchandise et leur ambition. C'est très louable.
En même temps, ce qui fait une bonne part du charme de Drop, c'est que, malgré la modernité des outils qu'il met en avant, le film a quelque chose d'un peu old school dans sa manière de l'exploiter. Le script se limite à deux décors, une poignée de personnages, et une accroche rapide pour une durée compacte (à peine 90').
L'autre atout, c'est que, même si on peut craindre dans un premier temps que la malheureuse héroïne soit sauvée par son prince charmant, il n'en est rien. La situation de Violet la contraint à ne rien pouvoir dire de son infortune. Le spectateur assiste, aussi impuissant qu'elle, à ses tentatives de communiquer sa détresse en étant constamment rappelée à l'ordre par celui qui menace de tuer son fils et sa soeur.
Face à son comportement erratique, Henry, son date, se montre d'abord perplexe, puis déboussolé, sur le point de partir il se ravise, et finit par piger que quelque chose ne va pas. Quand est révélée l'identité du méchant, on s'en fiche un peu, on est même un peu déçu car le film promettait beaucoup sans qu'on puisse deviner d'où venait le danger.
Mais ce n'est pas grave car, dans une ultime manoeuvre, Violet doit encore faire l'effort de sauver sa soeur et son fils. L'occasion pour Drop de maintenir la tension jusqu'au bout, de façon très convaincante, très intense, et incertaine. C'est vraiment bien joué, bien fichu, et in fine se forme une sorte de boucle qui éclaire définitivement le passé de Violet et rend crédible sa combativité, son caractère de survivante.
Christopher Landon est un cinéaste que je connaissais pas et, après m'être documenté, j'ai compris qu'il n'avait pas une filmo bien remplie. Mais il s'acquitte fort bien de ce qu'il a à faire en ne lâchant jamais son héroïne, ne se dispersant jamais inutilement pour tenter de rendre l'histoire plus spectaculaire. Il bénéficie d'un scénario suffisamment solide et divertissant, même dans ses moments les plus absurdes, pour s'en dispenser.
Surtout, il a devant sa caméra des acteurs parfaits. Brendon Sklenar vient de la série 1923, un spin-off de Yellowstone (créée par Taylor Sheridan), et la sobriété dont il fait preuve est appréciable. Il en surjoue pas, reste à sa place, tout en rendant crédible les réactions de son personnage, à la fois séduit par cette femme et désorienté par son attitude.
Et cette femme est interprétée par une autre actrice venue de la télé : Meghann Fahy, révélée dans The Bold Type et revue ensuite dans White Lotus. A 35 ans, ce n'est plus une jeune première mais son élégance et sa beauté parlent pour elle, elle a une présence indéniable à l'écran. Toutefois, on ne peut limiter sa prestation à son avantageuse plastique.
Fahy a un côté rétro qui peut évoquer Grace Kelly (même s'il faut être prudent avec ce genre de comparaison). Elle exprime impeccablement ce que son personnage traverse, coincée entre la panique qui la dévore et le calme qu'elle doit afficher pour ne pas éveiller les soupçons. Surtout, comme je l'ai déjà dit, elle s'impose comme quelqu'un qui a su transcender le traumatisme de son passé pour devenir une guerrière.
Il y a une forme de modestie mais aussi de roublardise dans Drop : le film ne cherche pas à être plus ce qu'il est mais ne se contente pas non plus d'appliquer une recette. Landon est appliqué à sa tâche et ses acteurs incarnent le récit avec force. On ne voit pas passer le temps tout simplement parce qu'on est resté captivé de bout en bout.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire