Spider-Man arrivera-t-il à temps pour sauver Brian Nehring du Super-Bouffon au siège de Rand Entreprises ? (Suspense insoutenable...)
Oui, je sais, je suis sarcastique avec ce mini résumé, mais vous croyiez quoi ? Que Joe Kelly allait avoir la permission de Marvel pour proposer un dénouement vraiment surprenant et shocking - en somme, une idée, une bonne, qui aurait cassé la routine et prouvé qu'un scénariste de The Amazing Spider-Man était un tout petit peu libre d'écrire ce qu'il avait envie...
Bon, j'envisageai déjà sérieusement avec le précédent numéro d'en rester là avec la fin de cet arc, mais cette fois, je peux confirmer. Parce que... Comment dire ?... Ben, c'est nul en fait ! C'est mauvais, mais mauvais. Honnêtement, qui peut avoir envie de continuer à lire cette série ? Je ne sais pas, ça me dépasse. Beaucoup de choses me dépasse chez Marvel actuellement.
Mais que Marvel se complaise à aligner les runs médiocres (au bas mot) pour leur héros le plus populaire, le plus connu, le plus emblématique... Oui, ça, ça me dépasse complètement. Y a-t-il encore un pilote dans l'avion ? Une ligne éditoriale ? Une direction ? J'en doute. C'est un naufrage. Et on ne voit pas ce qui pourrait stopper ça.
Au début des années 2000, Marvel confiait les rênes de Spider-Man à Joe Michael Straczynski et il en fait un carton énorme. Bon, il a dérapé avec l'arc Sins Past, mais disons que cette histoire n'a jamais existé et l'ensemble est quand même de haut vol. Passons aussi sur l'inélégance de Joe Quesada qui a imposé l'arc One More Day en le réécrivant dans le dos de JMS et qui a provoqué le départ de ce dernier, légitimement furieux...
Puis il y a eu la période Brand New Day. Inégale, forcément, vu le turn-over insensé d'auteurs et d'artistes avec une périodicité quasi hebdomadaire, mais avec un chef d'orchestre brillant pour que personne ne se saute à la gorge (au fait il est devenu quoi, Stephen Wacker ?). Et pour aboutir à l'intronisation de Dan Slott comme seul pilote.
Je sais qu'il y a des gens qui n'aiment pas du tout ce qu'a fait Slott, et pour ma part, je trouvais parfois qu'il faisait trop le malin, que son obsession pour Doc Ock était épuisante, mais il a tenu dix ans avec une énergie incroyable, en osant plein de choses, en bousculant les fans, avec des artistes souvent classe (Ramos, Caselli, Martin, Immonen...).
Et puis, patatras ! Depuis, c'est du grand n'importe quoi, ça part dans tous les sens, Marvel veut faire entrer des ronds dans des trous carrés, ménager la chèvre et le chou, plaire au plus grand nombre en essayant de choquer. Nick Spencer puis Zeb Wells s'y sont cassés les dents, à la fois victimes de leurs mauvaises intrigues et d'interférences éditoriales permanentes, malgré des dessinateurs encore top (car quel artiste refuserait Spider-Man ?).
On a quand même senti qu'après Spencer et Wells, il y avait eu des discussions chez Marvel. fallait arrêter un peu les conneries et sécuriser la série. Du coup, cette fois, on la confie à un vétéran, un ex de la période Brand New Day, Joe Kelly. Le mec a bonne réputation et se présente comme le grand réconciliateur qui ne veut pas réinventer la roue mais simplement faire du Spider-Man classique.
Et ça partait bien, au moins pour, allez, les deux premiers épisodes. Puis à nouveau, la débandade : Itsy Bitsy, le Super-Bouffon, des flashbacks wtf, une intrigue stupide... Mais à quand ça va finir ? Cet arc ne fait que cinq épisodes mais on le termine soulagé, parce que c'est pas bon du tout, c'est un démarrage lamentable, indigne, décourageant.
Ce cinquième épisode ne tient que par les mêmes trucs qui tenaient les quatre précédents : Pepe Larraz, ses pages de ouf. Ah, ça, c'est bien dessiné ! C'est même les plus belles pages de la série que j'ai lues depuis le passage d'Immonen. Mais quel gâchis ! Avoir Larraz et lui filer une histoire aussi pourrie, c'est pas possible.
Alors, oui, comme je le dis plus haut : quel artiste refuserait Spider-Man ? Larraz en avait très envie et Marvel le lui a donné parce que c'est une star, qui va obligatoirement attirer des lecteurs. Mais les dessinateurs, parfois, c'est un peu comme les acteurs qui rêvent de tourner avec certains cinéastes ou jouer certains rôles : même si la production sent le moisi, ils y vont quand même pour exaucer leur rêve.
Et c'est une erreur dramatique parce qu'au lieu d'associer leur nom à celui d'un cinéaste prestigieux ou d'un rôle iconique, ils restent associés à un mauvais film au final. Et pour les comics, c'est pareil : tu peux dessiner Spider-Man, mais si tu dessines une mauvaise histoire de Spider-Man, les fans retiendront d'abord ce dernier point et tu auras participé à un ratage. Tu n'auras pas sauvé la série ni servi le personnage.
Je ne sais pas qui peut sauver Spider-Man. Peut-il même être encore sauvé après tant d'années d'errance ? Le pire, c'est que ça continue à se vendre parce que la fan base est tellement conséquente que, finalement, peu importe qui écrit, qui dessine, qui édite, ça suffira pour être dans le top des meilleures ventes Marvel.
Mais, pardonnez l'expression, ça fait quand même mal au cul. J'ai bien aimé pendant longtemps Spider-Man, j'ai adoré X-Men, et actuellement ce sont deux marques qui sont vraiment dans le trou. Les séries sont mal écrites, plus ou moins bien dessinées, affreusement éditées. Et Marvel s'en fiche : ça se vend visiblement suffisamment pour eux, pourquoi changer, pourquoi réfléchir, pourquoi se casser le fion ?
Donc, terminé. Le prochain arc sera dessiné (en partie seulement, car il va être occupé par ses prochains creator-owned avec Millar et DSTLRY) par Romita Jr., un autre repoussoir. Je ne peux pas croire à un miracle de Joe Kelly après ce premier arc. Le seum absolu.
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