vendredi 20 juin 2025

ZATANNA #5 (of 6) (Jamal Campbell)


Zatanna a donc réussi à se libérer du sort que lui a lancée Lady White et qui l'empêchait d'utiliser sa propre magie sans douleur. Pour cela elle a roulé Fuseli, le démon des cauchemars... Mais pendant ce temps, la situation prend un tour inattendu à la fête donnée par Brother Night...


Quel que soit le dénouement de cette mini-série Zatanna par Jamal Campbell le mois prochain, il sera difficile d'en donner un avis net et tranché. Contrairement à Bring Down the House par Mariko Tamaki et Javier Rodriguez, qui jouait à fond la carte ludique, ce projet-là le met à l'épreuve comme son héroïne, au risque de les perdre tous les deux en route.
 

Un exemple tout simple suffit pour le prouver : dans le précédent numéro, Zatanna resurgissait, à nouveau en pleine possession de ses moyens, pour défier Brother Night et Lady White dans une fête qu'ils donnaient dans un night club. On ignorait comme la magicienne avait réussi à récupérer, surtout après avoir traversé quatre épisodes dans un état proche de l'agonie.


Jamal Campbell semble ici se souvenir qu'il est peut-être allé un peu trop vite et décide donc de revenir en arrière pour s'expliquer. Un énième tour de passe-passe narratif qui complique inutilement la série, mais qui en fait souligne surtout à quel point Campbell veut à la fois témoigner de son investissement total tout en oubliant que sa façon de raconter est surtout bêtement alambiquée.


Bon, on ne peut guère lui reprocher de traiter son sujet et le personnage principal à la légère : Zatanna a l'étoffe d'une héroïne de premier plan mais DC l'a le plus souvent reléguée au second voire troisième plan, sans titre mensuel ni place de choix dans la Justice League (ou alors dans un rôle peu reluisant - cf. Identity Crisis).

Campbell, lui, paraît avoir à coeur de faire de Zatanna cette héroïne de premier plan, à la fois puissante et fragile, hantée et résiliente, qui rivaliserait avec Wonder Woman ou Black Canary par exemple. Et, visuellement, notamment, il délivre des planches très spectaculaires pour signifier au lecteur que ce n'est pas une blague : elle a l'étoffe d'une star et mérite d'être sous le feu des projecteurs.

Dans son script aussi, il se montre inventif : on remarque par exemple que, pour qu'elle se libère du sort que lui a lancée Lady White (une épée qui la pourfend et l'empêche de formuler ses sortilèges), Zatanna vole des lettres dans les bulles de Fuseli, le démon des cauchemars, et quand elle dispose d'assez de lettres, elle les déploie en un contre-sort qui détruit l'épée.

C'est très bien trouvé et à l'image c'est à la fois subtil et efficace. Plus loin, Zatanna aura l'occasion de revoir sa mère et le lecteur de comprendre pourquoi Giovanni Zatara a si durement élevé sa fille, la tenant pour responsable de la mort en couches de sa femme. La scène est un peu trop courte mais poignante, touchante.

Toutefois, tous ces bons points à l'actif de Campbell sont parasités donc par sa manie de construire son histoire de façon si chaotique. C'est particulièrement frappant quand on voit comment il a traité les seconds rôles, qui ont fini par disparaître du paysage, comme s'il n'y avait plus assez de place pour eux. Blue Devil, la troupe de Zatanna, où sont-ils passés ?

Comme pour compenser, Campbell introduit, dans cet avant-dernier épisode, donc très maladroitement, trop tardivement, le personnage de la sorcière Allura, que Zatanna, pour impressionner son père, avait accidentellement libérée de sa prison (une épée) et qui avait jeté un sort très tordu au père et à la fille pour se venger. La voilà maintenant au coeur du dispositif, comme un diable sortant de sa boîte au moment le plus opportun...

Tout ça est regrettable parce que, donc, encore une fois, Campbell prouve concrètement son intérêt pour Zatanna, son envie de la placer dans une position plus spectaculaire, mais ses efforts sont contrariés par le déroulement de l'histoire, affreusement complexe. Plutôt que d'aller d'un point A à un point B, Campbell nous embrouille et rend son intrigue confuse. 

On peut interpréter ça comme un manque flagrant de maturité comme scénariste, et il faudra qu'il apprenne à rester plus simple, plus direct pour progresser. Pour le reste, il est déjà un artiste accompli.

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