vendredi 27 juin 2025

ABSOLUTE MARTIAN MANHUNTER #4 (of 12) (Deniz Camp / Javier Rodriguez)


Une vague de chaleur s'abat sur Middleton et plusieurs citoyens voient rouge, s'en prenant les uns aux autres de façon de plus en plus violente. L'agent John Jones et son "martien" enquêtent, mais le climat semble affecter l'extraterrestre. Cependant que Bridget, la femme de John, tolère de moins en moins que son mari soit de plus en plus accaparé par son travail...
 

DC et Deniz Camp (tiens, c'est marrant, je n'avais pas remarqué que les initiales du scénariste étaient celles de son éditeur...) n'auraient pas pu mieux choisir la date de parution de cet épisode, alors que la canicule règne aussi bien dans l'histoire de la série que dans la vie réelle. Souhaitons quand même que les choses ne dégénèrent pas aussi brutalement dans notre monde (voeu pieux avec tous les conflits actuels)...
 

Même si l'histoire met toujours au premier plan John Jones et son martien, le véritable coeur de ce numéro est bien le couple que forme l'agent du FBI et sa femme. Comme elle le lui dit, elle ne le reconnaît plus depuis quelque temps et le soupçonne de lui cacher quelque chose. Mais quoi ? Une aventure extra-conjugale ? Autre chose ?


Deniz Camp met en parallèle, de manière inspirée, les tensions que provoque la chaleur en ville avec la crise que traverse le couple, deux terrains de guerre avec John Jones et le martien au milieu. Bien entendu, John ne peut dire à sa femme qu'il communique avec un extraterrestre, alors il ruse, maladroitement...


Après l'avoir interrogé une première fois sur son étrange comportement, Bridget n'est pas dupe et s'aperçoit que John quitte leur lit en douce la nuit pour aller travailler. Il passe de plus en plus de temps en mission et communique peu sur celle-ci, comme ils en avaient convenu. Mais le doute ronge la jeune femme qui finit par lui rappeler qu'elle n'est pas la seule à souffrir : il y a aussi leur fils.

Maintenant que John s'est habitué à la présence du martien, il ne se rend plus compte à quel point ce dernier fait quasiment partie de lui-même, de son existence. De manière humoristique, Javier Rodriguez les représente même couchés sur le sofa après que Bridget ait interdit l'accès de leur chambre à son mari. 

Deniz Camp souligne aussi que le temps perturbe le martien, qui, en d'autres circonstances, pourrait certainement manipuler mentalement Bridget. Contrairement à son modèle de l'univers classique de DC, ce martien ne craint pas le feu, mais le soleil le rend distrait, il le fixe souvent comme si l'étoile recelait un secret. A la toute fin, il sait lequel (mais je ne vais pas le spoiler).

Surtout tout l'épisode est construit comme un crescendo musical : à mesure que les incidents ont lieu en ville, l'ambiance chez les Jones devient explosive et finit d'ailleurs par une dispute coïncidant avec plusieurs déflagrations (des attentats à la bombe). La ville prend littéralement feu, plonge explicitement dans les ténèbres en même temps que le mariage de John et Bridget.

Encore une fois les planches de Javier Rodriguez prolongent le propos du script de Deniz Camp en faisant preuve d'une inventivité de tous les instants. Le fait que l'artiste assume aussi la colorisation de la série lui permet d'avoir le contrôle total sur les images et amplifient le moindre effet, parfois donc de façon comique, parfois de façon dramatique.

Le découpage joue aussi un rôle essentiel, surprenant le lecteur au meilleur moment, comme quand Bridget s'adresse à John, à genoux devant elle, et lui avouant qu'elle ne le reconnaît plus. Le visage du martien se substitue alors à celui de John (mais seulement pour le lecteur), ce qui créé un effet déstabilisant et confirme la symbiose entre les deux personnages.

Il faut lire deux fois chaque épisode pour, dans un premier temps, suivre simplement l'histoire (qui reste étonnamment accessible malgré sa bizarrerie) et, dans un second temps, pour se régaler des idées narratives et visuelles que la série dispense généreusement, dans un esprit ludique tout en faisant monter la tension. Quelle BD !

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