Bon, pas de résumé pour ce dernier épisode, histoire de ne pas spoiler, même accidentellement. La traduction publiée par Urban Comics sera disponible le 19 Septembre prochain et, malgré tout, j'ai quand même envie de vous conseiller la lecture de The Moon Is Following Us. Mais je ne pense pas que vous ayez besoin de moi pour vous le procurer.
Daniel Warren Johnson est désormais assez réputé, et favorablement, en France, pour que ses fans se passent de l'opinion des critiques. Et ça donnera sûrement l'occasion à beaucoup de monde de découvrir Riley Rossmo, moins connu que son partenaire sur ce projet et qui gagne à être lu. Donc, oui, je n'ai aucune crainte concernant le succès à venir de cette mini-série.
On peut dire ce qu'on veut, moi le premier, mais Johnson construit une oeuvre très cohérente et forte d'album en album. Cela fait de lui un auteur à suivre avec intérêt. Il privilégie ses projets en creator-owned sans cracher sur des commandes chez les Big Two où il réussit toujours à imposer son style très énergique et sensible à la fois - il a été de la partie pour le n°400 de Wolverine en Avril.
Toutefois, je dois bien avouer que, de mon côté, je vais sûrement être plus distant avec lui pour la suite. J'ai découvert Johnson avec Murder Falcon que j'ai adoré et que je tiens pour un chef d'oeuvre, bouleversant et explosif, follement original. Mais c'est comme si, depuis, je ne retrouvai plus ce qui m'avait tant plus dans cette histoire.
Do a Powerbomb ! restait très bon, mais je n'en étais pas sorti aussi émerveillé. Et The Moon is following us a été une lecture éprouvante. La fin avec ce dixième épisode n'y a rien changé, au contraire : j'ai trouvé d'une tristesse écrasante, et quelque peu complaisante. Or, j'ai en horreur la complaisance dans la bande dessinée (ou ailleurs).
Quand j'étais ado, j'aimai bien Mylène Farmer par exemple. Je n'étais pas un fan comme ceux qui vont la voir en concert en la contemplant comme la Sainte Vierge de la variété française, mais j'aimai bien ce qu'elle dégageait. Lorsqu'elle fit un duo avec le regretté Jean-Louis Murat, je fus emballé par leur complémentarité. Je garde un souvenir ému du clip de California...
Puis je me suis lassé et me suis même irrité quand j'ai compris qu'elle faisait étalage de son côté madone dépressive à coup de tubes artificiellement torturés et clips chiadés. Elle exploitait un filon qui lui apportait de plus en plus de fans mais qui devenait complaisant dans son expression. Et puis, par ailleurs, mon intérêt musical se portait sur d'autres répertoires.
De toute façon, mes vraies passions étaient (et restent) du côté de Jean-Jacques Goldman, Georges Brassens, Renaud, Francis Cabrel, Eddy Mitchell, Michel Berger et France Gall, Vanessa Paradis. Mylène Farmer n'avait été qu'une passade.
Et Daniel Warren Johnson avec tout ça ? Hé bien, je crois que c'est pareil que Mylène Farmer. Murder Falcon aura été un coup de coeur mais la suite de sa production n'a jamais réussi à le supplanter. C'est comme si j'avais commencé par le meilleur et m'échinais à lui courir après sans jamais le rattraper. Ni Do a Powerbomb ! ni The Moon is following us n'y sont parvenus.
C'est très comparable à la musique : parfois vous tombez sur un disque qui vous marque au fer rouge. Vous voulez écouter le suivant du même artiste, mais vous êtes un peu déçu. Puis le troisième sort, et vous avez la sensation que rien n'égalera la premier. Deux choix s'offrent à vous : soit vous persévérez, soit vous arrêtez les frais.
Je trouve que Daniel Warren Johnson a un talent énorme et sa collaboration avec Riley Rossmo a produit des choses magnifiques, mais en fait ça a surtout confirmé que le choc ressenti lors de la lecture de Murder Falcon ne se répétera plus. Parce qu'au fond Johnson raconte (ressasse ?) toujours la même histoire.
Ses comics possèdent ce mélange détonant et jubilatoire d'émotion et d'énergie brutes, à l'image de son dessin. Rossmo y a glissé une part d'étrangeté qui, je l'espérai, renouvellerait l'ensemble, mais ce ne fut pas le cas. On a eu encore une fois un récit complet poignant et dynamique, mais pas aussi poignant et dynamique que Murder Falcon.
J'ignore ce que prépare Johnson mais j'aimerai qu'il s'aventure hors de sa zone de confort - une zone d'inconfort en vérité vu le fond très sombre de ses histoires. Je n'ai pas lu son Beta Ray Bill ni sa Wonder Woman : Dead Earth, et peut-être que je devrais essayer pour voir s'il ose autre chose avec des personnages qu'il n'a pas créés.
Mais de toute façon, ce n'est pas le moment. Je sors de The Moon is following us plombé. Le monde est déjà pas très lumineux en ce moment pour ne pas avoir envie que des auteurs en rajoutent. C'est une belle BD néanmoins, mais il faut avoir la santé pour la lire. Et mon erreur majeure aura été de la lire mensuellement (même si d'une seule traite ne doit pas rendre le dénouement moins terrible).
C'est très curieux : voilà un comic-book qui est qualitatif, c'est indéniable, mais qui m'a essoré. Au point que je n'ai pas pris plaisir à la critiquer mois après mois. Je suis allé au bout quand même. Mais maintenant je veux surtout aller ailleurs.
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