dimanche 30 juin 2024

THE ONE HAND #5 (of 5) (Ram V / Lawrence Campbell) - Avec The Six Fingers, 2 comics qui n'en font qu'un


L'inspecteur déchu Ari Nassar arrive chez Helene, l'androïde qu'il a autrefois aimé. Elle vient de recevoir la visite de Johannes Vale qui l'a finalement épargnée avant de lui transmettre un message à l'intention du policier sur sa destination...


Avec ce cinquième épisode, la mini-série The One Hand s'achève donc. Mais pas l'histoire qui la lie à l'autre mini-série The Six Fingers. Donc c'est une conclusion, mais le dénouement de cette intrigue : pour cela, il faudra attendre fin Juillet et le dernier épisode de The Six Fingers. Suis-je clair ?


Je pense en tout cas que je suis plus clair que ne l'est Ram V avec ce dernier chapitre qui m'a laissé... Comment dire ?... Justement, sans mot. C'est évidemment intentionnel mais c'est tout de même très casse-gueule, du genre à complètement planter le lecteur. Je vais tâcher de vous expliquer ça, sans trop spoiler.
  

Une partie du concept de ces deux séries qui n'en font qu'une évoque Attrape-moi si tu peux, le film de Spielberg avec di Caprio, autrement dit la traque d'un personnage par un autre jusqu'à ce qu'ils se rencontrent enfin. Dans le film de Spielberg, on avait un escroc de génie, insouciant, poursuivi par un agent du FBI, tout ça sur le ton de la comédie.


The One Hand (et The Six Fingers) s'inscrit dans un registre beaucoup plus dramatique et noir. L'action se déroule dans le futur, dans un cadre urbain, avec un flic, un tueur en série (qui en copie un qui en copiait déjà un), des androïdes, des meurtres rituels, des glyphes énigmatiques. Il faut accepter de ne pas tout comprendre et même de s'y perdre pour savourer le concept. C'est pas évident mais ça participe de l'envoûtement si on joue le jeu.

Ram V, pour ce que j'ai lu de lui et ce que j'en ai entendu, est un scénariste qui apprécie de manipuler son lecteur, sans lui livrer toutes les clés de ses récits ni même lui donner toutes les réponses à la fin. On pourrait donc dire qu'il laisse à son public le soin de co-écrire l'histoire et même de lui donner un sens terminal. C'est une manière d'écrire qui est périlleuse car elle exige du lecteur une disponibilité, une ouverture d'esprit, une volonté de participer. 

Ce qui reste au lecteur, c'est l'appréciation, d'aimer ou non ce qu'on lui a raconté. C'est aussi le cas ici, mais avec une part plus importante accordé aux béances non comblées par l'auteur. David Lynch n'aimait pas expliquer ses films, justifiant cela par le fait qu'il s'adressait non à l'intellect mais aux sens du spectateur. C'est un peu la même chose ici, quoique moins sensuel, plus abstrait, plus cryptique. Et c'est raccord avec l'histoire qui traite du sorte de cracking de la réalité, comme si celle-ci était codée. C'est plus proche de Matrix des frères Wachowski (au moins pour le premier film, avant le gloubi-boulga christique des suites).

Est-ce que je vous dis si oui ou non Ari Nassar et Johannes Vale se rencontrent enfin et à quoi ça aboutit ? Bon, ils se rencontrent, ils sont dans la même pièce pendant une courte scène. Mais Nassar n'arrête pas Vale. Et on a la confirmation qu'en réalité ça n'a jamais été l'objectif, la finalité (sauf si le dernier épisode de The Six Fingers revient là-dessus). Nassar continue sa route, à creuser, à lever le voile. Et ce qu'il découvre est perturbant. Mais aussi très bizarre.

Et c'est un peu là-dessus que, moi, j'ai buté. Parce que je ne vais pas faire le malin : je ne crois pas avoir tout compris. L'épilogue, en particulier, après la grande scène de la révélation dérangeante que j'évoque plus haut (mais que je ne spoilerai pas), est très, mais alors très étrange. Le sens m'a échappé. Ce qui ne signifie pas que c'est raté, incompréhensible, fumeux, etc. Mais c'est un test. D'une certaine manière, je me suis demandé si Ram V n'avait pas voulu complètement paumer le lecteur. Avant, peut-être, de laisser à Dan Watters le soin de fournir à ce même lecteur une fin un peu plus abordable dans The Six Fingers #5. On verra.

Je pense en tout cas qu'on reverra Nassar dans la fin de l'autre série. Mais comment ? Avec quel résultat ? Quel impact ? Là, mystère. Je le répète : c'est couillu de faire ça. Moi, ça ne me déplaît pas, même si, donc, je n'ai pas tout capté. Je crois que je ne suis pas le client idéal pour les comics de Ram V en tout cas, même s'il fera des trucs qui m'attireront (notamment son prochain gros projet, chez DSTLRY, avec Joelle Jones, à partir de la rentrée, Through Red Windows).

Graphiquement, Lawrence Campbell a produit quelque chose de tout aussi radical. C'est très noir, très austère. On adhère ou pas. Parfois, je trouve ça fulgurant, et c'est encore le cas ici. Parfois aussi, je trouve que c'est trop noyé sous des à-plats de noir, que la colorisation de Lee Loughridge peine à nuancer. Mais c'es raccord avec le récit et l'ambiance est intense. Disons qu'il faut être prêt et prévenu parce que, de ce côté-là aussi, ce n'est pas facile.

Maintenant, j'ai quand même deux attentes : la première, c'est que le dénouement dans The Six Fingers #5 soit quand même un chouia plus accessible, moins frustrant ; et la deuxième, c'est que soit publié un volume regroupant les deux séries parce que ce serait un non-sens total de collecter ça en deux tomes séparées (il est impossible de piger et de goûter à l'expérience sans lire les deux mini-séries).

THE SIX FINGERS #4 (of 5) (Dan Watters / Sumit Kumar) - Avec The One Hand, 2 comics qui n'en font qu'un


Johannes Vale retourne à l'usine de traitement de déchets où il travaillait pour effacer toutes les données le concernant afin d'empêcher la police de le pister. Puis, pour occuper forces de l'ordre et secours, l provoque une explosion dans le bâtiment. De retour chez lui, il retrouve Ada à qui il confie ce qu'il a découvert sur la ville, les liens avec les meurtres commis par le tueur à une main et son copycat. Tout en se demandant si cela est bien réel...


Des excuses s'imposent pour commencer : cela fait deux mois depuis le n°3 de The Six Fingers et un mois et demi depuis le n°4 de The One Hand que je n'ai plus écrit de critiques sur ces deux titres. J'ai tout simplement oublié de lire les épisodes parus depuis et donc je n'ai pas rédigé leurs critiques. Je vais donc rattrapé mon retard en attendant la fin de l'histoire qui aura lieu dans The Six Fingers #5, à paraître fin Juillet.


Nous avions donc quitté Johannes Vale et Ada après qu'ils se soient enfuis de l'hôpital où avait été admis Oddell Watts. Johannes tuait Watts juste avant de filer et alors que Ari Nassar découvrait la scène de crime. Empruntant un des passages qu'il peut désormais ouvrir, Johannes Vale échappait au détective mais découvrait surtout avec un tout nouveau regard la ville de Neo Novena.


Dan Watters revient dans une longue scène sur la découverte de Vale, une sorte de révélation, d'épiphanie mystique, qui fait vaciller le jeune homme. Il a établi des liens entre les meurtres commis par les tueurs à une main et l'essence même de la cité, ce qui l'alimente. Mais aussi que ce qui fournit son énergie à Neo Novena pourrait avoir une autre source, plus importante que le sang des victimes de tueurs.


Chacun de leur côté, Vale et Nassar ont assemblé un puzzle, mais de nature différente. Nassar doit remonter la trace d'un deuxième copycat après Oddell Watts : il procède donc avec méthode, comme le fait un flic, suivant les indices, s'attachant aux faits, aux preuves matérielles.

Vale procède autrement : lui n'a pas à confondre un assassin, il en devenu un sans vraiment comprendre comment ni pourquoi. Il tue sans connaître le dessein de ses crimes, à quoi cela répond. Son approche est plus intuitive, plus instinctive aussi.

Dans les deux cas, cependant, on retrouve à un moment une bifurcation : Nassar comme Vale doutent de l'aspect classique de leurs quêtes. Nassar s'intéresse à la pistes de cogs, ces androïdes sophistiqués, comme cette cyber prostituée qu'il a fréquenté et qui a été recyclée : il bascule dans un raisonnement vertigineux qui l'interroge sur l'humanité toute entière de Neo Novena. Vale, lui, tente de décrypter les glyphes qu'il inscrit mécaniquement, comme sous l'effet d'une possession surnaturelle, après chaque meurtre, convaincu qu'ils sont la clé à toutes ces horreurs, à sa propre mutation - peut-être est-il un robot lui aussi ?

Malgré les tours et détours des récits qui s'entrecroisent, on note bien que le polar et le fantastique ne sont là que pour habiller quelque chose de plus souterrain, de plus complexe chez ces deux personnages. Vale est agi par quelque chose qui le dépasse mais qui le renvoie à ses études d'archéologie, étudiant un langage disparu mais contenant une vérité ancienne éclairant le présent. Il découvre finalement que tout Neo Novena est codé et qu'il lui faut, comme un linguiste ou un pirate informatique, cracké ce code. Cela passe par des meurtres ritualisés, des sacrifices. Des offrandes.

Mais on mesure aussi à quel point Vale est au bord du précipice : s'il continue, il plonge dans l'abîme. S'il s'arrête, il laisse un chantier de fouilles inachevé et peut-être à un autre la charge de nouveaux crimes. Dans tous les cas de figure, il se demande surtout si ce qu'il a découvert est une hallucination ou la réalité. Et pour cela, Ada, la galériste qui a voulu exploiter les crimes du tueur à une main comme oeuvres d'art, va l'aider de manière très sensible, très physique.

Le fait que cette intrigue trouvera sa conclusion dans le cinquième et dernier n° de The Six Fingers (et non dans celui de The One Hand) indique qu'il faut s'attendre à un dénouement dérangeant, du côté du personnage le plus dérangé, celui du tueur. Cela suggère aussi que le lecteur doit rester prudent sur le sens que revêtira cette fin car rien ne dit qu'elle sera fiable vu l'état psychologique du personnage de Vale.

Sumit Kumar produit des planches de plus en plus saisissantes : il y a une sorte de sécheresse, d'aridité dans ces pages, avec des personnages aux postures rigides, aux traits tirés. Cela traduit une grande tension qui correspond parfaitement à ce que le script raconte. Même la scène de sexe au centre de l'épisode n'évoque aucune sensualité, aucun sentiment : c'est plutôt un moyen pour les auteurs de montrer comment Ada permet à Vale de dissiper ses doutes sur ce qu'il a appris et qu'il puisse achever sa quête.

Le découpage est d'ailleurs très simple, très direct, même dans ses moments les plus étranges. Là aussi tout est mis en oeuvre visuellement pour montrer au lecteur qu'on se dirige vers le terme de l'histoire et qu'on y va, comme Vale, d'un pas à la fois angoissé et résolu malgré tout.

A suivre dans The One Hand #5, avant le finish dans The Six Fingers #6.

samedi 29 juin 2024

GUARDIANS OF THE GALAXY, VOLUME 1 : THEN IT'S US (Al Ewing / Juann Cabal)


Les Gardiens de la Galaxie (Star-Lord, Gamora, Rocket Raccoon, Groot, Drax, Phyla-Vell, Moondragon) dînent tous ensemble, savourant leur nouvelle vie, loin des conflits. Nova (Richar Ryder) surgit alors pour demander leur aide dans une affaire aux répercussions cosmiques dramatiques.


Une nouvelle Olympe est apparue et ses dieux, emmenés par Zeus, sont mécontents. Ils détruisent tout sur leur passage avec l'objectif de reprendre la place qui étaient la leur, pour régenter l'univers. Nova veut donc assembler une équipe d'intervention. Gamora refuse de retourner se battre : les Gardiens sont une famille, lasse de la guerre et des sacrifices qu'elle réclame.


Star-Lord abonde d'abord dans ce sens mais, la nuit venue, il rejoint Rocket, Phyla-Vell et Moondragon, tandis que Marvel Boy a été recruté par Nova. Nova et Phyla-Vell font barrage à Zeus, Hera et Apollon pendant que Marvel Boy, Moondragon et Star-Lord s'introduisent dans la nouvelle Olympe. Mais des deux côtés, l'opposition est trop forte et c'est la débâcle. Star-Lord prend alors une décision radicale qui va bouleverser tous les Gardiens...


Il y a une dizaine de jours je vous présentai une critique de la mini-série Rocket de 2017, écrite par Al Ewing (et dessinée par Adam Gorham), en expliquant qu'il s'agissait d'une sorte de tour de chauffe pour le scénariste trois avant qu'il prenne en mains la série régulière Guardians of the Galaxy.


Entre ces deux titres, Gerry Duggan a passé le flambeau à Donny Cates, dont la prestation n'a duré que dix épisodes et n'a pas laissé un grand souvenir. Marvel s'est alors tourné vers Al Ewing qui, entre temps, connaissait un succès retentissant avec Immortal Hulk.


Ewing est connu pour son amour de la continuité : pas question pour lui de passer après quelqu'un sans tenir compte de ce qu'il a produit, mais pas question non plus de composer sans ce que des auteurs plus anciens ont établi. Ici, cela va se matérialiser par la formation de l'équipe qui conserve des éléments réintroduits par Cates, tout en conservant des personnages devenus très populaires grâce aux films de James Gunn, et en empruntant à des héros qu'affectionnaient Andy Lanning et Dan Abnett.

Ce premier arc narratif est aussi court (5 n°) que dense. Sans perdre de temps, l'intrigue met en avant une menace d'envergure qui contraste avec la situation des Gardiens, qui se sont retirés sur Halfworld pour y vivre à la façon d'une famille recomposée (avec notamment la réunion de Heather Douglas/Moondragon et Arthur Douglas/Drax, son père). Peter Quill/Star-Lord est en couple avec Gamora, Rocket et Groot sont aussi là. Et c'est à ce moment précis que débarque Richard Ryder/Nova, qui a longtemps combattu auprès de tout ce beau monde et fut l'amant de Gamora avant Quill...

On comprend tout aussi vite que l'appel aux armes de Nova divise profondément les Gardiens : si d'un côte (Phyla-Vell et Moondragon, Rocket), on est prêts à repartir au combat, de l'autre Gamora refuse catégoriquement, estimant (légitimement) que justement la famille a assez donné. Et cela place Quill dans une position délicate : il ne le dit pas à sa compagne mais il sent que le devoir l'appelle.

Face à un groupe de seulement six membres (Nova, Star-Lord, Rocket, Moondragon, Phyla-Vell, plus Marvel Boy), rien moins que les dieux de l'Olympe qui reviennent pour régner sur l'univers et qui ne sont pas contents. Le lecteur saisit instantanément que la partie est très déséquilibrée et qu'en vérité, il s'agit d'une mission suicide. Sans spoiler (même si j'y serai obligé quand je parlerai du deuxième tome), l'un des Gardiens va mourir, en donnant sa vie pour sauver celles des autres.

Et cette mort, Ewing ne va pas la traiter superficiellement : la seconde partie de l'arc est entièrement consacrée à ses conséquences. Deux camps de Gardiens vont s'affronter car l'un ne peut admettre que l'autre a perdu un des leurs. Le scénario convoque alors les personnages peu recommandables de castor Gnawbarque III et BlackJack O'Dare, qui profitent de la situation pour se venger de Rocket qui, dans la série écrite par Ewing en 2017, a collatéralement nui au business de Gnawbarque...

Et pour corser encore plus cette affaire, Ewing va confronter Heather Douglas au Dragon-Lune et mêler à la bataille le Prince du Pouvoir, un personnage conçu comme une parodie de Musclor (He-Man en vo) dans la série Les Maîtres de l'Univers. Entre temps, Hercule va intégrer la "famille" aussi...

Comment Ewing arrive à gérer tout ça en seulement cinq épisodes ? C'est tout simplement prodigieux, mais tellement surprenant de la part d'un scénariste connu pour fonctionner à rebours des modes, c'est-à-dire qui n'est pas adepte de la narration décompressée. Pourtant, ce qui frappe et séduit, c'est que ce n'est jamais empesé, encombré : au contraire, la fluidité du récit est imparable, le rythme est soutenu mais par hystérique (comme le prouve l'épisode 3 entièrement dévolu au deuil). Ewing incorpore à sa recette des personnages inattendus (Marvel Boy, Hercule) en utilisant toutes leurs capacités (Noh-Varr, créé par Grant Morrison et J.G. Jones, mal exploité par Bendis quand il s'en servit dans Dark Avengers et Avengers, est ici spectaculairement bien repris)/

Moondragon semble quand même avoir une place particulière dans le coeur du scénariste puisqu'il lui consacre des scènes vraiment étonnantes, d'une profondeur épatante. Seule Phyla-Vell est plus en retrait.

Au dessin, Juann Cabal rayonne. Jusqu'alors inconnu, il réalise une prestation impressionnante. Tant et si bien que depuis il a toutes les peines du monde à confirmer : était-il particulièrement inspiré et challengé par les scripts de Ewing ? Ou n'était-ce qu'un feu de paille qui a tout donné sur ce titre et qui aujourd'hui n'a plus rien sous le capot ? En tout cas, lorsqu'on (re)lit ces épisodes, on est pris d'une nostalgie en admirant le travail de cet artiste tout feu tout flamme.

A l'époque où j'ai cette histoire pour la première fois, j'avais comparé ce qu'accomplissait Cabal à ce que produit J.H. Williams III : la référence est écrasante et sans doute m'étais-je emballé. Mais quand même, l'inventivité de ses découpages reste sidérante, et ce n'est que le début - par la suite, il se surpassera encore. Mais pour en revenir aux scènes entre Heather Douglas et le Dragon-Lune, c'est flamboyant.

Les doubles pages de Cabal sont toutes insensées et on comprend pourquoi, après seulement deux épisodes (surtout que le premier est plus long), il cède sa place sur le troisième à trois artistes (Nina Vakueva, Chris Sprouse - seul à sortit du lot - et Belen Ortega). Mais quand, donc, il revient conclure l'arc, il est remonté à bloc et donne tout.

Son trait est particulièrement élégant, très fin, expressif aussi. Ce qui compense parfois une certaine raideur dans les postures des personnages, un de ses rares points faibles. Cabal peut aussi s'appuyer sur un coloriste fait pour mettre son travail en valeur en la personne de Federico Blee : celui-ci utilise une palette aux teintes douces, qui contraste avec la violence et la brutalité de certaines scènes, mais qui illumine les planches de l'artiste.

Bref, c'est une démarrage canon. A suivre donc...

UNDERWATER (William Eubank, 2020)


Kepler 822 est une station de recherche et de forage dans la fosse des Mariannes et qui appartient à Tian Industries. Ce qui ressemble à un tremblement de terre en détruit une partie. La mécanicienne Noarah Price et ses collègues Rodrigo Nagenda et Paaul Abel se dirigent cers les capsules de sauvetage mais découvrent qu'elles ont été déployées. Le capitaine Lucien est le seul à être resté après l'évacuation.


Ensemble, ils atteignent le poste de contrôle de Kepler où sont déjà la biologiste Emily Haversham et l'ingénieur Liam Smith qui tentent d'entrer en contact avec la surface - sans succès. Lucien suggère d'utiliser des combinaisons pressurisées pour marcher au fond de l'océan et gagner la station Roebuck 641. Alors qu'ils descendent dans le monte-charge, le casque défectueux de Rodrigo se fend et implose sous l'effet de la pression, le tuant instantanément.


Les cinq survivants voient une balise de détresse provenant d'une capsule de sauvetage. Paul et Liam partent voir ça de plus près et ils trouvent un corps dans les décombres avant d'être attaqués par une créature. Liam la tue et l'emmène à l'intérieur de la station Roebuck. Emily l'examine : elle n'a jamais vu cette espèce sous-marine avant. Des coups retentissent depuis l'extérieur - peut-être d'autres créatures ? 


Underwater fait partie de ces films sortis au mauvais moment, puisque son exploitation en salles a été stoppée net par la pandémie de Covid-19. Commercialement, il a été comptabilisé comme un échec, ce qui est injuste compte tenu du contexte. Mais aurait-il mieux performé dans des circonstances normales ?
 

Car l'histoire écrite par Brian Duffield et Adam Cozad s'inscrit d'abord dans la longue lignée de celles inspirées par le premier Alien (Ridley Scott, 1979). L'action ne se déroule pas dans l'espace, mais au fond de la fosse des Mariannes, personne ne vous entendra crier non plus si vous rencontrer des monstres que vous n'êtes pas préparé à combattre.


Dès lors, on ne jugera pas Underwater sur son originalité - ce n'est pas un film original, il ploie sous le poids de ses références écrasantes. Mais il a le mérite d'être quand même efficace et concis. 95' en tout et pour tout, et vous savez quoi, ça fait du bien de voir un long métrage qui raconte ce qu'il a dire sans exploser les compteurs, sans vouloir être long pour essayer d'être ambitieux.


Je l'ai déjà dit dans d'autres critiques de films, mais je n'approuve pas les déclarations de cinéastes comme Denis Villeneuve ou Christopher Nolan ou Martin Scorsese qui pensent que désormais il faut faire long pour que le spectateur (surtout le plus jeune) ait le sentiment d'en avoir pour son argent. La durée d'un film n'est pas un indice de qualité ni, je crois, d'attractivité. Ce que le public réclame, ce sont de bons films, surprenants, prenants. Il y a d'excellents films qui ne dépassent pas 90' et de très mauvais qui en font 180' et vice-versa : faire long pour en somme rembourser l'audience, ce n'est pas la bonne formule.

Et donc, Underwater, sans mauvais jeu de mots, sait mettre la pression sur ses personnages et le spectateur sans perdre son temps ni (autre jeu de mots involontaire) l'essorer. William Eubank entre dans le vif du sujet sans tarder puis s'attache davantage à ses protagonistes qu'aux monstres qui peuplent les fonds marins et les dégâts matériels qui s'ensuivent. De manière manifeste, le réalisateur insiste à plusieurs reprises, au contraire, pour en montrer le moins possible, ou du moins différer le plus possible l'apparition claire de la menace. Lorsqu'il y sacrifie, le résultat devient plus convenu et pour cause : on a déjà vu ça.

Il y a une autre influence dans le film, moins évidente au premier abord du fait du cadre de l'action, mais qui est tout de même frappante : la construction ressemble aux Dix Petits Nègres de Agatha Christie. Au début, on a six personnages, puis cinq, puis quatre, et on finit avec trois après un passage où on croit qu'il n'y en a plus qu'un seul. Les créatures sont vicieuses : elles attaquent en ciblant à chaque fois un des héros, l'écartant des autres, isolant le groupe.

Il n'y a pas dans ce groupe de soldat, de militaire : ce sont des chercheurs, des mécanos, une biologiste, un ingénieur... Lucien a le grade de capitaine mais ce n'est pas un officier de l'armée. Cela suggère la vulnérabilité de cette équipe qui, instantanément, est confrontée à une situation de crise (la destruction de leur station, l'obligation de la quitter pour en gagner une autre en s'aventurant dans de lourds scaphandres vers un autre bâtiment dont elle ignore l'état. Ajoutez la menace des créatures, qui surgit très vite, et le trouillomètre s'affole vite.

Le film commence comme il se termine avec apparaissant à l'image des coupures de presse sur les activités de Tian Industries, ses recherches en mer, ses forages dangereux. Sans rien montrer de plus sur cette compagnie, on devine qu'il s'agit d'une corporation puissante, à l'abri des poursuites judiciaires, sans scrupules concernant l'exploitation des fonds marins. Prête à sacrifier ses employés aussi puisque, tout du long, les appels en direction de la surface resteront sans réponse et Emily Haversham la première dira qu'ils n'ont rien à faire ici, qu'ils ont violé un territoire, un sanctuaire et réveillé ses terribles gardiens.

Le casting est solide. Mamoudou Athie est vite écarté, ce qui es dommage pour lui mais souligne les risques que vont courir les autres; Les autres, ce sont John Gallagher Jr., T.J. Miller, très bons chacun dans leurs rôles. Jessica Henwick compose un personnage dont la fébrilité est à la fois sa faiblesse (trop fragile nerveusement) et sa force (constamment sur le qui-vive). Vincent Cassel est impeccable en chef d'équipe (même si, à un moment, son personnage se trompant sur l'âge de sa fille, on pouvait croire qu'il allait partir en vrille ensuite, ce qui ne se produit pas). Enfin, Kristen Stewart, inattendue dans ce genre de film, est comme toujours impeccable : elle incarne une néo Ellen Ripley très convaincante, le cheveu ras, mais jamais érotisée même quand elle n'est que vêtue de sa brassière et de sa culotte.

Underwater n'a pas à être déconsidérée comme un sous Alien : c'est le rejeton sous-marin du chef d'oeuvre de Ridley Scott et un divertissement très nerveux, plus digeste et accrocheur que nombre des suites avec le xénomorphe.

jeudi 27 juin 2024

BLACK WIDOW & HAWKEYE #4 (of 4) (Stephanie Phillips / Paolo Villanelli)


Hawkeye est prisonnier de Damon Dran qui veut ainsi attirer Black Widow dans un piège et les faire payer tous les deux pour sa défiguration. Natasha Romanoff libère Clint Barton qui lui explique pourquoi il s'est fourré dans ce guêpier depuis le début. Avant que leur ennemi commun attaque...


Et c'est fini pour cette mini-série. Dont on se demande à vrai dire et sans méchanceté à quoi elle aura servi. Parce que, bon, on va être honnête, puisque Marvel ne l'est guère, on ignore à qui cette histoire s'adresse ? Et si, hypothétiquement, elle va avoir des retombées positives pour ses deux héros ?
 

Avant de répondre à ces questions, ou en tout cas d'exprimer un avis à ces sujets, on pourra dire que Black Widow & Hawkeye aura été inégale : un démarrage accrocheur, un deuxième chapitre énervant, puis deux derniers épisodes plus efficaces et aboutis. Stephanie Phillips n'a pas affiché une grande inspiration pour ce pur travail de commande.


Je l'ai déjà écrit mais j'ai l'impression que pour cette scénariste par ailleurs très talentueuse, tout ça ressemble à une forme de bizutage en règle. C'est un fait entendu : il y a peu de femmes scénaristes, et si ça semble s'arranger, ça n'en reste pas moins une vérité indéniable que celles qui sont à le surface sont un peu l'arbre qui cache la forêt.


Car, enfin, quelle femme scénariste est en charge d'un titre phare aussi bien chez Marvel que chez DC ? On verra ce que Gail Simone fera avec Uncanny X-Men à partir du mois d'Août, en se rappelant qu'elle sera la première à écrire cette série emblématique depuis sa création, ce qui suffit en soi à résumer la situation. Mais sinon ?

Sinon, rien. Aucune femme n'écrit Batman, Avengers, Spider-Man, Superman, Titans, Justice League, et j'en passe. C'est tout de même extraordinaire. Ann Nocenti, par exemple, reste aujourd'hui encore la seule à avoir écrit Daredevil ! Au mieux les "Big Two" confient aux femmes des personnages de second rang (ce qui ne veut pas dire des personnages inintéressants !), qu'elles contribuent parfois à rendre populaires ou à qui elles donnent des aventures parfois réussies, mais pour les séries les plus exposées, les plus importantes commercialement, pas touche. Réservé aux mecs (même quand ceux-ci font n'importe quoi avec - l'exemple de Spider-Man depuis Dan Slott est frappant : Nick Spencer comme Zeb Wells désespèrent tous les fans du Tisseur.).

Revenons à Stephanie Phillips : avec le succès de Grim, sa propre création, elle pourrait largement se dispenser de perdre son talent et gâcher son talent avec des mini-séries comme celle-ci. Elle n'y fiat pas du mauvais boulot. Mais qu'est-ce que ça lui rapporte concrètement ? Hé bien, Marvel, dans sa grande générosité, lui a filé... Spider-Gwen ! Epatant, non ? Avant cela, elle avait bouclé une sympathique mini Rogue & Gambit et je m'étais mis à rêver qu'elle ferait partie des nouveaux scribes des mutants post-Krakoa. J'étais bien naïf.

Black Widow & Hawkeye, donc : ce dénouement est correct. Phillips a conclu du mieux qu'elle pouvait avec les quatre pauvres épisodes qu'on lui a donnée. Il y a de l'action, une explication assez futée sur ce qui a motivé Hawkeye à se conduire aussi bizarrement (suicidairement même). Le méchant est complètement nul, c'est sûr, mais de toute façon, on savait qu'il n'allait pas gagner ni endommager les héros. C'est la limite de ce genre de mini-séries. Sauf si son editor a un plan pour après.

Ce n'est pas le cas ici. Black Widow et Hawkeye vont redevenir des sans série fixe. Ils ne font plus partie des Avengers depuis un bail, n'ont plus de série dédiée, au mieux joueront-ils les guests dans un event. C'est dommage car ils ont une vraie côte de sympathie mais personne n'a de projet pour eux, chez les editors ou les auteurs. Même le MCU n'a plus besoin d'eux (personne ne croit à une saison 2 de Hawkeye et Black Widow est morte - Yelena Belova/White Window va bien être dans Thunderbolts mais bon, j'ai de sérieux doutes sur le succès de ce film).

Paolo Villanelli sera peut-être le seul à profiter de cette mini : sans être un artiste renversant, il fait le job. Son trait est dynamique, il sait découper des scènes d'action, il m'a l'air rapide. Qui sait ? Il n'héritera pas lui non plus d'une grosse série, mais pourrait servir de fill-in artist ici ou là.

Je ne vais pas vous dire de guetter le TPB, qui sera de toute façon vendu à un prix honteux pour 4 n° sans bonus. J'ignore si Panini traduira ça (mal certainement) et en quel format (mais certainement trop cher aussi). Ma seule ordonnance sera de surveiller la sortie du prochain tome de Grim et le premier n° en Août de Red Before Black chez Boom ! Stidios, la nouvelle série de Phillips. Croyez-moi quand je vous assure que cette fille vaut mieux que ce que Marvel en fait.

BLOOD HUNT #4 (of 5) (Jed MacKay / Pepe Larraz)


Doctor Strange et Clea se rendent en Latvérie demander l'aide du Doctor Fatalis qui, en échange de son renfort, exige un prix exorbitant. Cependant, Hunter's Moon et Tigra sont à Asgard pour délivrer un détenu très spécial. Enfin, Blade avoue à Black Panther qui il est vraiment et pourquoi il fait ce qu'il fait...


Hé bien... C'est pas si mal. Attention ! J'ai pas dit que c'est bien. Mais c'est moins pire que ce à quoi je m'attendais. C'est... Potable. Blood Hunt ne restera vraiment pas dans les annales des events Marvel, mais ce numéro, l'avant-dernier, se lit un peu moins péniblement que les précédents.


Jed MacKay, à son crédit, semble avoir eu la liberté de convoquer des personnages moins convenus pour construire et bientôt résoudre son intrigue. Il met les héros dont il écrit les séries en avant, comme Dr. Strange et Moon Knight, mais aussi met en avant Fatalis (en sauver providentiel et dangereux ?), la Strange Academy (l'école fondée par Strange pour instruire de jeunes magiciens). C'est rafraîchissant.


Une fois qu'on a dit ça, hélas !, on a un peu tout dit. Parce que l'histoire est truffée de moments téléphonés, invraisemblables (dans le contexte particulier d'une histoire super-héroïque), grandiloquents "Je suis la fin de toutes choses" dixit Blade - sans rire ?) et grotesques (l'identité de celui qu'ont amené Tigra et Hunter's Moon pour délivrer un prisonnier à Asgard...). Et ça fait quand même beaucoup. Trop.


Il est inutile d'accabler Blood Hunt. Ce truc a été mal foutu, ça partait mal dès le départ - allez convaincre les fans qu'un event avec des vampires va être original... - et visiblement Marvel a quand même donné son feu vert davantage pour publier quelque chose avant un autre event supposé plus important (Venom War, à partir du mois d'Août). Une manière comme une autre d'occuper le terrain, même quand on a rien de valable sous la main, qui résume bien la politique d'édition de Marvel pour qui il est plus important de sortir un max de mensuels que de miser sur la qualité.

J'ignore si en lisant assidûment les séries écrites (Doctor Strange, Avengers, Moon Knight) de Jed MacKay, on retire plus de plaisir, de satisfaction à lire Blood Hunt, mais qu'il me soit permis d'en douter parce que je n'ai pas l'impression que lesdites séries soient acclamés. MacKay me fait l'effet d'un scénariste sur lequel l'éditeur fonde beaucoup d'espoir parce qu'il n'y a plus guère de grands scénaristes en activité chez Marvel actuellement (en tout cas pas beaucoup qui sortent du lot, qui font frémir le public et l'industrie) et qui serait vite relégué en D2 si, d'aventure, un autre décrochait un hit ou persuadait les cadres qu'il a un concept en or.

Des MacKay, il y en a eu avant, il y en aura après, ce sont des scénaristes qui acceptent à peu près tout ce qu'on leur file et qui se trouvent à écrire trois, quatre mensuels et inévitablement à un moment ont droit à leur event. Donc, c'est pour dire que MacKay n'est pas totalement en faute, sinon pour la piètre qualité de ses idées dans Blood Hunt. Il a eu sa chance, je ne pense qu'il en aura une autre avant longtemps mais ce n'est pas grave, il est bien occupé. Toutefois, malgré l'indulgence que je peux avoir pour lui, il flotte un certain fatalisme dans cette entreprise, comme si Marvel avait cessé d'y croire. 

Car sinon comment expliquer que des scènes comme celle où Hunter's Moon et Tigra (et un troisième larron dont je ne vais pas vous dévoiler l'identité) déambulent sans problème dans Asgard et atteignent ses geôles pour libérer un prisonnier pourtant fameux ? Ou encore comment expliquer que Thor, qui a un pieu dans la tête depuis quatre épisodes n'a même pas un semblant de migraine ? Ou que ni Strange ni Clea (ni aucun des profs de la Strange Academy) ne se soient aperçus que tous leurs élèves soient en Latvérie auprès de Fatalis ? Ou encore que le Couvent du Sang de Blade soit si passif depuis leur dérouillée (à quoi diable sert cette équipe de super-vampires en fait) ? Je vous l'ai dit : c'est moins désagréable à lire cette fois parce que ça bouge un peu, mais c'est plein d'incohérences énormes, impossibles à éviter. 

On se console comme on peut et donc, là aussi, encore une fois, on s'accroche au dessin de Pepe Larraz. L'artiste exécute son boulot proprement, mais ce parfum de fatalisme que je mentionnai n'échappe pas à l'appréciation visuelle. Je défie le lecteur quel qu'il soit de ne pas se lamenter de voir un tel dessinateur illustrer un script aussi mauvais, d'être si mal utilisé. 

Le pire, c'est que c'est ce qui attend Larraz désormais : dessiner des mini-séries, des events, peut-être un arc inaugural sur une grosse série. Mais je ne pense pas qu'on le reverra de sitôt sur un titre régulier : Marvel a pris conscience de l'attractivité commerciale de Larraz et va le placer sur des gros trucs pour s'assurer que, même si l'histoire n'est pas bonne, les fans achèteront pour ses dessins. Je le sais parce que c'est ce qui m'a motivé pour Blood Hunt. Je ne suis pas plus malin que la moyenne. Larraz, c'est comme Steve McNiven, Jerome Opena, Olivier Coipel : tous ces mecs talentueux, avec un énorme hit au moins à leur actif et qui ensuite ont fini par être cantonné à des events, à des arcs courts, à des mini-séries, ou alors à tenter des aventures en creator-owned ou à être prêtés à Millar.

Pour la fin de Blood Hunt, il faudra être patient (visiblement Larraz n'a pas fini à temps ses épisodes) puisque le cinquième chapitre ne sera disponible que le 31 Juillet (sans supplément). Mais qui est réellement impatient ?

mercredi 26 juin 2024

CAFE SOCIETY (Woody Allen, 2016)


Années 1930. Benjamin d'une famille juive de New York, Bobby Dorfman, las de travailler avec son père bijoutier, part pour Los Angeles avec l'espoir que son oncle Phil, prestigieux impresario, lui donnera un job dans son agence. Pour lui faire visiter la ville où il sera son coursier, Phil confie Bobby à sa secrétaire Veronica "Vonnie" Sybil dont le jeune homme tombe amoureux au premier regard.
  

Mais elle le prévient qu'elle a déjà une liaison avec quelqu'un - sans lui dire qu'il s'agit de Phil. A l'occasion du premier anniversaire de leur rencontre, Vonnie offre à ce dernier une lettre autographe de Rudolph Valentino lors d'un dîner aux chandelles dans un restaurant; Phil lui avoue alors qu'il met un terme à leur aventure, car il est incapable de quitter sa femme.


Vonnie trouve du réconfort auprès de Bobby et finit par l'aimer. Mais de son côté Phil regrette sa décision et il s'en ouvre à son neveu qui lui annonce son intention de rentrer à New York pour y épouser Vonnie. Dévasté, Phil revoit Vonnie pour la supplier de lui pardonner et lui promet qu'il va divorcer. Bobby découvre la lettre autographe de Valentino dans le bureau de son oncle et comprend tout.


Vonnie lui déclare préférer rester à Hollywood auprès de Phil. Le coeur brisé, Bobby rentre donc sur la Côte Est et devient le collaborateur de son autre oncle, Ben, un gangster qui a acquis une boîte de nuit dont il lui confie la gestion. C'est là, au "Café Society", que Bobby rencontre une autre Veronica...


A partir de 2005, conscient que son cinéma tourne en rond, Woody Allen décide de tenter de nouvelles expériences. Il part à Londres tourner Match Point, qui sera un gros succès, dans lequel il dirige notamment Scarlett Johansson qu'il retrouve l'année suivante pour Scoop puis en 2008 pour Vicky Cristina Barcelona.


Johansson va devenir une source d'inspiration pour ses collègues et le cinéaste au-delà de leurs trois collaborations car Allen, requinqué, recrute alors de nouvelles têtes, comme Evan Rachel Wood (Whatever Works), Ewan McGregor et Colin Farrell (Le Rêve de Cassandre), Cate Blanchett (Blue Jasmine), Emma Stone (Magic in Moonlight, L'Homme irrationel), Marion Cotillard (Minuit à Paris)... En une dizaine d'années et autant de longs métrages, vous ne trouverez pas quelqu'un qui a aussi bien servi ses comédiens que Allen.
  

Et donc en 2016 Kristen Stewart mais aussi Jesse Eisenberg, Blake Lively, Steve Carrell pour Café Society. Ce sang neuf dynamise les histoires de Allen qui renoue avec cette légèreté pleine d'humour mais aussi cette mélancolie romantique dans lesquelles baignent ses meilleurs opus (Annie Hall ou Manhattan).

Pour Café Society, il s'inspire des années 30 avec tout le glamour fantasmé qu'elles véhiculent, les femmes dans de belles toilettes, les hommes élégants dans leurs complets, dans le cadre des studios hollywoodiens et des clubs new yorkais et une dose de gangstérisme. Tous ces clichés, le cinéaste les absorbe et s'en sert pour donner à son histoire une patine chic et nostalgique.

On suit donc Bobby Dorfman, un jeune homme naïf qui part tenter sa chance à Los Angeles en comptant sur l'entregent de son oncle, un agent artistique réputé. Mais il tombe surtout amoureux de la belle Vonnie qui, il l'ignore, est justement la maîtresse de son oncle. Ce dernier fait miroiter à la jeune femme la belle vie dès qu'il aura trouvé le courage de demander le divorce à son épouse. Et Vonnie, qui finit par être abandonnée, tombe dans les bras du neveu de son amant.

Mais la romance tourne court à cause d'un quiproquo très habilement amené : le spectateur est dans la confidence et compatit pour le pauvre Bobby quand il se fait plaquer et rentre à New York. Le chanceux ne reste toutefois pas seul bien longtemps quand une très jolie divorcée lui tape dans l'oeil. Et, tiens, elle se prénomme Veronica comme Vonnie (dont c'est le diminutif). Alors, heureux ?

Woody Allen raconte presque toujours ce genre d'intrigues amoureuses compliquées dans lesquelles les femmes décident, souvent involontairement, du sort des hommes qui sont fous d'elles. Allen acteur a d'ailleurs souvent joué le rôle de ce type infortuné puis veinard mais jamais vraiment comblé car déchiré entre deux coups de coeur. Mais avec Café Society, il touche au sublime tant l'enchaînement des péripéties est fluide.

Découpé en deux actes bien nets, le film est complété par des subplots, comme celle qui concerne l'oncle Ben, un gangster de la pire espèce, qui se pense intouchable et qu'on appelle en cas de besoin, qu'il s'agisse de trouver un boulot ou de calmer un voisin trop bruyant. Son traitement est hilarant et Corey Stoll le joue en imitant à la perfection Robert de Niro jusqu'à la fin de son parcours, irrésistible. 

Après avoir été un réalisateur classique qui se préoccupait surtout de servir sobrement ses scripts, Allen a dans les années 90 tâté du "dogme" des jeunes danois puis est revenu à une forme plus simple. Avec les années 2010, il porte à l'image un soin particulier en s'associant à des directeurs de la photo prestigieux comme Remi Adefarasin, Vilmos Zsigmond, Javier Aguirresarobe, Darius Khondji, et donc Vittorio Storaro. Café Society a donc ce cachet visuel qui lui donne l'aspect d'un film ayant coûté plus cher que son budget ne le dit.

Alors qu'on loue souvent sa direction d'acteurs, Allen corrige en affirmant que l'essentiel de son travail se passe au moment du casting, n'exigeant ensuite de ses interprètes que deux choses : être ponctuel et savoir leur texte. Jesse Eisenberg ne peut pourtant pas se retenir de faire comme nombre de ses pairs avant lui, c'est-à-dire imiter son réalisateur, avec un débit bégayant, une attitude gauche - mais bon, il le fait avec assez de retenue. Blake Lively est absolument divine et on comprend sans effort qu'elle fascine son partenaire. Steve Carrell s'empare avec gourmandise du veule Phil. Et Kristen Stewart a rarement été aussi somptueusement filmée : dommage qu'elle et Allen n'aient pas retourné ensemble.

Cruel, touchant et drôle, Café Society est un must pour tous les fans de Woody Allen. Et au-delà pour tous ceux qui aiment les comédies romantiques de première classe.

ZATANNA : BRING DOWN THE HOUSE #1 (of 5) (Mariko Tamaki / Javier Rodriguez)


Adolescente, Zatanna Zatara a subi les moqueries d'une bande de gamins parce qu'elle ratait ses tours de magie. Cela s'est mal fini... Aujourd'hui, la "maîtresse de la magie" se produit gratuitement au Golden Rice à Las Vegas devant un public clairsemé où elle a remarqué une femme souvent présente. Qui est-elle ? Et que lui veut-elle ?


Dernièrement, j'ai vu les vidéos sur Youtube de deux lecteurs de comics (Max Faraday et Comics Code) qui, tous deux, avaient adoré lire le premier tome en vf de Wonder Woman par Tom King et Daniel Sampere (disponible chez Urban Comics). Pour résumer leur avis, ils avaient la même formule : "voilà un comics qui [me] rappelle pourquoi j'aime les comics [de super-héros]".
 

Si, comme eux, je trouve que c'est une belle réussite, j'ai trouvé mieux hier en la matière et il s'agit de ce premier épisode (sur six) de Zatanna : Bring Down the House par Mariko Tamaki et Javier Rodriguez. Je ne sais pas si je vais trouver les bons arguments, les bons mots pour le "vendre", mais j'espère que vous me croirez sur parole quand je vous dis que c'est absolument épatant et revigorant.


Les raisons de se réjouir en ce moment ne sont pas nombreuses : guerres, crises politiques, l'été qui se fait attendre et la crainte qu'il soit trop chaud, que sais-je encore. Mais voilà, le lecteur de comics est ce drôle d'animal qui se plonge dans sa vingtaine de pages d'histoire et parfois en ressort rafraîchi, requinqué. Plus efficace que n'importe quelle potion miracle.


Mariko Tamaki est une scénariste qui a pu décourager ceux qui adoraient ses graphic novels comme Cet Eté-là (avec sa cousine Jillian) ou la mini Supergirl : Being Super (avec Joelle Jones). Je parlai de Wonder Woman où elle a fait un bref passage avec Mikel Janin sans convaincre. La revoilà donc sur le DC Black Label dans un format qui lui va comme un gant.


Souvent, quand je demande à quelqu'un pourquoi il n'aime pas les comics de super-héros, les réponses varient entre l'incompréhension des super-pouvoirs jusqu'au look de leurs costumes en passant par le manichéisme des intrigues. Pourtant, ce sont souvent les mêmes personnes qui n'ont lu (presque) que Watchmen et qui louent justement la manière dont Alan Moore s'est emparé du genre pour le déconstruire, l'humaniser, et le transcender.

Je me rappelle aussi qu'après l'event Civil War, l'editor Bill Jemas chez Marvel avait suggéré de mettre fin à toutes les identités secrètes des super-héros, suivant ce que faisait Spider-Man dans cette histoire, convaincu que c'était devenu le seul moyen de reconnecter le lecteur aux personnages.

Si j'évoque tout ça, c'est parce qu'avec Zatanna Zatara en particulier, on y revient. Zatanna est une magicienne (même si, ici, elle refuse de dire qu'elle en fait, préférant affirmer qu'elle fait des tours, et cela a une justification), mais elle apparaît dans son costume iconique qui n'a rien de super-héroïque, mais tout d'une tenue de scène, avec son haut-de-forme, son noeud papillon, ses bas résille, etc. Mariko Tamaki situe son histoire à un moment où Zatanna est clairement dans une mauvaise passe : elle réside à Las Vegas mais se produit gratuitement dans un casino  de seconde classe devant un public clairsemé qu'elle a toutes les peines du monde à dérider. Qui plus est elle a la tenace impression d'être suivie et épiée et croit savoir par qui quand elle remarque une mystérieuse spectatrice dans la salle...

Tous ces éléments contribuent à brouiller les repères de manière volontaire : on n'a pas le sentiment de lire du super-héros parce que Zatanna n'est pas habillée comme tel, sa magie - ou ses "tours" - n'a rien de spécialement spectaculaire, son moral n'est pas éclatant. Pourtant, il y a des allusions à son appartenance occasionnelle à la Justice League, l'ombre des on père (le grand magicien Giovanni Zatara) plane, et il y a même un monstre vers la fin qui surgit d'on ne sait où. Mais Tamaki insiste sur la caractérisation et l'ambiance qui tranchent avec le tout-venant de la production super-héroïque. Zatanna ne porte pas de masque, ne combat pas de super-vilain.

Pourtant, malgré des éléments, la série est tout sauf morose et ce, en grande partie, grâce au dessin, et aux couleurs, de Javier Rodriguez. En plusieurs occasions, l'artiste espagnol fait en sorte que Zatanna donne le change. Elle est sportive, elle refuse avec panache l'offre plus lucrative du casino Millenium, elle joue sur scène avec légèreté, elle est souriante, enjouée, elle donne le meilleur d'elle-même.

Rodriguez fait aussi en sorte de rendre justice à la beauté de la magicienne sans l'hyper-sexualiser pour autant. Il joue même sur un érotisme discret, suggestif quand on la surprend au saut lit, seulement vêtue d'un caleçon, et bien entendu dans sa fameuse tenue de scène qui a fait fantasmer des générations de fans (quand des artistes résistaient à l'envie de lui donner un look plus convenu, plus super-héroïque justement, qui ne lui est jamais allé).

Rodriguez s'est d'abord fait connaître comme coloriste (il officiait en cette qualité au début du run de Mark Waid et Paolo Rivera sur Daredevil notamment), avant d'avoir sa chance comme dessinateur (sur Spider-Woman notamment, puis plus récemment sur Defenders). Cela lui permet d'avoir le contrôle visuel de toute sa partie dans un livre et il peut donc ainsi jouer à fond sur l'esthétisme pop de cette mini-série, avec des teintes vives, qui contribuent à la bonne humeur communicative du produit.

Enfin, son découpage est une merveille d'inventivité : chacune de ses cases est non seulement admirablement composée, mais bien remplie sans être non plus saturée d'informations. Le flux de lecture est parfaitement fluide, avec des transitions, des bordures toujours pétillantes et ornées. C'est un régal à lire parce qu'on peut y revenir pour le plaisir de détailler chaque page et découvrir les indices semés par le récit via sa partie graphique.

Tamaki et Rodriguez livrent un épisode enchanteur, avec cette touche de mystère qui intrigue, captive, accroche, dans un écrin de toute beauté et une narration d'une justesse imparables. Je crois qu'on tient la meilleure mini-série DC de 2024 (je sais, je m'avance, mais honnêtement, c'est irrésistible).

mardi 25 juin 2024

PERSONAL SHOPPER (Olivier Assayas, 2016)


Maureen Cartwright est une jeune femme qui vient de perdre Lewis, son frère jumeau, mort d'un infarctus à cause d'une malformation cardiaque qu'elle a aussi. Avant ce décès, le frère et la soeur ont scellé un pacte : le survivant devra attendre une signe de l'au-delà de l'autre. Maureen passe donc la nuit dans maison vide de son frère qu'elle a mise en vente et pour laquelle un couple est intéressé à condition qu'elle ne soit pas hantée.


Les acquéreurs potentiels la rejoignent le lendemain matin et la femme mentionne l'artiste Hilma af Klint dont les peintures étaient inspirées par ses séances de spiritisme. Maureen parle de la vente avec son petit ami, Gary, qui travaille actuellement au Maroc et qui l'invite à l'y rejoindre. Mais pour l'instant, Maureen travaille comme personal shopper pour la top model Kyra Gelman afin d'économiser.


Ce boulot ne lui plait pas et quand elle rencontre Ingo, rédacteur en chef d'un magazine de mode et amant de Kyra, elle se voit proposer un poste dans ce mensuel. L'homme pense par ailleurs que Kyra va le quitter par peur que son mari ne découvre son infidélité. La nuit venue, Maureen retourne dans la maison de Lewis et cette fois elle assiste, terrifiée, à l'apparition d'une forme spectrale féminine qui quitte les lieux ensuite.


Malgré tout, Maureen, fidèle à sa promesse, décide de rester en Europe pour s'occuper de Kyra. Mais c'est alors qu'elle se met à recevoir des textos anonymes  l'interrogeant intimement. Elle se demande s'il s'agir d'un signe de Lewis...


C'est véritablement avec ce film-là que Kristen Stewart a commencé à me taper dans l'oeil, que j'ai compris qu'elle n'était pas comme les autres actrices. En y repensant, c'est assez curieux car, quand je la voyais sur des plateaux télé, je la trouvais agaçante, comme si elle minaudait ou se fichait ouvertement du monde. Ce dont elle finit par s'excuser dans une interview accordée durant la promo de Personal Shopper en expliquant à quel point Maureen était proche d'elle : farouche, timide, mal à l'aise.


Mais l'essentiel est ailleurs parce que, rétrospectivement, ce qu'on retient, c'est que c'est grâce non pas au cinéma américain, à un cinéaste américain, qu'elle a trouvé son premier vrai grand rôle. Ce bond en avant, elle le doit à Olivier Assayas, un des réalisateurs les plus ouverts qui soient, et qui a écrit ce film spécialement pour elle, après l'avoir dirigée dans le superbe Sils Maria, qui valut à Stewart le César du meilleur second rôle féminin.


Parfois, il suffit d'être au bon endroit au bon moment avec la bonne personne en somme. Et à l'évidence Assayas a vu chez Stewart quelque chose de spécial et a su le porter à l'écran. Ce quelque chose de spécial, c'est comment justement sublimer, transcender l'attitude farouche, mal à l'aise, timide de cette jeune femme de 26 ans à l'époque en un rôle de composition suffisamment puissant pour que le spectateur ne s'arrête pas/plus aux apparences et voit quelle grande actrice elle est.

Assayas a défini Personal Shopper comme un "film de fantômes". C'est exactement ça. L'héroïne, Maureen, est en deuil de son frère jumeau avec lequel elle partagent deux caractéristiques peu communes : une malformation cardiaque et un don de médium (entendre : la capacité à ressentir des présences surnaturelles). Au moment où le film débute, elle attend un signe de Lewis qui lui avait promis de le lui envoyer depuis l'au-delà.

Ne vous attendez pas à quelque chose de spectaculaire (même si la scène avec le spectre est tout de même assez scotchante). Le récit fonctionne sur la frustration de Maureen et celle du spectateur : on n'est pas à proprement parler dans un film fantastique, ou même horrifique, les effets spéciaux sont sobres et rares. Non, c'est davantage l'ambiance et la manière dont Maureen traverse les événements qui saisissent.

C'est dire si, en permanence, Assayas est sur la corde raide. Mais comme un équilibriste virtuose, jamais il ne tombe dans la caricature, le ridicule. Maureen s'accroche donc à un signe, même infime, et oublie complètement de vivre. D'ailleurs, son boulot de personal shopper, c'est-à-dire qui consiste à trouver des vêtements et accessoires pour une cliente fortunée (ici une top model capricieuse) dans des boutiques de luxe, la conduit à vivre en quelque sorte par procuration, à essayer ces habits, ces bijoux, etc. Quand bien même, si et parfois quand son employeuse l'apprend, elle le lui reproche (car évidemment, nul ne doit porter avant elle ces toilettes hors de prix).

Dans la deuxième partie du film, Maureen commence une étrange et flippante correspondance par sms avec un inconnu qui semble très bien la connaître et l'interroge de manière troublante. Notamment sur ce qu'elle désire mais s'interdit, comme justement d'être dans la peau de Kyra, la top model, en essayant ses vêtements. Ce correspondant la provoque et elle se laisse entraîner, enfilant des robes de grands couturiers, des chaussures, des bijoux. Se masturbant dans le lit de sa patronne. Jusqu'à ce que l'histoire bascule dans son dernier tiers dans une intrigue criminelle, après un meurtre particulièrement sanglant...

On pourrait croire qu'entre ses histoires de fantômes, de shopping, de textos bizarres, de meurtre, le film n'a aucune direction, part dans tous les sens. Il est indéniable que ce mélange, ces ruptures de ton sont d'abord déroutantes. Mais tout cela est tout de même cohérent. Maureen est toujours dans la peau d'une autre : c'est la soeur en deuil, l'employée, la correspondante, celle qui découvre un cadavre... Toutes ces situations la mettent en danger parce que sa malformation cardiaque est incompatible avec des émotions fortes. Et aussi parce qu'elle subit constamment les événements. Mais c'est un récit initiatique qui se dessine : celle d'une jeune femme qui aimerait être une autre, plus légère, plus heureuse, délivrée du poids du chagrin, des exigences d'une mannequin, des messages intrusifs d'un inconnu.

La réalisation ne quitte pas Kristen Stewart d'une semelle, elle est de tous les plans. Parfois dans des actions anodines, qui auraient pu être zappées, comme quand elle traverse Paris sur son scooter avec des sacs remplis de fringues. Sauf que non : ces plans ne sont pas inutiles, ils illustrent des passages, des transitions, des déplacements, préfigurant celui que devra accomplir Maureen pour se libérer.

Stewart exprime si bien cette jeune femme qu'on a du mal à croire qu'elle ne joue pas une partie d'elle-même, elle qui a été propulsée au rang de star grâce à la saga Twilight (2008-2012) et devenue une figure de la presse people, des tabloïds (pour sa romance avec son partenaire Robert Pattinson), et qui a ensuite consacré tous ses efforts pour s'en détacher, en s'engageant dans du cinéma indépendant, en assumant son homosexualité. Comme Maureen Stewart ne s'est pendant longtemps pas/plus appartenue, et elle aurait pu rester Bella Swan et devenir une has-been, prisonnière de l'image de l'adolescente amoureuse d'un vampire.

Grâce à Olivier Assayas, elle a échappé à ce destin tout tracé pour devenir une actrice captivante, fascinante, unique. Comme Maureen, elle a réussi à traverser tout ça. Personal Shopper est devenu une sorte de portrait de Kristen Stewart et est restée un de ses plus beaux rôles, dans une filmographie qui ne compte pas beaucoup de déchets.