samedi 31 mai 2025

DAREDEVIL : COLD DAY IN HELL #2 (of 3) (Charles Soule / Steve McNiven)


Daredevil se lance à la recherche de Tyra, l'adolescente sauvée par Steve Rogers mais en cavale depuis. Elle est capturée par les sbires du Tireur après que ses pouvoirs se soient manifestés. Afin d'en savoir plus sur ce que Steve Rogers lui a dit, Daredevil se tourne du côté de Foggy nelson, puis il repart en chasse. C'est là qu'une autre vieille connaissance fait son retour...


Dernière nouveauté de la semaine, Daredevil : Cold Day in Hell #2 allait-il confirmer tout le bien que j'avais pensé du premier épisode ? Ne faisons pas durer le plaisir : c'est un grand "oui". Et ça fait du bien de relire du bon Daredevil, loin du run merdique de Saladin Ahmed en ce moment. Peut-être que cette mini série de prestige permettra à certains de réévaluer à la hausse ce qu'en fit Charles Soule...


Daredevil est doublement de retour puisque, dès les premières pages, on a la confirmation de ce que suggérait la fin du numéro précédent, à savoir que Matt Murdock enfilait à nouveau son costume rouge. Comme lui, il a pris cher : Steve McNiven le représente plein de coutures, rapiécé de toutes parts, visiblement il était remisé depuis longtemps, après de vilaines batailles.


En fait, c'est, mine de rien, le premier vrai mérite de cette histoire. Généralement, quand on s'amuse à imaginer la vieillesse d'un super-héros, il reste tout de même assez fringant, et son costume a l'air bien conservé. Là, ce n'est pas le cas : Matt fait vraiment son âge et sa tenue de Daredevil témoigne des stigmates du temps passé. Ce sont vraiment deux éléments qui ont vécu.


Malgré tous les mérites qu'on peut trouver à The Dark Knight Returns de Frank Miller, j'ai toujours trouvé que son vieux Bruce Wayne/Batman avait plutôt bien vieilli. Les cheveux avaient blanchi, la silhouette un peu épaissie, mais visiblement le héros avait dû continuer à faire de l'exercice et à prendre soin de ses affaires.


Là, Soule et McNiven n'hésitent pas à montrer une vraie décrépitude. Au début de l'histoire, Matt a carrément perdu ses pouvoirs et même s'il les a récupérés, on se rend compte que ce n'est que pour un temps limité. Et même dans cette intervalle, il y a des moments où ça s'en va et ça revient, il manque de s'évanouir, il a conscience que chaque effort va se payer plus tard (s'il survit à cette aventure...).

McNiven avait déjà prouvé son génie à dessiner un vieux héros dans Old Man Logan (la mini originelle, pas les suites affreuses que Marvel s'est cru bon de publier). Mais Logan, par définition, est quasiment immortel et comme dans The Dark Knight returns, il restait bien conservé. Dr plus Mark Millar l'entraînait dans une intrigue où il était question de réveiller la bête, le griffu.

Avec Daredevil, dont j'avais longtemps espéré que quelqu'un écrive une version Old Man (comme ce fut la cas ensuite avec Hawkeye, ou Peter Quill), Charles Soule n'a pas peur de pointer la fragilité, la vulnérabilité de son personnage et d'en faire même un des enjeux crucial du récit. Daredevil est vieux, il n'est pas au top de sa forme, et il y a un vrai suspense concernant sa capacité à aller jusqu'au bout.

Je n'étais pas tout à fait sûr de l'identité du vilain à la fin du premier épisode parce que McNiven là aussi n'y est pas allé avec le dos de la cuiller, mais c'est bien évidemment le Tireur qui resurgit lui aussi. Le degré de détails avec lequel il est portraituré évoque Frank Quitely, c'est dire. Il y a un côté ravagé, salement crépusculaire dans ce projet, qui le rend incroyablement puissant, intense.

J'insiste beaucoup là-dessus, mais ça m'a frappé. Le cadre limite post-apo, l'âge avancé des personnages, tout ça est d'une grande cohérence, mais avec sa propre singularité. Evidemment que l'ombre de The Dark Knight Returns plane sur un projet comme ça, mais ce n'est pas du tout un copier-coller, ça a une vraie personnalité.

De toue façon, Soule n'est pas Miller (même si je sais que cette remarque fera ricaner ceux qui n'apprécient pas Soule), entendez qu'il n'a pas la radicalité de Miller. Il sait qu'il vient bien après son classique sur Batman et d'autres comics similaires. Mais c'est justement parce qu'il ne cherche pas à se confronter avec cette mini-série mythique qu'il gagne son pari.

L'autre élément immanquable de cet épisode, c'est l'apparition d'Elektra. Pas de Daredevil et de Bullseye sans Elektra, c'est une sorte de trinité. Mais Soule la fait surgir de manière ingénieuse et intrigante puisque, elle, n'a pas vieilli. Il joue sur le fait qu'elle a souvent été ramenée à la vie (par Miller là aussi - cf. Elektra Lives again) mais aussi en misant sur un aspect quasi-faustien.

Dans la scène où elle intervient, Daredevil s'interroge jusqu'où elle a été prête à aller pour conserver sa jeunesse. Et en même temps il mesure le fossé définitif entre eux désormais parce que non seulement elle n'a pas vieilli, mais elle a renoué avec ses méthodes les plus expéditives. Il est aussi fortement suggéré qu'elle en sait long sur ce qui s'est passé récemment, avec l'explosion d'une bombe sale et ce qu'avait appris Steve Rogers.

Steve McNiven dessine Elektra dans toute sa fougue et sa froide détermination. La scène est magnifique et terrible. En copiant le fameux "gaufrier" de 16 cases de Miller, le découpage est virtuose, sans être un simple pastiche. C'est tout le brio de l'artiste de s'être approprié cette grille de lecture, à la fois pour lui rendre hommage mais surtout pour magnifier le script.

On peut voir à quel point McNiven et Soule ont étroitement collaboré sur le projet, son fond, sa forme (une fois encore, à la fin de l'épisode, on trouve des bonus sur la réalisation de la série, avec des croquis, des layouts, agrémentés de commentaires des auteurs et de l'éditeur Nick Lowe). Si vous vous intéressez, comme moi, aux coulisses, c'est un document jubilatoire.

Je n'ai vraiment que du bien à dire de Daredevil : Cold Day in Hell. Vraiment, ce serait extra que Marvel ose davantage de projets de ce genre (pas forcément des histoires sur la vieillesse des héros) et développe même un label dédié. Quant à la vf, je ne me fais pas de souci (je parie que Panini en fera un bel album, pour Noël par exemple. Et ça fera un super cadeau à (s')offrir). Rendez-vous en Août pour la suite et fin.

vendredi 30 mai 2025

ABSOLUTE MARTIAN MANHUNTER #3 (of 12) (Deniz Camp / Javier Rodriguez)


L'agent John Jones fait désormais confiance au Martien et il a bien besoin de ce partenaire invisible aux yeux des autres dans une affaire inquiétante concernant des immolations par le feu en divers endroits de la ville, toutes commises en même temps par des suspects différents. Mais l'étrangeté du comportement de John est remarqué par sa femme, Bridget...


Il me reste encore une sortie à commenter dans celles de cette semaine, mais j'en parlerai demain. Pour aujourd'hui, je ne pouvais plus me retenir de vous parler de ma série préférée actuellement (au moins chez les Big Two) avec le troisième épisode de Absolute Martian Manhunter. Mais ce n'est pas seulement, à vrai dire, ma série préférée...


En fait c'est, sans discussion, la meilleure série actuelle (au moins chez les Big Two - bis), parce que ce qu'accomplissent là Deniz Camp et Javier Rodriguez est simplement phénoménal. Imaginez que vous aimiez surtout les histoires de super-héros : celle-ci est la plus originale et de loin. Et si vous préférez les comics indés : celui-ci est aussi le plus original et de loin - bis.


Vous pouvez apprécier Absolute Martian Manhunter comme un polar fantastique : dans cet épisode, John Jones et le Martien s'occupent d'un étrange et sinistre affaire où des sans-abri d'abord puis d'autres victimes sont brûlés vifs, dans la rue ou chez eux. Ces crimes sont commis en même temps par des personnes différents en divers points de la ville.
 

Pour l'inspecteur Mayweather, chargé de l'enquête, il s'agit de crimes ignobles sans motif sinon que ceux qui les commettent sont fous dans une époque elle-même folle. Il en conçoit à la fois du dégoût, de la colère, de la frustration. Pour l'agent Jones et son partenaire, la vérité est littéralement ailleurs puisqu'ils perçoivent la réalité différemment et voient donc que tout ça n'est pas résumable à de la folie.

La fin de l'épisode, que je ne vais pas spoiler, entraîne la série vers une suite qui lui donne une nouvelle dimension, avec l'émergence d'un ennemi appelé à prendre de plus en plus d'importance. Il s'agit de la manifestation d'un adversaire connu du Limier Martien dans l'univers classique mais ici réinterprétée de la manière la plus flippante qui soit parce qu'insaisissable.

Au passage Deniz Camp revisite aussi le Martien : dans l'univers classique, J'onn J'onzz a peur du feu, mais pas ici. Par contre il sait qui attaque et cela lui fait craindre le pire à venir. C'est la première fois que cela se produit. Et comme sa relation avec John Jones a déjà beaucoup évolué, l'agent du FBI acceptant désormais ce compagnonnage bizarre, l'appréhension du Martien prend un autre relief.

La série emprunte la direction d'un buddy comic-book des plus inattendus et imprévisibles. Cela permet au lecteur de s'accrocher à une forme de récit, de quasi-genre, familier (car souvent vu au cinéma notamment), tout en laissant une bonne marge de manoeuvre au scénario pour continuer à surprendre, à désorienter.

Et cette désorientation s'opère par la marge. En effet, si personne à part John Jones ne voit le Martien, il interagit physiquement avec lui et parfois son comportement s'en ressent quand il est entouré ou observé. Lorsque sa femme, Bridget, le voit rentrer du boulot, elle le regarde en train de se déplacer bizarrement (parce qu'il converse avec le Martien) et cela la déconcerte.

Deniz Camp montre très subtilement ces décalages et comment ils s'expriment chez ceux qui entourent Jones. Pour l'inspecteur Mayweather, cela passe d'abord par une sorte de mépris (celui du flic face à un agent du FBI puis vis-à-vis d'un agent qui agit de façon vraiment curieuse). Pour Bridget, cela passe par une forme d'inquiétude et de lassitude, voyant son mari distant.

Tout cela serait gâché sans la traduction visuelle qu'en fait Javier Rodriguez. Chaque page est une mine d'idées graphiques et comme il assume dessin et colorisation, l'effet produit est maximal. Le climat du récit est à la fois absurde, presque comique parfois, et en même temps constamment à la limite. C'est un vrai travail d'équilibriste.

Il y a des gimmicks dans cette série qui deviennent familiers (comme la fumée qui donne un sens à la pensée d'autrui), mais jamais Rodriguez ne s'appuie dessus pour en tirer des effets faciles. C'est en permanence inattendu, parfois cryptique. Et à côté de ça, il est aussi capable de compositions d'une élégance formelle extraordinaire (comme quand Jones rentre chez lui, est dans son salon, monte dans la chambre de son fils).

Avec peu, Rodriguez fait toujours beaucoup. Et quand il charge ses images, il ne sature jamais la lecture, tout reste fluide, précis, facile à suivre. La séquence où Jones et le Martien foncent bille en tête dans un immeuble en proie aux flammes est un festival pour résumer la raison pour laquelle ceux qui s'y trouvent y sont et en même temps donner une intensité dingue au sauvetage en cours.

Je l'ai déjà dit, mais Absolute Martian Manhunter, c'est le meilleur des deux mondes de la BD US : une audace de tous les instants mais aussi une accessibilité immédiate. Les auteurs ne claquent jamais la porte au nez du lecteur, soucieux de lui offrir un divertissement abordable. Mais en même temps ils le font avec une audace, une imagination qui est très stimulante, repousse les limites du média comics.

C'est assurément, déjà, la série de l'année, et un instant-classic. Si Urban Comics ne le traduit pas, ce sera vraiment un scandale.

jeudi 29 mai 2025

BUG WARS #4 (of 6) (Jason Aaron / Mahmud Asrar)


Wysta a donc enlevé Slade pour le livrer au Couvent des Araignées dont elle fait partie, même si sa situation vis-à-vis de ça est plus compliquée. Ensemble ils traversent divers territoires, au péril de leur vie. Slade croit que les Soeurs de Wysta pourront lui ôter son amulette et lui rendre sa vie comme le lui a promis sa guide...


Quatrième critique de la journée ! Oui, c'est beaucoup, c'est sans doute trop, mais c'est férié, j'ai du temps et puis la semaine dernière, j'ai traînassé et j'avais du retard dans mes lectures et mes articles, alors, cette fois, j'ai décidé de mettre un coup de turbo. Et puis vous n'êtes pas obligé de tout lire d'un coup.


Mais c'est vrai aussi que ça fait deux semaines de suite bien remplies au niveau des sorties et de mes achats. Je vais devoir freiner à un moment parce que je dépense beaucoup, ça devient absurde, je n'ai même plus le temps de tout lire la semaine où ça paraît. Personne ne m'oblige, remarquez, mais quand même, je vois bien que c'est limite.


Et même pour vous qui me suivez, ça doit être un peu compliqué. Je vois bien qu'il y a des critiques qui passent franchement sous le radar (par exemple le dernier n° en date de Zatanna de Jamal Campbell). Le marché est saturé, le lecteur aussi, le critique évidemment, et le lecteur de critiques pas loin non plus. Il faut que je trouve un moyen de rationaliser ça.


Mais et Bug Wars alors, il en parle quand ? Hé bien allons-y, d'autant plus que voilà : 1/ une sortie qui date de la semaine dernière, et 2/ une excellente mini-série que j'ai vraiment envie de vous donner envie de lire (en vo ou en vf quand ça arrivera, vu que, avec Jason Aaron et Mahmud Asrar, si c'est pas traduit, je n'y comprends rien).

Mine de rien, c'est actuellement la seule série indé que je suis (avec The Moon is following us, mais qui se termine en Juin). Les comics indés, c'est compliqué pour moi en ce moment. Parce que je lis beaucoup de Big Two (DC surtout) mais surtout parce que, même avec ce qui approche, je ne suis pas très excité. 

Rick Remender par exemple est en train de teaser plein de nouveautés sur son label Giant Generator, mais pour l'instant, je n'arrive pas à m'enthousiasmer alors que bon, il va faire équipe avec des artistes que j'adore (Daniel Acuna, Yanick Paquette, Steve Epting...). Geoff Johns et sa Ghost Machine, à part Redcoat (mais que je ne fais qu'en tpb), un peu pareil (je reprendrai peut-être The Rocketfellers en album une fois le premier arc fini).

Bug Wars, donc, ça m'a accroché dès le départ parce que j'étais curieux de ce qu'allait raconter Aaron et que j'aime beaucoup Asrar, particulièrement quand il est avec Aaron. Et j'ai vraiment beaucoup aimé les trois premiers épisodes. Et ce quatrième est encore meilleur. C'est fun, plein d'action, mais aussi très bien caractérisé, dialogué, construit. Et vu le succès, c'est certain qu'il y aura une suite.

Ce numéro suit l'évasion de Slade et Wysta, qui l'a enlevé pour le livrer à son couvent en lui promettant qu'on pourra lui enlever l'amulette qui s'est greffée sur sa poitrine et donc qu'il pourra retrouver une vie normale. Bien entendu, le lecteur se doute qu'il y a un loup dans cette promesse, ce n'est même pas spoiler de le dire.

Mais Aaron s'attache durant cette cavale à tisser une belle relation entre Slade et Wysta. On en apprend plus sur cette femme araignée, et les échanges qu'elle a avec le garçon sont superbes. Au départ, elle ne comprend pas que Slade puisse défendre son frère Sydney qui tue des insectes, ce qui lui vaut la haine de tous les habitants de ce monde miniature.

Mais progressivement, on saisit ce qui les rapproche et les soude : Wysta a elle aussi été mise au ban de sa société et malgré ça, elle remplit une mission pour celles qui l'ont rejetée. Les liens du sang, même s'ils vous unissent à des personnes ingrates, méchantes, cruelles, ne peuvent être tranchés facilement. On a certes la famille qu'on mérite, et parfois c'est une famille de merde, mais c'est notre famille, on la défend envers et contre tout plutôt que de la perdre.

Mahmud Asrar montre, si besoin était, qu'il est aussi à l'aise dans l'action (avec des pages de la cavale bien flippantes) que dans l'émotion. Il adapte sa mise en scène sans perdre le sens de l'épique. Et puis, même si c'est une femme araignée, sa Wysta ne manque pas de charme. Toutefois, la série ne cède pas à la facilité d'une romance entre elle et Slade.

Il faut aussi saluer la prestation de Matthew Wilson aux couleurs. Longtemps partenaire de Chris Samnee, il magnifie le trait de Asrar avec sa subtilité habituelle : Wilson, c'est vraiment un collaborateur intelligent, qui respecte le trait et valorise les ambiances. C'est admirable comment il contribue à cet univers si étrange, et pourtant familier.

Bug Wars, c'est un vrai gros coup de coeur. Il faudra surveiller sa vf quand elle arrivera (je verrai bien Delcourt pour la sortir) et lui faire une place sur votre liste d'achats.

WE ARE YESTERDAY, PART 5 (of 6) - JUSTICE LEAGUE UNLIMITED #7 (Mark Waid / Travis Moore)


Grodd et sa Legion of Doom envoient les membres de la Justice League Unlimited à différentes époques du passé et du futur après avoir investi la Tour de Guet. Puis Grodd s'empare d'un fragment d'Apokolips à même de lui conférer la puissance de Darkseid. Mais une surprise l'attend...


Vous voulez une bonne nouvelle à propos de We are Yesterday ? C'est bientôt fini. Enfin... Ce sera fini dans un mois, avec la parution de Justice League Unlimited #8 le 25 Juin. Maintenant, on peut passer aux mauvaises nouvelles, mais sans s'appesantir parce que, bon, on va pas s'énerver encore une fois. Promis, je vais rester calme.
 

En fait, j'aimerai vous reparler de Brian Michael Bendis. C'est drôle comme on se prend à reparler d'auteurs qu'on ne lit plus depuis un bail, non parce qu'on a cessé de les aimer, mais simplement parce qu'ils n'écrivent plus rien qui vous tente. Peut-être que c'est ce qui pend désormais au nez de Mark Waid qui, avec We are Yesterday, aura grillé un paquet de cartouches.


Or, donc, Bendis. Quand je l'ai découvert avec New Avengers, série que j'adorai tant, j'intervenais beaucoup sur des forums dédiés aux comics et j'étais quasiment le seul à apprécier Bendis et ses New Avengers. La plupart des autres honnissait ce qu'il faisait des Avengers, sa narration décompressée, son mépris de la continuité, son manque de sense of wonder...


Pourtant, ceux-là même reconnaissaient à Bendis la qualité de ses travaux antérieurs. Parfois il s'agissait de comics comme Torso ou Jinx. Parfois de son run sur Daredevil. Mais New Avengers a été la série qui a divisé les fans et parfois les a dégoûtés de Bendis. Après ça, ils n'étaient plus disposés à lui passer quoi que ce soit. C'était la chasse, non pas au dahu, mais au Bendis.

Qu'il se soit agi de Moon KnightDefenders, Invincible Iron Man, Les Gardiens de la Galaxie, voire Ultimate Spider-Man (quand Miles Morales a remplacé Peter Parker), il n'y eut plus aucune indulgence pour Bendis. C'était devenu l'auteur sur lequel on se défoulait quand on ne l'aimait déjà pas beaucoup avant. Jusqu'à la caricature, soyons honnête.

Et cela fonctionnait dans l'autre sens. Pour des fans comme moi qui le défendaient malgré tout, en appréciant ses Moon Knight, Defenders, Iron Man, Les Gardiens de la Galaxie, Ultimate Spider-Man, le soutien devenait une ligne à garder, quand bien même parfois cela ne le méritait pas. Caricature contre caricature.

Un reproche qui revenait de manière régulière, c'était que Bendis, s'il était capable d'écrire des séries avec un héros, ne savait pas écrire de team books. Et après tout ce temps, je m'interroge sur la pertinence de cette remarque : y a-t-il vraiment des auteurs plus talentueux pour écrire des séries de groupes que des séries avec un héros principal ?

Si oui, alors il me semble que Mark Waid n'est pas si loin de Bendis dans la mesure où à chaque fois que j'ai lu un team book qu'il a signé, il m'a paru nettement moins bon que ses séries avec un personnage principal. Seule véritable exception : son run sur Fantastic Four avec le regretté Mike Wieringo (même si son absence de traitement de la femme invisible est aujourd'hui criant).

Or, depuis son retour chez DC, qu'a écrit Waid ? Majoritairement des team books. World's Finest ? Un team book (Batman, Superman, Robin et des guests à la pelle). Justice League Unlimited ? LE team book par excellence (et par excès). Et les events qu'il a pilotés ? Des team books encore.

Ce ne serait pas le seul avec Bendis à être ainsi affligé. Hickman ne brille pas particulièrement quand il doit s'occuper d'un héros en tête (cf. Ultimate Spider-Man actuellement ne brille que par intermittences). C'est un auteur jamais meilleur qu'avec des groupes, voire des légions de personnages (Secret Warriors, Fantastic Four, Avengers, X-Men). 

Claremont aussi était comme ça, magistral sur des groupes. Byrne aussi. Tandis que Miller restera à jamais l'auteur associé à Daredevil. Il existe des exceptions : Grant Morrison a été également inspiré sur des héros en solo (Animal Man, Batman) qu'avec des équipes de héros (Doom Patrol, JLA, New X-Men). Mais prenez Tom King : pourquoi n'a-t-il jamais écrit de team book ? Sûrement parce qu'il ne se sent pas d'en faire un, préférant nettement se concentrer sur un protagoniste.

Je crois que l'erreur initiale de Waid avec JLU, c'est sa manière d'animer cette armée de super-héros. Hickman a bien cerné les deux manières de gérer un effectif aussi massif : dans Avengers, le nombre était crucial pour affronter des menaces colossales. Dans X-Men, au contraire, il choisissait, un peu à la manière de la Force Mission : Impossible, des experts à chaque épisode pour résoudre un problème spécifique.

Waid, lui, ménage la chèvre et le chou et n'aboutit à rien de concluant. Comme la Justice League n'a jamais eu de leader réel (même quand un scénariste désignait untel ou untel chef d'équipe), il n'y a pas l'équivalent d'un stratège à qui tout le monde fait confiance comme Cyclope chez les X-Men ou Iron Man/Captain America chez les Avengers. Du coup, Waid suggère que celle qui dirige les troupes sur le terrain, c'est Wonder Woman, mais sans que ce soit non plus une désignation officielle.

Les menaces auxquelles a été confrontée la JLU jusqu'avec ce crossover ne légitime jamais son nombre de membres. Il y a au bas mot des dizaines de membres qui sont inutiles ou en tout inutilisés, juste là pour faire de la figuration, un peu comme cette scène dans cet épisode avec Ralph Dibny vite neutralisé.

Quand à une configuration d'experts choisis en fonction des missions à accomplir, elle se fracasse tout seule puisqu'il n'y a pas de chef-stratège pour désigner qui serait de sortie. Red Tornado dispatche les héros mais à chaque fois ils sont dépassés, ce qui la fout mal pour celui qui est censé choisir les plus compétents.

Voyez quelqu'un comme Mr. Terrific (dont une mini-série, Year One, débute cette semaine) : il pourrait être ce leader-stratège-dispatcheur. Sauf que visiblement ça n'a pas frappé Waid. Scott Snyder avait promu le Limier Martien comme chef d'équipe (une idée valable vu l'ancienneté du personnage et ses pouvoirs), mais après Absolute Power, il est trop diminué pour remplir la fonction.

La facilité avec laquelle Grodd et sa Legion of Doom en provenance du passé parvient à mettre en déroute la JLU, à infiltrer sa Tour de Guet (décidément une vraie passoire après ce qu'on a lu dans The Question : All along the Watchtower), rend tout le concept de la JLU pathétique. Non pas en tant que telle mais par rapport à ce qu'en fait Waid (ou plutôt : ce qu'il n'en fait pas).

Pour cette fois, on pourrait au moins se dire que c'est bien dessiné parce que c'est au tour de Travis Moore. Mais Moore, en vérité, a le même problème que Clayton Henry : c'est un dessinateur trop propre, trop sage, trop lisse, pour exprimer la tension d'une telle intrigue, des moments que le script dispense.

Le découpage manque cruellement de nerf, de puissance. On a l'impression d'observer des personnages réellement perdus alors qu'ils ont traversé des mésaventures si nombreuses qu'ils devraient être moins désemparés que ça. Waid nous prive encore une fois d'affrontements qui éprouveraient aussi bien les héros que leurs adversaires et seul Grodd paraît l'intéresser suffisamment alors que la Legion of Doom est une machine de guerre dysfonctionnelle prompte à générer des péripéties.

Quand arrive la dernière page de l'épisode, ce n'est pas un sentiment positif qui nous étreint mais une forme de soulagement par anticipation car c'est bientôt fini. Mais n'en est-il pas de même pour la série elle-même ? Car comment se relever d'un crossover aussi pitoyable ? Comment Waid peut encore nous faire croire qu'il a les capacités à en faire une série captivante ? Même si les héros gagneront à la fin, je crains que ça ne suffise pas cette fois : leur scénariste, lui, sera vaincu.

ULTIMATE SPIDER-MAN #17 (Jonathan Hickman / David Messina)


Harry Osborn rend visite à Ben Parker pour s'assurer que Peter, Mary Jane et leurs enfants sont en sécurité. Gwen Stacy reçoit les visites successives de Robbie Robertson, puis de Wilson Fisk et son assistant Wesley. Puis Harry retrouve Gwen avec laquelle il se prépare à déclencher des hostilités contre Fisk et ses alliés..


Dernièrement, Jonathan Hickman a accordé une longue interview à un podcast dans laquelle il est revenu pour la première fois sur son expérience sur les X-Men ("la plus grosse déception de ma carrière") et son rôle actuel chez Marvel. Sur ce dernier point, il a résumé cela en expliquant qu'il proposait des concepts prêts à être développés par lui et surtout par d'autres.


Il a aussi raconté comment il en est venu à écrire Ultimate Invasion et Ultimate Spider-Man, confirmant qu'à l'origine c'est Donny Cates qui devait se charger de ces deux projets, avant qu'un accident l'en empêche. Appelé à la rescousse par Marvel, il a accepté le challenge en l'entraînant dans une autre direction.


Mais ce qui ressort vraiment de cet entretien, c'est que Hickman ne veut plus, jusqu'à nouvel ordre, s'engager dans un projet comme il l'avait fait à l'époque de House of X / Powers of X, en assumant d'en être le capitaine. Ce qui justifie qu'il n'est pas l'architecte de l'univers Ultimate actuel et se contente d'écrire Ultimate Spider-Man.



Je peux me tromper mais cela m'a donné le sentiment que Hickman ne va peut-être pas s'éterniser sur cette série et dans cet univers. Peut-être tirera-t-il sa révérence quand le Créateur sortira de sa prison et que l'univers Ultimate sera à coup sur ébranlé. Par exemple, on sait que Hickman ne participera pas au spin-off de Ultimate Spider-Man, Incursion, mettant en scène Miles Morales et le faisant côtoyer Peter Parker.

De même qu'avec Imperial, l'event cosmique en quatre parties, qui débute en Juillet, Hickman se contente de jeter les bases d'une intrigue en invitant d'autres auteurs à la développer (deux spin-off ont été annoncés, où il ne tient qu'un rôle de consultant). Et, curieusement, c'est aussi ainsi qu'il faut apprécier l'épisode d'Ultimate Spider-Man de ce mois.

On n'y voit Peter Parker qu'à l'avant-dernière page. Tout ce qui précède est centré sur Harry Osborn et Gwen Stacy qui ont décidé de déclarer la guerre à Fisk et ses alliés après que le caïd a lancé au trousses du Bouffon Vert et de Spider-Man plusieurs super-vilains qu'ils ont réussi, chacun de leur côté, à semer de manières différentes et sans savoir si l'autre avait survécu.

Là encore, je peux me tromper, mais ça ressemble à une ligne droite tendue vers un dénouement qui verra à la fois la réunion de Spider-Man et du Bouffon Vert contre leurs ennemis, pouvant coïncider à la fin avec la libération du Créateur. Ce serait à coup sûr un timing parfait, digne de Hickman, et le moment éventuel pour tirer sa révérence sur le titre.

Cela ne signifie pas que je souhaite que Hickman arrête d'écrire la série, mais tout indique qu'il n'a plus l'intention, comme je le disais plus haut, de s'investir sur le long terme dans un projet. La déception ressentie par rapport aux X-Men (où le plan en trois actes qu'il avait prévu n'a pas été respecté par Marvel qui a préféré tirer sur la corde au maximum) a comme qui dirait vacciné le scénariste.

Et puis il a mené à bien (et continue de développer) son projet 3Moons.3Worlds. via Substack (je reçois régulièrement la newsletter à ce sujet). Il travaille sur la suite de Decorum. La fin de Black Monday Murders est dans les mains de Tomm Coker. Et donc, pour Marvel, il partage son temps entre des concepts sur mesure et des commandes ponctuelles (Avengers vs Aliens, Wolverine : Revenge).

Peut-être qu'après Ultimate Spider-Man et Imperial, Hickman se consacrera à des projets en creator-owned, à moins que DC lui offre une opportunité (il a souvent exprimé son désir de relancer La Légion des Super-Héros par exemple). Mais ce dont je suis sûr, c'est que l'expérience X-Men l'a changé profondément. Et qu'il sait qu'il a fait le tour de ce que Marvel peut lui proposer.

Je suis un peu court sur le contenu de Ultimate Spider-Man mais, honnêtement, je ne vois pas ce que je pourrai en dire de bien intéressant. On est typiquement dans un de ces épisodes de transition, plus captivant pour ce qu'il annonce que pour ce qu'il raconte. Hickman met des choses en place. On préférerait zapper mais en même temps si on le faisait, on manquerait ensuite de contexte.

David Messina fait ce qu'il peut pour rendre ça visuellement satisfaisant, mais le fan en est toujours réduit au même constat : c'est mieux quand c'est Checchetto. C'est ingrat, cruel, mais si Ultimate Spider-Man avait eu deux dessinateurs moyens au lieu d'un excellent et d'un autre juste correct, ça n'aurait pas été si gênant.

Entre ce qu'on peut supposer sur Hickman, la qualité propre d'Ultimate Spider-Man et ce qu'on lit, c'est là où se situe cet épisode. Le scénariste semble tout de même terriblement frustré et cette série joue de cette frustration en la communiquant au lecteur. Tout ça intéresse-t-il vraiment encore Hickman ? A-t-il déposé les armes ? Ou bien faudra-t-il surtout attendre 2026 pour qu'il rebondisse et renoue avec sa grandeur ?

SUPERMAN #26 (Joshua Williamson / Eddy Barrows, Sean Izaakse)


Lois Lane a perdu ses super-pouvoirs mais elle rassure Superman en lui expliquant qu'elle comptait raccrocher et qu'elle a du travail en retard au Daily Planet. Lena Luthor coupe les ponts avec son père et Mercy Graves tout comme Superman qui souhaite démanteler SuperCorp et va en informer Lex...


Après le numéro anniversaire du mois dernier, la série reprend son cours normal avec un nouvel arc narratif qui va examiner les retombées de ce qui vient de se produire. Désolé par avance pour le spoiler mais difficile de faire autrement que de révéler la perte des pouvoirs de Superwoman survenu dans le numéro d'Avril.


Les circonstances ne sont pas claires mais on comprend que celui à qui ces pouvoirs appartenaient ne va pas tarder à revenir sur le devant de la scène (mais pas tout de suite non plus). Le scénariste semble dans un premier temps expédier cet événement, Lois assurant que tout est pour le mieux et qu'elle va reprendre une vie normale.


D'ailleurs, la première partie de l'épisode revient cas par cas sur ce qui s'est passé dans le n° 25 : Lex est à nouveau en prison et sa fille Lena coupe les ponts avec lui. Ses arguments sont valides, légitimes, tout comme quand elle se révolte sur le fait que Mercy Graves est laissée libre (le lecteur n'a aucun mal à compatir et même davantage  car ce n'est absolument pas logique).


Superman aussi retire sa confiance à Mercy, à qui il communique son envie de démanteler SuperCorp avant d'en informer Lex. Et c'est là que le récit bascule, de manière abrupte, spectaculaire mais pas vraiment convaincante. Car, oui, ce nouvel arc débute de façon mitigée, comme si Joshua Williamson devait régler un problème embarrassant qu'il a pourtant initié.

Et ce problème, c'est celui de la kryptonite rouge auquel Pharm et Graft ont exposé Superman et qui, lorsque ses émotions l'emportent sur sa raison, en font un être colérique et violent. La kryptonite, c'est, on le sait tous, la faiblesse de Superman. Et de la kryptonite, il y en de toutes les couleurs avec des effets à chaque fois différents...

Malheureusement ce qui a fonctionné avec Green Lantern, notamment durant le run historique de Geoff Johns, ne marche pas aussi bien, de mon point de vue, avec Superman. Cet arc-en-ciel de kryptonite me paraît un aveu d'échec pour affaiblir artificiellement le héros et la kryptonite rouge est peut-être la pire de toutes car elle le transforme en une sorte de fou furieux dominé par ses émotions les plus violentes.

En soi, mettre en scène un Superman qui perdrait les pédales, ce n'est pas une mauvaise idée. Mais ce n'est pas non plus une super idée. Surtout quand un scénariste semble la ressortir alors qu'il doit faire face à des retombées dramatiques suffisantes pour remplir un arc narratif, entre la perte des pouvoirs de Lois, le retour en prison de Lex, les magouilles de Mercy, la fugue de Lena...

Avec ce qui est annoncé dans les prochains moins, je trouve qu'il aurait été bien de consacrer un arc à ces points-là plutôt que d'embrayer avec un nouveau récit explosif. Mais bon, on va voir comment s'en sort Williamson qui a toujours bien su mener sa barque. Toutefois, il n'est guère aidée sur le plan visuel et c'est l'autre faiblesse de cet épisode (et de cet arc).

Si on sait que Dan Mora reviendra dessiner la série à partir de Juillet (pile pour la sortie du film), on a la désagréable surprise de constater que ce numéro n'est pas entièrement signé par Eddy Barrows. Alors oui, hier, je plaidais l'indulgence pour Evan Cagle qui ne faisait que quatre pages de The New Gods #6, mais là, c'est tout de même un peu différent.

D'abord parce que Barrows est un artiste qui a bien plus d'expérience et on pouvait espérer qu'il dessine son arc de bout en bout (d'autant que sur le #25, il était accompagné par Jamal Campbell et Dan Mora). Pour être clair, Barrows illustre les pages 1 à 8 puis 10 à 13, soit 12 planches. La planche 9 et les pages 13 à 23 sont le fait de Sean Izaakse.

La page 9 est un interlude, un teaser annonçant le retour d'un personnage (mais pas avant des mois). Puis, sans vraiment qu'on se l'explique, Barrows passe le flambeau à mi-chemin à Izaakse pour terminer l'épisode (et tout semble indiquer que ce sera pareil le mois prochain où les deux dessinateurs sont crédités).

Encore une fois, je ne veux jeter la pierre sur personne, mais éditorialement, ça sent le remplacement en catastrophe. Et comme les éditeurs ne communiquent jamais sur les raisons qui les poussent à placer deux artistes sur un seul épisode (en dehors de l'exemple qui veut que chacun illustre une partie précise, comme par exemple des scènes au présent et des flashbacks), hé bien, l'effet produit est bizarre.

Qui plus Barrows et Izaakse n'ont ni le même niveau ni le même genre de style. L'ironie de la chose, c'est que, ces derniers moins, Izaakse a travaillé sur une mini Challengers of the Unknown sur laquelle il a eu besoin d'aide à chaque numéro et c'est donc assez curieux que DC fasse appel à lui pour jouer les pompiers de service...

Enfin, les pages de Izaakse ne sont pas terribles. A sa décharge, il n'a sûrement pas eu beaucoup de temps pour les réaliser, mais bon, ça ne fait que confirmer que c'est un dessinateur à qui il reste beaucoup de travail pour mériter une meilleure considération de la part de DC et des fans. Plus que jamais, chez DC comme chez Marvel, il y a les très bons artistes et les autres, qui sont surtout là pour meubler les effectifs.

Sans être médiocre, ce début d'arc ne suscite pas un enthousiasme ni une confiance débordants. La bonne nouvelle, c'est que ce sera vite plié. Mais le retour de Dan Mora en Juillet et, espérons-le, un regain d'inspiration chez Joshua Williamson sont attendus...

mercredi 28 mai 2025

THE NEW GODS #6 (of 12) (Ram V / Evan Cagle, Felipe Andrade)


Lightray s'est sacrifié pour permettre aux habitants survivants de New Genesis de quitter la planète. Le Black Racer l'accueille dans l'au-delà pour le guider jusqu'à la Source où sera décidé s'il doit rester mort ou s'il pourra revivre... Cependant, sur Terre, la JLU se porte au secours des refugiès de New Genesis dont le vaisseau risque de se crasher...


Cet épisode est tout de même d'une audace folle. Si folle qu'elle en laissera certains sur le carreau et j'ai déjà lu par ailleurs des avis très tranchés de lecteurs qui ont décidé d'arrêter les frais. Pas forcément d'ailleurs à cause du contenu et de l'emballage de cet épisode mais pour une raison qui me paraît beaucoup plus superficielle et témoigne d'une profonde ignorance. Mais j'y reviendrai.


Il m'était impossible de critiquer cet épisode sans spoiler le sort réservé à Lightray à la fin du précédent et confirmé au début de celui-ci. Pour empêcher Karok Ator de tuer Izaya, le Haut-Père de New Genesis, le jeune héros s'est interposé et a péri, pourfendu par l'épée du conquérant. Mais, comme Ram V se le demandait, qu'en est-il de la mort d'un dieu ? Un dieu peut-il seulement mourir ?


La force de l'approche de Ram V sur The New Gods, c'est d'envisager la création de Jack Kirby avec respect mais sans déférence exagérée. Il faut, encore une fois, se rappeler que le king avait fait un bide avec The New Gods et toutes les séries du "Quatrième Monde" : ce n'est pas être ingrat de le dire, c'st un fait. Et DC avait même demandé à Jim Starlin d'orchestrer la mort de tous ces personnages dans la foulée de l'event Final Crisis.


On peut toujours s'interroger sur les raisons d'un échec sans dévaloriser le travail qu'il a exigé de son auteur. Kirby, quand il créé The New Gods et ses séries annexes, veut d'abord, à l'évidence, prolonger ce qu'il a fait sur Thor chez Marvel, mais en inventant de nouveaux personnages, un nouveau cadre. Pourtant les fans de DC n'adhéreront pas, tout comme ils ne suivront pas Kirby dans ses autres projets pour l'éditeur.

J'ignore s'il s'agissait d'un décalage trop grand entre l'époque et l'auteur, les attentes des lecteurs et les aspirations de Kirby. Mais ça n'a pas fonctionné. Pourtant DC, avec sa légion de héros quasi-divins, était l'endroit idéal pour The New Gods. Mais en vérité, jusqu'à Tom King et Mister Miracle, c'est comme si les Néo-Dieux du king restaient des outsiders, des marginaux, presque des anomalies.

Ram V a compris, selon moi, une chose essentielle : pour que le grand public adhère enfin aux Néo-Dieux de Kirby, il fallait leur donner une intrigue simple sans renier la complexité de leur situation. ET c'est ainsi qu'au lieu de les raconter frontalement, il a préféré biaiser et y glisser des références auxquelles Kirby n'aurait pas pensées mais qui ont en quelque sorte rafraîchi leur concept même.

Un peu comme quand J. Michael Straczynski avait écrit Thor ou Neil Gaiman puis Kieron Gillen les Eternels, Ram V s'est donc appuyé sur une base simple : et si les dieux étaient chassés de leur panthéon au moment même où, en parallèle, un enfant-dieu se manifestait, sans qu'on sache s'il incarnait une force positive ou négative ?

Arrivé à la moitié de la série, on a pu suivre simultanément la chute d'Apokolips et de New Genesis par un conquérant vengeur et l'émergence d'un enfant divin convoité par différents acteurs (les uns voulant le supprimer, les autres le protéger, les derniers l'exploiter). Et dans cet épisode, il est question de mort, peut-être de renaissance, et d'exil.

La majeure partie de cet épisode suit donc Lightray dans une sorte d'au-delà où il est guidé par le Black Racer, l'incarnation de la Mort, qui n'appartient pas aux Néo-Dieux tout en étant le dernier personnage qu'ils rencontreront tous. Il emmène le défunt à la Source où il sera fixé sur son sort. Lightray ne veut pas mourir, non pour être sauvé, mais pour continuer à protéger les siens.

A travers lui, Ram V dresse le portrait d'un jeune homme fondamentalement bon. Il fut d'abord un enfant ordinaire, le meilleur ami de l'ombrageux Orion, puis, pris dans une embuscade par les Paradémons de Darkseid, il failli périr. De longs jours alité, il ne dut son salut qu'au réveil inattendu de ses pouvoirs et depuis il s'évertua à honorer la chance qui lui fut accordé en l'attribuant à l'entourage qui le veilla. 

Le Black Racer lui-même est troublé par Lightray pour qui il éprouve une sorte d'admiration défiant sa mission, son rôle. Laisser mourir un être si pur est-il moral ? Il comprend que non et outrepasse sa position en le défendant une fois parvenu à la Source. Réussira-t-il à le sauver ?

Ram V s'aventure dans des territoires rarement explorés dans un comic-book super-héroïque mainstream. Je peux comprendre que ça ne touchera pas tout le monde, que certains même trouveront cela inutilement philosophique, complexifiant une histoire dont la trame est fondamentalement simple. Pourtant je trouve aussi cela dommage de ne pas s'abandonner à ce voyage, situé stratégiquement au milieu du voyage.

Les planches de Felipe Andrade risquent aussi d'en désorienter un paquet. Souvent à la limite de l'abstraction (et parfois même carrément abstraites), en couleurs directes, avec un mélange de crayons de couleurs et d'aquarelles, le résultat est pourtant là aussi d'une beauté unique, invitant à la méditation, au trip, dans des ambiances éthérées et des nuances fantastiques.

C'est sûr qu'on ne voit pas ça tous les jours et il faut un sacré culot à la fois de la part de Ram V, de Andrade et de DC pour publier un épisode aussi atypique, étrange, qui invite à la transe plus qu'à la simple lecture. Mais j'ai aussi envie de dire que l'abstraction est ce qu'on en fait : il n'y a pas de règle, il faut juste se laisser flotter, se laisser dériver, ne pas chercher forcément du sens.

Si vous vous plongez dans ces pages en résistant parce que ça ne ressemble pas à du comics traditionnel, alors n'insistez pas. Vous serez frustré, ça ne vous plaira pas du tout. Par contre, si vous vous décontractez, si vous êtes prêt à embarquer, alors non seulement le dépaysement est garanti mais surtout vous serez touché et vous comprendrez pourquoi Andrade est parfait pour cet épisode, creusant comme il l'a déjà fait avec Ram V ces atmosphères.

Comme je le disais plus haut, j'ai lu aussi que certains lecteurs avaient choisi de stopper leur lecture de la série pour une autre raison qui est que Evan Cagle ne dessine finalement que quatre pages. Ce n'est évidemment pas beaucoup, et peut-être pas suffisant. Pourtant c'était déjà le cas dans l'épisode 3 et cela s'explique.

Cagle n'a jamais dessiné de série mensuelle et c'est un rythme à prendre qui n'est pas facile. Surtout cela rappelle à point nommé deux choses que les fans de comics ne devraient jamais oublier : la première, c'est qu'un artiste n'est pas une machine à pisser des planches pour satisfaire des lecteurs addicts au format mensuel. Un artiste, c'est, comme vous et moi, d'abord un être humain.

Et c'est quelqu'un qui gagne mal sa vie la plupart du temps en s'échinant à produire des épisodes de vingt pages par mois sans avoir le droit d'être malade ni, apparemment pour certains, de ne pas respecter les délais de production. Et ça, ça m'énerve de le répéter, mais je le ferai jusqu'à mon dernier souffle parce que j'en ai marre des fans pourris gâtés qui pensent que tout leur est dû, en particulier la productivité des artistes.

Et la deuxième chose que je veux ici rappeler, c'est que Cagle a un style exigeant : regarder les quatre pages qu'il fait et notez le niveau de détails qu'il y met. Relisez maintenant les épisodes qu'il a entièrement dessinés et si vous ne comprenez pas qu'on ne peut pas, humainement, produire ça chaque mois, alors je ne peux rien pour vous. Attendez de lire des BD générées par l'IA, vous les aurez tous les mois sans retard. Mais ça n'aura jamais d'âme.

Pour ma part, je vais en tout cas continuer The New Gods parce que je trouve ça magnifique et même si ça signifie que dans un avenir proche, à nouveau, Evan Cagle laisse la majorité d'un épisode à un autre pour souffler ou pour qu'un artiste serve au mieux le script de Ram V.

mardi 27 mai 2025

ZATANNA #4 (of 6) (Jamal Campbell)


Zatanna comprend que la meilleure manière d'affronter Brother Night et Lady White est de consulter ses cauchemars. Elle rencontre donc Fuseli, un démon qui a autrefois servi Brother Night pour en savoir plus sur ses faiblesses. Puis elle interrompt la nuit des désirs qu'il a organisée avec Lady White. Mais Blue Devil leur sert à la fois d'appât et d'arme...


Depuis le début de cette mini-série, plusieurs éléments m'échappaient et, pourtant, par paresse, je n'avais pas entrepris de recherches pour me faciliter la tâche. Mais arrivé à cet antépénultième épisode, j'ai compris que si je persévérai, j'allais être franchement largué et il me fallait en savoir plus sur ce que convoquait Jamal Campbell dans cette histoire.
 

Un personnage en particulier me filait comme du sable en les doigts et c'était Brother Night. Le nom me parlait sans que je réussisse à le situer. Et puis je me suis souvenu, en consultant le site comicvine., où je l'avais déjà vu : c'était dans le run de Paul Dini sur Zatanna en 2010, où l'auteur revenait en détail sur les origines de ce marchand d'âmes.


De son vrai nom Eldon Peck, Brother Night a d'abord croisé le fer avec le père de Zatanna et il s'était servi pour le manipuler du démon Fuseli qu'on retrouve dans ce quatrième épisode de la mini de Jamal Campbell. On comprend alors mieux la faveur qu'il lui doit quand elle fait appel à lui pour découvrir le point faible de Brother Night puisque Zatanna avait libéré Fuseli de l'emprise de Peck.


Mais donc, ce qu'il faut retenir et qui explique pourquoi Peck a torturé Blue Devil et va s'en servir contre Zatanna ici, c'est donc que Brother Night fait le commerce des âmes et les contrôle à son désir. Pour défaire Zatanna, il a procédé de la même manière en pervertissant ses sortilèges de telle manière qu'à chaque fois qu'elle en prononçait un, elle était en proie à des douleurs croissantes.

Quant à Blue Devil, petit rappel :Dan Cassidy était acteur lorsque, sur un tournage, le démon Nebiros a surgi et l'a pris pour un autre démon à cause du costume qu'il portait pour le film. Au terme de leur affrontement, bombardé par l'énergie mystique de Nebiros, le costume est devenu la nouvelle peau de Dan Cassidy qui a alors embrassé la carrière de justicier mystique. 

Un point que j'ai dissimulé jusque-là, c'est que chaque épisode s'ouvre à la manière d'un conte raconté à Zatanna enfant par sa mère Sidella. Et justement, cette fois, elle lui explique ce qui est arrivé à Dan Cassidy avec Nebiros qui fuyait en réalité Etrigan le démon avant d'apparaître sur le tournage du film.

Jamal Campbell a donc bien révisé ses classiques et ce qui ressemblait à une sympathique petite histoire avec Zatanna convoque en vérité plein d'éléments rattachés à des récits antérieurs la concernant elle, mais aussi Blue Devil, Brother Night, la mère de Zatanna. Et probablement doit-on s'attendre à ce que le père de celle-ci fasse reparler de lui avant la fin.

D'un côté, c'est du travail sérieux, prouvant que Campbell a des choses à dire, à exploiter avec son héroïne. Mais de l'autre, ça exige du lecteur d'être quand même bien au fait du passé de la magicienne, des ennemis de la famille Zatara, de leurs alliés occasionnels. Je pensais pouvoir m'en dispenser et j'avais tort car je passais à côté d'éléments importants pour l'intrigue. 

Et je pense que le format de la mini-série dessert quelque peu cette ambition. En effet, Campbell a assez de matière pour développer plus qu'une intrigue. En l'état, on a quelque chose de dense qui passe par un contenu parfois très verbeux pour que le lecteur saisisse ce qu'on lui raconte, ou au moins sente que les racines de l'histoire sont plus anciennes qu'il n'y paraît.

Je crois donc qu'en disposant de plus d'épisodes, voire même en envisageant une série régulière, le résultat aura été plus digeste, plus fluide. Et personne ne s'en serait plaint car, en prime, on aurait eu le plaisir de lire plus de planches magnifiquement dessinées par Campbell, qui, une fois encore, fait l'étalage de tout son talent pour les mises en scène colorées.

Il est indéniable que parfois, chez cet artiste, les explosions de couleurs peuvent un peu nuire à la lisibilité de sa narration graphique. Campbell semble grisé par les possibilités techniques de l'infographie tout en les maîtrisant tout de même formidablement. Peut-être ce léger souci serait réglé avec un "encrage" plus cerné.

Mais en même temps son inventivité dans l'enchaînement des cases, la puissance visuelle dont il fait preuve est incontestable et fait de Zatanna une des plus belles productions actuelles. Campbell a pour lui ce qui distingue les grands : on reconnaît ses planches immédiatement par leur découpage, le charisme de ses personnages, l'intensité de leur dispositif.

S'il devait persévérer comme auteur complet, on peut affirmer sans se tromper que Campbell en a sous le pied. Et il se lâche franchement pour nous le prouver, maîtrisant son sujet, déployant ses capacités visuelles, divertissant sans mal. Toutefois, on peut juste lui demander de faire un peu plus attention en écrivant des intrigues plus abordables et un chouia moins bavardes.

lundi 26 mai 2025

MOON KNIGHT : FIST OF KHONSHU #8 (Jed macKay / Devamlya Pramanik)


Moon Knight est tué par Carver, la garde du corps de Achilles Fairchild, le trafiquant de drogue qui a ruiné sa réputation, détruit sa base et fait de lui un fugitif. Mais l'arme qu'utilise Carver est une épée provenant du royaume de Vanaheim, le prolongement du dragon Ginnar avec lequel, dans les limbes, il va négocier...


Comme vous avez dû le remarquer, je ne dis plus souvent du bien de Marvel dont je ne lis plus beaucoup de séries. La "maison des idées" a rarement aussi mal porté son nom et l'ensemble de sa production est d'une qualité qui laisse vraiment songeur un fan comme moi qui a grandi en suivant tellement de ses séries et auteurs.


C'est bizarre à dire, mais c'en est arrivé au point où souvent je me demande si ça me manquerait de ne plus lire du Marvel. J'ai l'impression d'un tunnel créatif sans fin, quand, en face, chez DC, il y a une offre si variée, une intelligence éditoriale si contrastée... Mais s'il n'en reste qu'un, alors ce sera Moon Knight : Fist of Khonshu pour m'empêcher de quitter le navire.


Et ce huitième épisode du volume en cours a de quoi mettre tout le monde d'accord. Sur les réseaux sociaux, les lecteurs sont unanimes et on sent même que ce numéro en particulier marque une sorte de tournant, comme quand une bonne série devient une grande série, un titre qu'on recommande de ne pas rater, le projet auquel il faut prêter attention.


Je ne peux qu'abonder : cet épisode est formidable. Et ce doit être ma meilleure lecture de la semaine (au moins dans les comics mainstream), l'alliance parfaite d'un excellent script et de dessins phénoménaux. C'est effectivement un numéro que, moi aussi, je vais recommander, et qui me semble être un tournant.

Comment mesurer cela ? Il y a un moyen au moins pour ça : la couverture spoile allégrement la scène pivot de l'épisode, qui se situe au tout début. Moon Knight se bat contre Carver, la garde du corps de Achilles Fairchild, le nouvel adversaire du héros, et elle lui plante son énorme épée dans la cage thoracique. Moon Knight est (encore) mort.

Bon, dit comme ça, ça n'a rien de fameux, de bien prometteur. Mais quand un scénariste réussit l'exploit de se servir d'un artifice aussi grossier pour en faire un numéro pareil, alors, là, on sait qu'on tient quelque chose de peu commun. Parce que, non, Moon Knight n'est, évidemment, pas mort et tout va dépendre de la manière de le ramener.

Marc Spector, à l'origine, c'est déjà un homme mort, ramené à la vie par Khonshu, pour devenir son bras armé, son poing de la vengeance. Donc, qu'il survive à un coup d'épée en pleine poitrine, c'est quasiment la routine. Khonshu va le sauver. Mais au prix d'un twist spectaculaire et d'une manoeuvre malicieuse de Spector.

Je ne vais rien vous en dire, mais on va en apprendre sur Carver, sur son arme (cette fameuse épée), et sur la manière dont Moon Knight va tirer profit de tout ça. Jed MacKay, on peut penser ce qu'on veut de lui par ailleurs et je n'ai pas été le dernier à douter de lui, mais ce qu'il accomplit sur Moon Knight, c'est déjà un classique pour ce personnage.

C'est équivalent à la période où Bendis a repris Daredevil, une approche aussi originale que Nocenti et Miller avant lui sans rien devoir à ces derniers. Et c'est comparable surtout dans la mesure où MacKay s'est vraiment entiché d'un personnage  de second rang mais dont plus personne ne savait quoi faire. Bien sûr, il y a eu Warren Ellis, Jeff Lemire, mais ça n'était jamais assez long pour creuser autant le personnage.

Il se trouve que j'écris cette critique alors qu'on a appris le décès de l'immense Peter David. La spécialité de ce dernier, c'était justement la reprise de personnages dont les éditeurs ne savaient plus à qui les confier. David les aimait aussi parce qu'il pouvait les écrire sans être parasité par des events ou des crossovers (et même quand il devait composer avec ça, il savait en tirer le meilleur).

Je souhaite la même carrière à MacKay, mais en attendant, il fait avec Moon Knight ce que David a fait avec Hulk ou Supergirl par exemple : il le rend passionnant comme jamais, il lui donne des histoires mémorables, et en plus il est bien accompagné au dessin.

Parce que, si ce numéro est exceptionnel, il le doit aussi beaucoup à la prestation de Devmalya Pramanik qui livre des planches hallucinantes. On a eu de belles choses à lire cette semaine (et encore je n'ai pas parlé de tout ce que j'ai lu), mais bigre, Pramanik est vraiment impressionnant. Ses compositions, son découpage, ses ambiances (avec les couleurs de Rachelle Rosenberg)...

On ne lit pas un épisode comme ça tous les mois et d'ailleurs Pramanik ne peut pas lui-même enchaîner les numéros (mais la série a la chance d'avoir un excellent fill-in avec Domenico Carbone). En même temps, quand on voit ce qu'il pond, on peut - on doit ! - comprendre ce que ça exige de l'artiste. Et franchement, le premier qui se plaint parce que Pramanik n'est pas là à tous les épisodes, je lui colle une baffe ! 

Il faudra un jour que je fasse une rétrospective du Moon Knight de Jed MacKay, des deux précédents volumes (Moon Knight adjectiveless et Vengeance of Moon Knight). Je ne sais pas quand je pourrai, mais c'est un run émérite. Et voir que la qualité ne baisse pas, au contraire, ça laisse de l'espoir pour Marvel.