vendredi 27 décembre 2024

THE ROCKETFELLERS #2 (Peter J. Tomasi / Francis Manapul)


Tandis que Cronex cherche toujours à quelle époque se cachent les Rocketfellers, ces derniers préparent Noël. Le père, Roland, accélère la croissance d'un sapin à partir d'une épine, ce qui va vite dégénérer, pendant que son propre père, Rodney, et sa fille, Rae recueillent une nichée d'oiseaux sur le point d'être délogée par un marchand de sapins...


Sorti la semaine dernière, ce deuxième épisode de The Rocketfellers est particulièrement de saison puisque les héros y fêtent Noël. Mais évidemment quand vous êtes une famille venue du futur, les choses ne se déroulent pas exactement comme pour le commun des mortels, d'autant plus si Rae, la petite dernière, considère que couper un sapin est un crime !


Peter J. Tomasi s'amuse des conventions liées à une histoire de ce genre, non pour s'en moquer - pas le style du bonhomme - mais bien pour souligner les décalages qu'elle créé et inviter à une douce mélancolie comme elle peut étreindre certains d'entre nous à cette période de l'année, spécialement quand on a perdu quelqu'un de cher.


J'ai été, je l'avoue bien volontiers, touché par cet épisode car chaque Noël me rappelle au souvenir de mon père que j'ai perdu il y a pourtant un quart de siècle maintenant. Difficile d'imaginer, les années passant, ce à quoi aurait ressemblé ce moment de l'année avec lui. Tout a tellement changé en 25 ans, moi le premier.
 

Mais, ici, par exemple, Tomasi écrit un dialogue magnifique entre Rodney et Rae, le grand-père et sa petite-fille, qui se souviennent de Rosie, la grand-mère, disparue au début de l'aventure. Le scénariste trouve les mots juste pour traduire l'émotion qui s'emparent des deux personnages sans sombrer dans le pathos, juste pour dire la manière dont il faut se rappeler de ceux qu'on a aimés, sans tristesse mais pour ce qu'ils vous ont donnés.

Sans doute Geoff Johns, qui accueille dans sa Ghost Machine (son label chez Image Comics) The Rocketfellers, y a été sensible aussi, lui qui est hanté par le décès de sa soeur, qui lui inspira le personnage de Stargirl. En tout, si tant que cela fut nécessaire, cela vient prouver qu'on peut, dans une BD de SF, faire preuve d'une vraie humanité.

Ce qui encadre cette jolie scène reprend les codes posés dans le premier numéro. Le personnage de Roland, le père de famille, est décrit comme un savant qui, bien qu'il ait vécu à un âge marqué par un progrès scientifique et technologique sans commune mesure avec notre ère, ne mesure pas les conséquences de tous ses actes.

Tomasi préfère s'en amuser avec la croissance accélérée d'un sapin qui va générer une réaction en chaîne spectaculaire. Cela donne surtout une bonne indication sur les enjeux de la série puisque les Rocketfellers ne doivent pas se trahir en montrant de quoi ils sont capables. On a pu constater que papy Rodney se vantait de sa santé ou que Richie s'amusait avec des appareils trop perfectionnés. Dans ces conditions, les parents doivent montrer l'exemple de la discrétion.

Francis Manapul signent de superbes planches avec un découpage toujours inventif et des compositions de toute beauté. L'artiste n'a rien perdu de son talent et on le sent très motivé par cet univers, ses protagonistes, leurs (més)aventures auxquels il donne une forme de légèreté, quelque chose de véritablement aérien.

C'est sans doute ça le plus frappant avec cette série, sa manière de tourner résolument le dos à la morosité. Evidemment, il y a un fond de suspense et la présence, même fugace, du méchant Cronex est là pour nous le rappeler, les Rocketfellers ne sont pas complètement à l'abri. Coincés dans une époque qui n'est pas la leur, désireux de rentrer chez eux, ils doivent faire profil bas et être patients.

Mais tout cela est raconté, en texte et en images, avec bonne humeur, pas question pour Tomasi et Manapul de proposer au lecteur un produit sombre, sérieux, plombant. The Rocketfellers aurait pu être un parfait cartoon du Samedi matin comme jadis Scooby-Doo ou Les Pierrafeu, et d'ailleurs on peut ressentir une influence Hanna-Barbera. Qui sait, si le succès est au rendez-vous, Hollywood voudra peut-être en acquérir les droits d'adaptation pour un film en live action ou d'animation...

Emouvant, enlevé, impeccablement écrit, divinement illustré, The Rocketfellers est un divertissement qu'on reçoit comme un cadeau de Noël.

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