dimanche 12 janvier 2025

WELCOME TO THE MAYNARD #2 (of 4) (James Robinson / J. Bone)


La voleuse qui sévit à l'hôtel Maynard a échappé à Pip Dale, qui se demande comme le détective Flynn dont elle est l'adjointe, pourquoi elle vole des objets apparemment insignifiants. Tandis que Hamilton Cape, à qui Margot Rathbone, la directrice de l'hôtel doit sa disgrâce, arrive avec sa soeur Hamelia, Pip doit ménager sa relation avec sa copine Ronnie qu'elle ne peut mettre dans la confidence...
 

Pour une raison que j'ignore, ce deuxième épisode ne paraît que ce mois-ci et donc deux mois après le premier. Dark Horse a-t-il voulu protéger cette petite série des autres parutions de Décembre, qui plus est au moment des fêtes de fin d'années ? C'est possible. Mais l'essentiel est ailleurs : ce numéro est aussi bon que le précédent.


James Robinson met l'accent sur les femmes de son histoire qui gravitent autour de son héroïne Pip, cette bagagiste qui travaille en secret pour le détective de l'hôtel Maynard dont la clientèle est uniquement composée de mages, magiciens, sorciers et qui est la cible d'une voleuse insaisissable. A la fin du premier épisode, Pip était sur le point de l'appréhender...


Mais la cambrioleuse réussissait à la semer en empruntant un portail magique et Pip faisait une chute possiblement fatale. Rassurez-vous : elle n'est pas morte puisqu'elle a atterri dans le bureau de Margot Rathbone, la directrice du Maynard, alors en pleine conversation avec Sam Flynn, le détective et patron de Pip.


James Robinson met donc en présence Pip et sa patronne qui se demande pourquoi cette voleuse ne subtilise apparemment que des objets sans importance. Toutefois, ensemble, avec Flynn, un détail les intrigue : les portails magiques qu'elle emprunte pour fuir aboutissent toujours à des endroits précis et sécures. 

L'hôtel est en pleine effervescence lorsque débarquent Hamilton et Hamelia Cape. Le premier est un magicien réputé et flamboyant mais qui a provoqué la perte des pouvoirs de Margot. Tiens, tiens, serait-ce un indice pouvant mener à la voleuse ? On découvre à la fin de l'épisode qu'elle agit pour un commanditaire qui a de bien sombres projets. Margot pourrait être celle qui voudrait se venger de Hamilton...

Plus tard, Pip passe un moment de détente avec sa compagne Ronnie. Ce qui n'était que suggéré dans le premier épisode est donc confirmé : elle est homosexuelle, lesbienne, mais Robinson ne s'appesantit pas là-dessus, au contraire. Et ça change de tous les comics où les éditeurs et les auteurs veulent absolument souligner ça, l'air de dire : "vous voyez, on intègre des personnages gays, on n'est pas homophobes".

La troisième femme à qui Pip a affaire, c'est Raylene Gomez, la barmaid du Maynard, toujours au courant de tout. On apprend en même temps que Pip que, si ses cocktails sont si bons, c'est parce qu'elle les prépare en s'aidant de magie, qu'elle apprend en cachette... Et l'échange entre Pip et Raylene est sans doute le plus troublant du lot.

Parce que Raylene est, elle, ouvertement bisexuelle (mais là aussi, c'est exposé sans chichi, sans ostentation - Robinson n'a vraiment pas perdu la main pour caractériser finement un personnage) et quand Pip se confie sur sa relation avec Ronnie, on sent que Raylene a à la fois plus d'expérience mais aussi un soupçon d'attirance pour la jeune pseudo-bagagiste.

Sans compter que Raylene a des mots, disons ambigus sur les vols commis dans l'hôtel... Après Margot Rathbone, il devient clair que Robinson nous incite à soupçonner les deux femmes en leur fournissant un mobile et des moyens d'agir : Raylene apprend la magie, Margot en a été privée par Hamilton, donc Margot pourrait être la commanditaire de Raylene pour les vols, mais sans qu'aucune des deux ne sache qui est l'autre (puisque la voleuse est masquée et le commanditaire porte une capuche qui empêche de l'identifier).

Evidemment, c'est trop simple, trop évident, et je ne pense pas qu'au bout de deux épisodes (sur quatre) un scénariste aussi aguerri que Robinson vende la mèche aussi facilement. A moins que ce soit une manoeuvre de sa part pour qu'on croit que ce ne sont pas elles alors qu'en vérité ce sont bien elles... Nous embrouiller ainsi fait partie du plaisir de cette histoire, faussement simple.

J. Bone nous enchante toujours autant avec ses planches : Welcome to the Maynard a quelque chose d'absolument divin, d'enchanteur. Il y a un évident hommage à Spirou dans le look de Pip, mais aussi plus généralement aux bandes dessinées franco-belges avec cet univers tout droit sorti de l'école de Marcinelle, aux couleurs éclatantes, aux décors soignés, à l'élégance rétro.

Pourtant ce n'est pas une vulgaire imitation, un minable pastiche. J. Bone a une vraie délicatesse pour camper ses personnages et une vraie énergie, toute personnelle, pour les mettre en situation, comme lorsque Hamilton Cape surgit (voir plus haut) ou avec cette magnifique double page avec Pip et Ronnie (il y en a une autre avec Pip et Flynn, tout aussi superbe).  

Robinson a souvent été gâté en matière de dessinateurs (Tony Harris, Paul Smith, Peter Snejbjerg, entre autres), mais son association avec J. Bone est également parfaite. Si Welcome to the Maynard invoque la magie, ce n'est pas que pour la narration : il a quelque chose d'authentiquement ensorceleur dans cette petite série qui ressemble à de la grâce.

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