jeudi 30 janvier 2025

SUPERMAN : LEX LUTHOR SPECIAL #1 (of 1) (Joshua Williamson / Eddy Barrows)


Pour permettre à Superman de vaincre Brainiac il y a quelque temps, Lex Luthor a utilisé son génie mais perdu la mémoire ensuite. Cependant, tout le monde se charge de lui rappeler les horreurs qu'il a commises par le passé et il ne souhaite plus guérir de son amnésie, préférant saisir la nouvelle chance qui s'offre à lui d'être un homme meilleur. A moins qu'on ait besoin du génie maléfique qu'il incarne...


Après le one-shot Superwoman Special dont je vous ai parlé hier, voici venu le tour de Superman : Lex Luthor Special, un autre numéro unique en marge de la série régulière Superman, également écrite par Joshua Williamson. Le résumé ci-dessus vous renseignera sur la situation particulière de l'ex-ennemi du man of steel depuis qu'il a aidé ce dernier à repousser une énième attaque de Brainiac.


Lex Luthor est donc devenu amnésique mais cela ne signifie pas qu'il ignore qui il a été auparavant puisque tout le monde, à SuperCorp comme dans la rue, se charge de lui rappeler quel horrible personnage il fut. Dans ces conditions, malgré les sollicitations de sa fille Lena, il n'est pas motivé pour se rétablir, songeant qu'il tient là une opportunité pour être quelqu'un de bien.


Quand Joshua Williamson hérite de la série Superman, pour laquelle il a droit à un relaunch, Luthor est incarcéré. C'est lui qui, dans les pages d'Action Comics, écrit alors par Philip Kennedy Johnson, vient de tuer le magicien Manchester Black pour que plus personne ne sache que Clark Kent est Superman, comme l'avait voulu Brian Michael Bendis lors de son run.


Seul donc Luthor et Lois Lane savent que la double identité du gardien de Metropolis. Luthor assume son geste et accepte sa détention, allant même jusqu'à mettre ses gigantesques ressources au service de son ancien adversaire pour lui permettre de lutter plus efficacement contre ce qui menace leur ville. Williamson établit en effet que, avant l'arrivée de Superman dans la cité, Luthor ambitionnait d'en être le champion.

Malgré l'énormité de cette retcon et du partenariat entre Superman et Luthor, Williamson construit alors une première intrigue très efficace. C'est un peu comme si Wilson Fisk décidait de financer la lutte contre le crime de Daredevil, mais ça passe étonnamment bien. Parce que le scénariste n'oublie pas de montrer le doute permanent chez Superman, la méfiance de Lois, la perplexité de Mercy Graves (la directrice par intérim de Lex Corp devenu SuperCorp).

Et il faut bien reconnaître que si ça fonctionne, c'est aussi parce que le génie de Luthor associé aux pouvoirs de Superman forment une paire impressionnante. Jusqu'au sacrifice de Luthor face à Brainiac, qui change encore la donne pour transformer Lex en quasi-handicapé. Williamson développe intelligemment son idée pour que le lecteur croit à l'envie de Lex de devenir meilleur.

Dans ce one-shot, le scénariste revient sur la disparition de Darkseid après son attaque dans la Tour de Guet de la Justice League. Mister Terrific a étudié les conséquences de ce qui s'est produit mais se heurte à un mur qu'il rechigne à abattre car cela l'effraie. En revanche, si un homme supérieurement intelligent comme lui mais dénué de cette peur s'y attaquait...

Donc, il a besoin de Luthor, mais cela suppose : 1/ que ce dernier veuille l'aider et 2/ que pour cela, il redevienne l'être détestable et dangereux qu'il était. Un vrai cas de conscience, pour l'intéressé en premier lieu. En tout cas, le propos est captivant : doit-on renoncer à son humanité, à sa bonté, pour élucider un mystère ?

La fin de ce récit, que je ne vais pas spoiler, offre une réponse suffisamment ambigüe pour que le lecteur ne sente pas floué, pris pour un imbécile à qui on donne une issue trop simple. Mais cependant, si, par curiosité, vous tombez sur les sollicitations de DC Comics pour Avril prochain, évitez de lire les textes accompagnant la présentation du crossover We are Yesterday car, eux, vous diront ce que Luthor va devenir... Pour le coup, c'est dommage que l'éditeur (et les couvertures de Dan Mora) dévoilent cette partie.

Au dessin de ce one-shot, on trouve celui qui succédera bientôt à Dan Mora sur la série Superman : il s'agit de l'artiste brésilien Eddy Barrows (de son vrai nom Eduardo Barros), un fidèle parmi les fidèles de DC, pour qui il a signé des planches sur Freedom Fighters, Birds of Prey, Teen Titans, Detective Comics, Action Comics et... Superman déjà.

Son style réaliste et détaillé est mis en valeur par l'encrage précis de son collaborateur de longue date Eber Ferreira, avec les couleurs d'Adriano Lucas. Certains n'aiment pas du tout, jugeant ça inutilement chargé, avec des expressions chez les personnages un peu figées. Pour ma part, je juge que Barrows est un dessinateur à la technique très solide mais qui manque effectivement de dynamisme.

Cependant, on ne peut que s'incliner devant les efforts qu'il consacre à chacune de ses pages et vignettes. C'est aussi cela qui l'empêche de produire beaucoup d'épisodes à la file. Le personnage de Superman lui convient parfaitement, et il donne à Luthor, ici, une humanité assez touchante, ce qui est raccord avec la volonté de Williamson. Des pages en noir et blanc, pour des flashbacks sur l'enfance de Lex, ponctuent le récit et sont de toute beauté, quasiment des gravures.

On peut trouver ce one-shot, comme celui sur Superwoman, un peu frustrant, mais Williamson se sert de ce format pour suggérer des éléments qu'il développera plus tard. Il ne s'agit donc pas de livrer une histoire complète mais bien de teaser le futur de Superman. Et il s'annonce captivant.

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