vendredi 31 janvier 2025

PSYLOCKE #3 (Alyssa Wong / Vincenzo Carratu)


Après avoir trouvé un bras de John Greycrow accroché à un mur de la base des X-Men en Alaska, Psylocke récupère son amant sain et sauf dans une grotte proche où il s'est réfugié. Mais ils y sont attaqués par des drones qu'ils maîtrisent. Une analyse de ces drones les conduisent jusqu'à Shinobi Shaw qui jure pourtant n'être pour rien dans cette agression. Mais il sait l'identité du responsable...
 

On avait quitté Pyslocke sur un cliffhanger saignant et, logiquement, Alyssa Wong reprend là où elle avait laissé son récit en nous rassurant rapidement sur l'état de santé de John Greycrow, l'ex membre des Marauders et des Hellions (version Krakoa pour ces derniers) et amant de Kwannon. Cependant, la situation des amants n'est pas plus sûre.


Délaissant l'intrigue sur les enfants, la scénariste redirige son histoire sur son héroïne qui va devenir l'étrange objet de la convoitise d'un personnage issu du passé de Shinobi Shaw. Ce changement de braquet étonne au premier abord tout en me rassurant sur les intentions de l'auteur car il me semblait que son scénario et celui de la série Magik empruntaient des voies similaires (le sauvetage d'enfants mutants).


Toutefois Alyssa Wong ne se contredit pas : son sujet reste le passé et l'enfance. Elle met fréquemment en scène des flashbacks sur la jeunesse de Kwannon, élevée parmi des ninjas, formée pour devenir une tueuse, soumise à des traitements très durs qui ont forgé sa mentalité. Or c'est bien de ses origines dont elle souhaite aujourd'hui s'affranchir pour ne plus être réduite à un assassin.


De ce point de vue, la scénariste exploite habilement la relation amoureuse que Kwannon entretient avec John Greycrow, lui-même ancien tueur à gages, également en quête de rédemption et qui soutient sa partenaire dans ses efforts. Alyssa Wong se permet même quelques traits d'humour comme dans cette scène où Greycrow et Shinobi Shaw se défient mutuellement pour s'attirer la sympathie de Kwannon.

Mais là où la série rebondit le plus efficacement, tout en entretenant un mystère bien huilé, c'est quand on découvre qui en veut à Psylocke. A ma connaissance, c'est un personnage inédit, mais je peux me tromper car Psylocke fait partie des personnages que je maîtrise mal, étant apparu lors du run dessiné par Jim Lee au début des années 1990 quand j'ai cessé de lire X-Men.

Wong raccroche les wagons en faisant de ce vilain un autre personnage à l'enfance particulièrement perturbée. Même Shinobi Shaw est dérangé, c'est dire. Sachant, par ailleurs, que ce premier arc s'achèvera au cinquième épisode, on est, avec ce troisième chapitre, à un moment de bascule, et les deux prochains numéros promettent leur lot d'action et de révélations.

De l'action, il n'en manque pas et Vincenzo Carratu se régale et nous régale en même temps. Il utilise encore à l'intérieur d'un même plan des mouvements acrobatiques décomposés pour mettre en valeur les talents de combattante de Psylocke mais aussi établir un découpage plus souple, plus dynamique, y compris quand il ne se passe rien de spectaculaire.

A cet égard, il y a u tout début de l'épisode un moment où Kwannon est dans la cabane de Greycrow et elle use de son pouvoir télépathique pour reconstituer l'attaque qui s'y est déroulée. On la voit alors, à l'intérieur d'une seule case, se déplacer dans la pièce principale alors que le lecteur peut voir la scène antérieure se jouer. C'est simple comme tout mais efficace.

Toutefois Carratu n'abuse pas de cet effet. Sa force se situe aussi dans sa facilité à animer les personnages sous tous les angles et à composer des images avec soin, disposant les divers éléments de manière harmonieuse. Jamais on n'est égaré dans la lecture, tout est cohérent d'un plan à l'autre, d'une planche à l'autre, ce qui prouve que l'artiste maîtrise sa narration.

En définitive, ce qui fait la qualité de Psylocke, c'est bien que ses auteurs savent ce qu'ils font et le font bien. Ce qui n'a l'air de rien, mais qui témoigne de l'habileté avec laquelle ils racontent leur histoire. Par les temps qui courent chez Marvel, cette façon de faire a quelque chose d'exemplaire : ce n'est pas extraordinaire, mais c'est sérieux et solide.

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