jeudi 23 janvier 2025

JUSTICE LEAGUE UNLIMITED #3 (Mark Waid / Dan Mora)


Un méga incendie ravage la forêt amazonienne et plusieurs membres de la JLU sont envoyés sur place. Mais Superman découvre que le feu a une nature magique et Zatanna, Dr. Occult et Xanthe Zhou arrivent en renfort. Pendant ce temps, Plastic Man et Phantom Girl, dont les pouvoirs ont été intervertis, reçoivent l'aide des deux Atom..


DC vient d'annoncer qu'au mois d'Avril prochain Justice League Unlimited et Batman/Superman : World's Finest, deux séries écrites par Mark Waid partageraient une aventure commune en six parties (qui se terminera en Mai) : We Are Yesterday. Waid sera aux commandes, mais Dan Mora se contentera de signer les couvertures (qui seront connectées pour les trois premiers numéros).


Si je commence cette critique par là, c'est parce qu'à l'occasion de ce crossover, on découvrira, nous promet l'éditeur, qui se cache derrière l'organisation Inferno (mais également les origines de la Legion of Doom), qui est au coeur une nouvelle fois de cet épisode de Justice League Unlimited. Mark Waid a la patate et il compte bien prouver qu'à 65 ans il ne se repose pas sur ses lauriers.


C'est aussi la confirmation de deux choses le concernant : 1/ depuis son retour chez DC, le scénariste a retrouvé son mojo (avec pas moins de trois séries en cours actuellement : JLU, World's Finest et Batman and Robin : Year One, sans compter le retour de la mini Superman : The Last Days of Lex Luthor que Bryan Hitch a fini de dessiner).


Et : 2/ DC compte sur Waid, même si celui-ci ne se pose pas en architecte du nouveau statu quo (il semble d'ailleurs que l'éditeur ne confie plus à un seul auteur les clés de sa continuité, comme ce fut le cas avec Geoff Johns, Scott Snyder puis Joshua Williamson). Comme Waid s'appuie sur des artistes de première classe, il est à la fête.

Et ce regain de forme trouve sa forme la plus concrète dans Justice League Unlimited, parce que non seulement la série marque le retour de la Ligue des Justiciers donc, dans une formule très spectaculaire, mais surtout parce que ce titre semble quand même résumer la philosophie de DC All-In, littéralement une formule tout compris, intégrale de ce qu'est l'univers DC maintenant.

Pour la deuxième fois donc en trois mois, Inferno est au centre des problèmes de cette JLU, cette fois avec un incendie gigantesque qui dévaste la forêt amazonienne. Evidemment, impossible de ne pas penser aux feux qui ravagent actuellement la Californie, même si on se dispensera d'y voir une espèce de prophétie de la part de Waid (qui a dû écrire ce numéro il y a un moment, et aussi parce que ces catastrophes touchent régulièrement la région).

L'épisode abandonne sa formule done-in-one car il se termine sur un cliffhanger assez saisissant pour un personnage - c'est aussi pour cela que l'annonce du crossover We Are Yesterday d'Avril prochain prend tout son sens : ce qu'on nous raconte aujourd'hui s'inscrit dans la durée avec une échéance. 

C'est donc riche en action et si Waid convoque encore des personnages déjà là précédemment (Superman, Wonder Woman, Star Sapphire, Dr. Occult), il en appelle d'autres (Aquaman, Airwave,Stargirl, S.T.R.I.P.E., Shazam, Flash et surtout Zatanna - dont peut lire une preview de sa prochaine mini, qui démarre le mois prochain -et Xanthe Zhou, héroïne créée par Alyssa Wong et Haining dans la mini Spirit World de 2023).  

J'apprécie que le scénariste respecte le principe d'une Justice League qui ne se résume pas aux vedettes de l'équipe. D'autant que cela lui permet de ne pas perdre de vue le subplot concernant le traître dans les rangs de sa JLU : on ignore toujours ce qui le motive et/ou pour qui il fait ce qu'il fait, mais c'est très bien exécuté. Le lecteur a un temps d'avance (puisqu'il sait qui est le traître) sans tout savoir non plus.

Le mobile d'Inferno est formulé (la vengeance), mais il reste suffisamment flou quant à sa raison pour que même une grosse tête comme Mr. Terrific reste dans l'interrogation (et ce, même si ce dernier comprend quand même ce que cet incendie vise vraiment). C'est malin et franchement jubilatoire : dans le registre super-héroïque, JLU est une sorte de masterclass que feraient bien d'étudier des auteurs de la concurrence...

Et puis il y a Dan Mora. C'est un phénomène : si son absence du futur crossover peut étonner, il ne faut pas oublier que le garçon turbine sur deux mensuels simultanément (celui-ci et Superman), et actuellement c'est un des très rares à pouvoir assumer une telle charge de travail sans baisser en qualité. Et de la qualité, il y en a ici.

Certes, ce à quoi font face les héros ne relève pas de l'ordinaire (pas de baston homérique, pas de vilain à tabasser), mais Mora fait preuve de plus de lisibilité dans son découpage que sur le premier épisode où, avec une situation semblable, le résultat était nettement plus brouillon. 

Ces maladresses sont compensées largement par son aisance à s'approprier n'importe quel personnage, à lui donner des poses charismatiques, à intensifier les moments les plus dramatiques (cf. ce qui arrive à Dr. Occult). Là encore, on est gâté et surtout DC a de la chance de disposer d'un tel artiste - le seul à mon avis, en ce moment, à pouvoir animer un tel team book (même si Pete Woods sur Titans n'est pas en reste).

Ne croyez pas que le cas du Limier Martien soit oublié : Batman est à sa recherche. C'est une seule page mais elle est absolument magnifique. 

Je ne veux pas la jouer DC contre Marvel, mais force est de constater la supériorité artistique écrasante de l'éditeur aux deux lettres en ce moment sur le super-héros. Même dans le classique, comme ici, on a Waid, on a Mora, on a des héros qui ne font pas leur âge, on a des histoires captivantes, on a une production superbe. On a, en bref, tout ce qu'on a pas/plus chez Marvel. Tout simplement.

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