Avec la Bat-family, Batman met à l'abri des adolescents de la maison de correction visés par le tueur, mais, conscient qu'il ne peut les retenir, il les équipe de vêtements connectés grâce auxquels ils seront géolocalisables. Cependant, il apprend que le Pingouin a mis un contrat sur le tueur, ce qui a attiré à Gotham plusieurs mercenaires...
Si Tom Taylor fait comme sur Nightwing des arcs narratifs de cinq épisodes, alors ce troisième chapitre de Detective Comics marque un point de bascule dans l'histoire qu'il nous raconte, et c'est bien ce qu'on observe. Le tout est emballé avec la même maîtrise affichée par le scénariste depuis qu'il écrit le titre historique de Batman (d'ailleurs, sur la couverture on peut lire "Batman in Detective Comics" au cas où ça aurait échappé au lecteur...).
Il arrive souvent qu'un éditeur offre à un auteur une série comme un pari sur sa capacité à l'assumer. Je suis à peu près sûr que c'est ainsi que Tom King se vit proposer Batman en son temps, succédant à Scott Snyder au départ de l'ère DC Rebirth. Puis il arrive, plus rarement, qu'un auteur soit fait pour une série et c'est peut-être alors une évidence pour l'éditeur.
Je pense que c'est le cas pour Tom Taylor et Detective Comics : bien entendu, écrire Batman, c'est une promotion pour un scénariste, une consécration, la garantie d'être sous les feux des projecteurs (et des critiques !) mais aussi de signer pour un run assuré de bien se vendre car Batman reste le héros le plus populaire de DC. Après, donc, il faut assumer ce statut, s'en montrer digne aussi.
Dans le cas qui nous intéresse, c'est similaire à ce que fait Joshua Williamson sur Superman : Taylor ne semble pas impressionné par le défi qu'il relève, il ne se montre pas écrasé par l'ombre de Batman, qu'il aborde avec un regard frais et la volonté à la fois de lui faire honneur sans excès de déférence. D'où ce sentiment de lire une série dénuée de lourdeur.
Cet épisode vaut, en quelque sorte, surtout (mais pas que) pour l'affrontement tant attendu entre Batman et le tueur d'enfants, dont on apprend qu'il s'appelle Asema. Cette information est communiquée par le Pingouin qui a mis un contrat sur cet assassin et après que Batman ait interrogé un des mercenaires attiré par la prime.
On comprend qu'Asema est une femme à sa morphologie, mais n'allez pas croire qu'elle ne met pas en difficulté Batman. Leur combat est fulgurant, violent, et s'achève rapidement sur la défaite du dark knight ! Mais plus étonnant encore, cela va avoir des conséquences inattendues pour Bruce Wayne... Et sans doute pour toute sa Bat-family.
Car Taylor a l'intelligence d'utiliser les nombreux disciples de Batman dans son intrigue : d'abord pour assurer la sécurité des gamins visés par la tueuse, ensuite lorsqu'on apprend que tous, à commencer par Robin (Damian Wayne) mènent aussi leur enquête pour identifier le tueur. Taylor joue d'ailleurs avec nos nerfs, paraissant nous indiquer qui est cette méchante... Mais sans qu'on puisse en être sûr (cela semble trop évident pour être certain).
Il évoque à nouveau le passé de la compagne de Joe Chill, l'assassin de Thomas et Martha Wayne, dans une scène poignante. Comme dans tous les cas où un scénariste retconne les origines d'un héros, surtout aussi emblématique que Batman, on trouvera certainement à redire. Mais pour ma part, j'estime que Taylor s'y prend fort bien et ce qu'il ajoute là n'abîme rien - au contraire, elle donne du poids à la tragédie.
Mikel Janin, lui aussi, tient la grande forme. Son plaisir à redessiner Batman, et tout ce qui va avec, l'environnement urbain, les nombreux seconds rôles, l'action, mais aussi les personnages inédits créés pour l'occasion, est manifeste.
Comme désormais il assume dessin, encrage et colorisation, Janin maîtrise parfaitement sa narration graphique. Ses planches sont parmi les plus belles qu'il ait produites, avec un soin apporté à l'ambiance intense et tendue correspondant à l'histoire. C'est vraiment une renaissance pour l'artiste espagnol que DC a su relancer, au lieu de laisser végéter ou en le condamnant à dessiner des séries sans envergure.
On ne peut que se réjouir de la qualité de cette production, tout en notant bien qu'elle se confond avec un paquet de séries publiées par DC actuellement : Jim Lee n'a jamais été mon dessinateur favori, mais en tant que directeur créatif, ce qu'il accomplit aujourd'hui est tout de même impressionnant d'intelligence.
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